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Musée de l’Orangerie : Qui a peur des femmes photographes ? 1839-1919

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Depuis le mois d’octobre, Paris accueille une grande exposition organisée par le Musée d’Orsay, l’Orangerie et la Library of Congress de Washington. Elle s’intitule « Qui a peur des femmes photographes ? » Organisée en deux volets, le premier sur les périodes 1839 et 1919 au Musée de l’Orangerie et le second entre 1918 et 1945 à Orsay, cette exposition a pour but de bousculer les idées reçues que la photographie était une affaire d’hommes. Il aura donc fallu une telle exposition institutionnelle pour prouver que les femmes ont joué, en tant qu’auteures et quel que soit leur profil, un rôle important dans l’histoire de la photographie mais également dans son évolution.

Au sein des deux expositions on explore la relation singulière et évolutive des femmes à la photographie, au travers de productions selon les contextes historiques et socioculturels de l’invention officielle du médium en 1839 jusqu’en 1945.

Le Musée de l’Orangerie se concentre sur les débuts de la photographie jusqu’à la première guerre mondiale.

Le parcours de l’exposition débute aux origines mêmes du médium, à travers la production de Constance Talbot, épouse de l’inventeur anglais de la photographie W. H. Fox Talbot et première praticienne de la nouvelle technique. D’Anna Atkins, auteure du premier ouvrage illustré de photographies (1843-1853), à Frances Benjamin Johnston et Christina Broom, pionnières du photojournalisme américain et anglais, non moins de 75 photographes seront réunies autour de figures d’artistes majeures telles Julia Margaret Cameron et Gertrude Käsebier. Que ces femmes aient oeuvré isolément ou pour certaines, déjà, dans une démarche collective, il s’agira de permettre au public d’aujourd’hui d’apprécier comment une tradition photographique longtemps marquée au sceau des normes du « féminin » s’est révélée, pour certaines auteures d’exception, comme une possible voie d’émancipation et de subversion.

Le parcours tend tout d’abord à faire comprendre comment la photographie a, dès le milieu du XIXe siècle, contribué à élever le niveau de sociabilité des femmes en favorisant leur insertion dans les espaces d’échange que constituent les premiers réseaux professionnels et amateurs de la photographie. Parce que l’apprentissage technique puis la pratique elle-même du médium n’étaient réglementés par aucune structure comparable à celles qui, dans les domaines de la peinture ou de la sculpture, restreignaient considérablement l’accessibilité des femmes, nombre de celles-ci ont été ou se sont senties encouragées à embrasser le nouvel « art industriel». Amenées selon leurs classes sociales à y voir principalement une source inédite de débouchés commerciaux ou le moyen d’assouvir un désir de créativité personnelle, toutes ont considéré sa pratique comme une occasion d’exister indépendamment des obligations domestiques et familiales et de se penser, puis s’affirmer, en tant que sujets regardants.

Questionnant l’interpénétration entre théâtre du genre et théâtre photographique, l’exposition met ensuite en valeur la prédilection des photographes pour l’exploration des territoires du « féminin », particulièrement notable à partir des années 1860 dans les registres du portrait et de la fiction. Il s’agit ici notamment d’examiner en quoi les représentations féminines, celles du sentiment maternel ou du monde de l’enfance, ont pu se nourrir à la fois de cette expérience sensible et propre à leurs auteures, et des potentialités photographiques de l’intimité vécue avec les modèles.

En miroir, les enjeux de représentation auxquels les femmes se sont confrontées en abordant le terrain de la différence sexuelle sont naturellement soulevés : poser un regard sur l’époux, le père ou le grand homme, proposer une vision du couple, questionner les identités sexuelles ou la représentation du corps nu masculin et féminin… autant de démarches photographiques qui impliquent plus que jamais un positionnement vis-à-vis du regard masculin, qu’il s’agisse de celui du modèle photographié, celui véhiculé par des siècles d’iconographie ou celui des spectateurs et critiques contemporains.

Le parcours s’attache enfin à déployer une forme inédite de positionnement, celle qui se répand au tournant du siècle à travers un phénomène croissant d’intrusion et d’implication, en tant que photographes, des femmes dans la sphère publique. Soutenu par l’idéologie progressiste de la New Woman anglo-saxonne, celui-ci signe, dès avant la fin de la Grande Guerre, l’abolition complète des frontières entre les territoires masculins et féminins du photographiable : praticiennes d’atelier mais aussi pionnières du documentaire et du photojournalisme partent à l’assaut de la rue, de l’ailleurs, des chantiers industriels et du front de guerre, deviennent à travers leurs images des actrices de la vie publique et politique.

EXPOSITIONS
Qui a peur des femmes photographes ?
Du 14 octobre 2015 au 24 janvier 2016

• 1ère partie 1839-1919
Musée de l’Orangerie
Place de la Concorde, Jardin des Tuileries (côté Seine)
75001 Paris
France
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 9h à 18h
http://www.musee-orangerie.fr

• 2ème partie : 1918-1945
Musée d’Orsay
1 rue de
la Légion d’Honneur
75007 Paris
France
Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 9h30 à 18h, le jeudi jusqu’à 21h45
http://musee-orsay.fr

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