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Orsolya Elek & Gergely Timár : Starting Line

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Membre de l’équipe de L’Œil depuis avril, j’ai l’honneur de participer à l’exposition Starting line organisée àla Bibliothèque nationale de la Hongrie dans le cadre du Mois de la Photo de Budapest. L’exposition est née de l’initiative de Katalin Csillag, responsable du département photographique de la bibliothèque, et elle coïncide avec le dixième anniversaire de la faculté de photo de l’iniversité de Kaposvár, où j’ai fini mes études de licence. Elle présentera le parcours de Gergely Tímár et de moi-même, deux anciens étudiants de cette faculté, et représente la première édition d’une série d’expos visant à rendre visible le travail des jeunes photographes hongrois quittant ou non ce pays de l’Europe de l’Est encore in/méconnu.

Je suis née en 1986 à Budapest alors que le régime communiste d’U.R.S.S. y vivait ces derniers jours, mais personne ne savait encore combien il en restait. Notre famille de quatre membres venait de déménager dans un immeuble nouvellement construit dans un quartier anciennement industriel. C’était un appartement avec tout confort pour y installer une vie moderne : dans un immeuble qu’on appelle en France les HLM, nous vivions au 4e étage dans 4 chambres ; le bâtiment faisait partie d’une “cité” qu’habitaient les familles similaires à la nôtre. Mes parents et nous, les enfants, construisions des liens d’amitiés avec nos voisins.

Un jour, tout a changé : le régime politique, le discours idéologique, ainsi que les rapports humains. Notre famille, notre quartier, et toutes les vies se trouvèrent bouleversées — c’est ce que j’ai observé avec les yeux d’une enfant qui ne comprenait rien mais qui sentait beaucoup de choses. Ces expériences ont certainement contribué à la naissance d’une sensibilité en moi que je cherchais d’abord à explorer par la musique classique. La flûte, la trompette et le hautbois m’ont accompagnée jusqu’à l’âge de 19 ans, quand je passais mon baccalauréat franco-hongrois dans un lycée public au centre de Budapest.

La découverte de la langue et de la culture françaises venait rejoindre celle des arts plastiques : c’est au lycée que j’ai commencé à dessiner et à photographier. J’ai de ce fait poursuivi mes études universitaires dans le domaine des images : photojournaliste et designer graphique étant ma première formation, je suis venue en France en 2010 pour approfondir mes connaissances artistiques. J’ai en effet acquis mon master en Théorie et pratique de l’art contemporain et des nouveaux médias à l’UFR Arts, philosophie et esthétique de l’Université Paris VIII.

C’est depuis 2006 que j’expose régulièrement mon travail photographique ; j’ai eu l’occasion d’exposer à Paris pour la première fois en tant que lauréate de la catégorie Photographie du concours Canson Art School en 2013 (exposition collective à la galerie du 59Rivoli). J’ai ensuite présenté mon travail tout récent dans le café et espace culturel Bea’shka (Paris 3e), et j’aurai le plaisir de participer à l’exposition collective Le regard hongrois organisée dans le cadre d’un mois thématique consacré à la Hongrie en décembre à la Maison des jeunes et de la culture Fernand-Léger –MJC de Corbeil-Essonnes.

La contemplation silencieuse, la recherche du sens à travers le visuel et non à travers la parole ou le mouvement sont pour moi les approches les plus naturelles. C’est la raison pour laquelle je m’accroche à la création photographique, et plus particulièrement à celle de l’image argentique, où le processus de création prend encore son temps naturel, non-accéléré — bref, humain. Je m’intéresse surtout à la problématique du regard photographique : dans mes images, je cherche souvent à montrer le regard spécifique — regard à la fois singulier et collectif — qui donne naissance à l’image elle-même. Car notre regard est inévitablement chargé de l’héritage artistique et culturel, mais il est en même temps conditionné par les médias d’aujourd’hui.

La rencontre des espaces urbains et naturels a toujours été un sujet central de mon travail. J’ai notamment participé à l’exposition collective intitulé Urbanisation à la Galerie Kolta à Budapest en 2006, et j’ai abordé la question du regard dans mon travail de mémoire de licence en 2010 (série Watching People Watching Reality – Regarder des gens qui regardent la réalité, égalementprésentée dans cette exposition).

Cette série a été réalisée dans les différents quartiers de Budapest en 2010. Représentant le spectateur dans une posture solitaire contemplant des lieux quotidiens, ces images font émerger le côté surprenant du banal. J’ai cherché des zones urbaines souvent abandonnées, où la présence de la nature est plutôt marginale et où l’échelle humaine est également réduite, afin d’accentuer les qualités de l’espace construit et sa relation avec le vivant.

Les clichés créent finalement une ambiguïté sur ce qui est réel : le spectateur de l’image se confond avec le spectateur représenté sur l’image par leur acte de contemplation. Quand on essaie de saisir la vue originelle (des façades de constructions abîmées), on se rend compte qu’elle nous est présentée en deuxième main. Ce qu’on voit a déjà été regardé par la personne qu’on voit sur l’image. C’est ainsi que s’entrecroisent représentation et réel, regardé et être regardé.

À part des questions liées à l’espace construit (urbain), je m’intéresse également à notre environnement social (socio-politique), à la fois local et global. C’est dans cette optique que j’entends développer la série des portraits des jeunes intellectuels vivant loin de leur milieu natal (série en cours intitulé Portraits ; une autre approche de mon travail présenté dans cette exposition). J’ai ainsi photographié des Hongrois vivant à Budapest, mais nés sur len périphérie de la capitale hongroise ou en dehors de celle-ci ; et j’ai fait le portrait des jeunes gens nés loin de la France dans leur chez-soi parisien. De ce travail en cours émerge aussi un questionnement profond sur la France actuelle et le “rêve parisien”, en analogie avec l’American Dream, aspect que je souhaite approfondir par la suite de ce travail.

Passionnée par les questions liées à l’identité, je vise à exploiter la donation André Kertész dans le cadre d’un futur doctorat. En marge de mes préoccupations sur la recherche académique et la création photographique, je travaille en tant que webmaster, designer graphique et photographe indépendante.

 

EXPOSITION
Orsolya Elek & Gergely Timár : Starting Line
Jusqu’au 6 décembre 2014
Országos Széchényi Könyvtár
National Library
1827 Budapest Budavári Palota « F » building
Budapest
Hongrie

http://fotohonap.hu

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