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Moving Walls 22 – Watching You, Watching Me: A Photographic Response to Surveillance

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Pour affirmer son espace d’exposition comme un lieu de réflexion sur la photographie et la facon dont elle permet de rendre compte des enjeux du monde contemporain, l’Open Society Documentary Photography Project propose pour la première fois un commissariat thématique pour son exposition Moving Walls. L’espionnage n’est plus réservé au charmant espion nommé James Bond. Avec les nouveaux outils, drones, satellites et autres systèmes de sécurité disponibles, la masse d’images et de données sur les citoyens du monde est de plus en plus importante, accessible aux gouvernements comme au public. La surveillance est omniprésente, en toute paradoxalité.

Mishka Henner met en garde : « Le problème n’est pas le nombre d’images disponibles mais la façon dont on les appréhende. » Non sans humour, il revele la façon unique dont le gouvernement hollandais protège visuellement les sites déclarés importants – baraquements militaires, dépôts de pétrole et autre palais royaux. Sur Google View, il s’est attardé autour des zones stratégiques, transformées par un mauvais travail de retouche automatique en polygones multicolores, et a capturé dans la vue d’ensemble des paysages aussi absurdes qu’abstraits. Le gouvernement hollandais montre ouvertement qu’il cache, d’autres rendent accessibles leurs technologies a tous.

Andrew Hammerand n’a pas eu a attendre l’avis de Sa Majesté pour s’emparer de la caméra de surveillance installée dans un projet de developpement immobilier utopique du Mid-West américain et en explorer les possibilités esthétiques – un Leica contre une caméra CCTV. « La basse résolution, c’est le nouveau grain photographique », affirme-t-il. C’est la Nouvelle Ville (The New Town), dit le titre. Une ville observée, qui a quitté le monde de la science-fiction.

Tout est-il donc accessible, et a quel prix ?Mari Bastashevski enquete sur les compagnies de surveillance comme FinFisher, étudiant le paradoxe entre leur promesse et la nature meme de leur activité. Pour évaluer la vulnérabilité inhérente a la sécurité, elle investit les terrains qui lui valent des investigations. « It’s nothing personal », titre-t-elle, comme une excuse. Elle explore la limite entre le visible et l’invisible, entre ce qu’il est possible de voir et de cacher et comment la question affecte tous les individus en raison de l’angoisse qu’elle génere.

Voit-on quelque chose dans le flot d’images disponibles ? Hasan Elahi a posé la question directement au FBI, qui l’avait associé a une piste terroriste. « J’ai décidé de leur donner un coup de main », explique-t-il. Le coup de main a consisté a envoyer au Bureau 700 000 images de ses faits et gestes, des aéroports aux toilettes. Nul ne sait ce qu’ils y ont vu ni ce qu’ils ont vu d’autre, a chacun d’y voir ce qu’il peut.

Ce qu’un jeune adolescent Pakistanais a vu, c’est sa grand-mere tuée par un drone alors qu’elle cueillait des okras dans son jardin. Depuis, il n’aime plus les journées sans nuages – les journées ou le soleil brille, certes, mais ou le ciel est si bleu qu’y volent des drones. Equipé lui-meme de drones, Tomas Van Houtryve produit des vues aériennes inaccessible a l’œil humain dans lesquelles il développe un langage esthétique a part, fait de géométries et d’ombres projetées, évocation mêlée des maitres des formes comme Callahan et Moholy-Nagy et des photos aériennes réalisées pour des missions d’observation archéologiques, géologiques ou militaires depuis les années 50.

Ce sont les décades dans lesquelles s’est plongé Simon Menner en parcourant les archives de la Stasi et en choisissant d’en montrer les fetes burlesques des dirigeants, le langages des mains et les déguisements ostentatoires. Ces archives sont ouvertes au public et, comme beaucoup des images produites et disponibles hier comme aujourd’hui, elles ne seront jamais vues puisqu’elles ne sont pas destinées a être regarder. C’est l’idée de surveillance garantit le contrôle, pas les informations qu’elle permet d’obtenir directement. C’est le fondement des dictatures.

En commande pour le Wall Street Journal, Edu Bayer a saisi le phénomène quand il a eu accès, pour une demie heure et tout seul, aux anciens bureaux de surveillance de Khadafi, en Lybie, peu après l’effondrement du régime. Comme tous les photographes présentés, il juxtapose les processus de surveillance et leurs résultats. Josh Begley a décomposé le système d’archivage et de collection d’information de la NSA. Le dispositif est étourdissant de précision. Il n’empeche, il n’a jamais révélé aucune piste, note-t-il. Julian Roeder met en scène le système de surveillance des frontières européennes, Eurosur, pour mieux le décrypter. Paolo Cirio affiche en taille réelle dans les rues les passants capturés par Google Street View.

Avec des réponses radicales et variées, les dix photographes de cette édition de Moving Walls offrent un recul critique sur la surveillance. L’exposition thématique orchestrée par Yukiko Yamagata, Susan Meiselas et Stuart Alexander engage une refléxion sur le champ de la photographie documentaire et les moyens universels disponibles pour évaluer les enjeux contemporains. Et ce, comme le note Mari Bastashevski, tandis que ce mélange de géographies et de temporalités montre qu’il n’y a pas vraiment de différence entre la façon dont le pouvoir est géré en Orient et en Occident.

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