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NOSOTROS, le voyage initiatique de Simon Vansteenwinckel 

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Que fait-on d’une double culture familiale ? On embarque les femmes de sa vie dans un combi VW et l’on part s’immerger tout au cœur des racines chiliennes de l’épouse. Une année entière, à suspendre sa vie sur la route des Andes, pour capter les rires des fillettes qui se fracassent contre la rudesse des paysages. Rattraper le passé aux croyances mystiques pour mieux vivre le futur, c’est le voyage initiatique de Simon Vansteenwinckel et sa famille, présenté en images noires et blanches. Un livre et une exposition à voir en Belgique.

« Carolina, mon épouse, est née à Valdivia, au Chili. Je suis Belge. Et nous avons eu ensemble trois magnifiques petites filles. Anna, Clara, et Elena. Ce 2 septembre 2014, nous partons tous les cinq pour un voyage d’un an au-delà des Andes, pour rencontrer la famille de Carolina, restée sur place, pour montrer à nos filles le Chili, leur demi-pays, pour découvrir ces gens qu’elles ne connaissent que par les récits, pour voir et regarder cette contrée lovée entre Pacifique et Cordillère, parsemée de volcans, de lagunes, tiraillée entre déserts et glaciers, nourrie par les histoires de leur mère et de leurs grands-parents. […] » Simon Vansteenwinckel.

Pourquoi avoir photographié votre voyage familial ?

Avant le départ, j’avais comme projet de réaliser sur place un reportage / documentaire en parallèle à notre voyage. J’ai fait pas mal de recherches sur différents sujets qui m’intéressaient au Chili. Puis, un ami photographe m’a conseillé de veiller à surtout bien profiter du voyage et de ma famille. J’y ai réfléchi et me suis dit que, finalement, le sujet de ce reportage devait être notre famille, nous. Je faisais d’une pierre deux coups et, surtout, je pouvais y travailler chaque jour du voyage.

À quelle nécessité vouliez-vous répondre ?

Je voulais répondre à ce besoin intense de sortir de chez soi pour aller voir le monde. La curiosité, donc. Mais aussi, partir rencontrer la famille de Carolina, mon épouse, que nos filles ne connaissaient pas, et découvrir ce pays inconnu qui faisait quand même partie d’elles.

Qu’avez-vous « abandonné » pour partir ?

Pas grand-chose, à part quelques certitudes.

Avez-vous le sentiment d’avoir été pleinement présent à votre famille, ou n’étiez-vous pas plutôt un témoin en retrait ?

On dit souvent que pour réussir à bien photographier d’autres personnes, il faut réussir à avoir leur confiance, qu’ils s’habituent à vous, jusqu’à oublier votre présence. C’est donc d’autant plus facile lorsqu’il s’agit de votre propre famille, les personnes les plus intimes et les plus proches. Au début, nos filles rouspétaient que je les prenne souvent en photos, et puis elles ont abandonné.

Avez-vous eu recours aux mots pour accompagner votre récit de voyage ?

Le livre est accompagné de quelques textes, l’un qui introduit le travail et l’autre de l’éditeur. J’ai toujours eu un peu de mal avec les travaux photographiques accompagnés de grands textes. La photo est un langage qui selon moi se suffit à lui-même. Une image parle. Si l’émotion passe, tant mieux.

À quelle distance du sujet se tenir ?

Selon moi, cela dépend de chaque image. J’aime souvent être au plus près. D’où l’utilisation de large focale. Mais parfois, le décor est aussi important que le sujet, et il faut se reculer et élargir son point de vue.

Quelle part du hasard dans vos images ?

Je crois beaucoup plus au hasard qu’au destin et je suis convaincu que chaque image est un petit cadeau que le hasard pose sur notre chemin. C’est le photographe qui doit réussir à saisir ces petits moment de grâce et s’arrêter sur telle ou telle chose. Après, on peut un peu forcer le hasard, par exemple en se déplaçant ou en attendant à un endroit que quelque chose se déroule.

Une photo manquée ?

Énormément. Toutes les photos que l’on n’a pas réalisées sont des photos manquées. Mais certaines images ratées restent gravées dans la mémoire. Il y a des images que je n’ai pas su faire pour diverses raisons que je vois encore aujourd’hui dans ma tête.

Comment éviter de regretter ?

En faisant les choses, tout simplement, avec humilité et sincérité.

Comment mettre en image l’impalpable ?

Je pense plutôt que tout est palpable. Tout dépend de la personne qui regarde.

Le plus dur dans l’aventure Nosotros ?

Incontestablement, le retour. Le plus difficile est de rentrer chez soi, revoir ses amis et sa famille, et se rendre compte que finalement rien n’a vraiment changé, alors que votre esprit bouillonne encore de découvertes et de rencontres.

Pourquoi le noir et blanc ?

Parce que la réalité est en couleur et que faire de la photo pour retranscrire la réalité ne m’intéresse pas. Le noir et blanc interprète, sublime les lumières et les ambiances et nous plonge dans une époque indéfinie. Il y a d’autres procédés pour arriver à cela, mais j’aime l’évocation, et aussi, le grain…

Quel compliment espérer ?

Le compliment qui me fait le plus plaisir c’est quand les personnes me disent avoir été émues, surtout par la représentation de la famille, notre famille, qui est selon moi plus importante que l’aspect voyage. C’est le voyage qui nous a réunis mais ce n’est pas le centre du sujet.

Quel sentiment domine maintenant ?

Une entière satisfaction. Le livre est pour moi la plus belle finalité du travail photographique et j’espère que nos filles s’y replongeront avec plaisir plus tard en y voyant la représentation de ce que l’on a vécu ensemble et de l’amour que l’on se portait à ce moment précis de nos vies.

 

Cilou de Bruyn

 

www.simonvansteenwinckel.com

Le livre

NOSOTROS
Simon Vansteenwinckel
2018
176 pages
17 x 24 cm
25.00 €

L’expo
L’image sans Nom
Place Vivegnis 6, 4000 Liège
Du 20 octobre au 10 novembre

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