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MEP : Mari Katayama : Home Again

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Mari Katayama, gracieuses difformités.

En faisant de son handicap physique un terrain d’expérimentation artistique, la créatrice japonaise montre que toute sublimation est possible. Une exposition lui est dédiée à l’espace « Studio » de la Maison Européenne de la Photographie à Paris.

Depuis quelque temps, son visage de poupée tranquille intrigue collectionneurs et institutions culturelles, au point que son œuvre a connu un certain succès lors de Paris Photo 2019 et que la Fondation Antoine de Galbert a récemment publié un ouvrage avec une partie de ses images. Il faut dire que Mari Katayama a réussi à renverser toute la représentation habituelle que nous pouvons nous faire de l’infirmité physique en en faisant la pierre angulaire de son geste créatif, comme un possible rempart à la douleur de se voir différent des autres gens et de vivre un handicap qui fait de votre corps une enveloppe complètement à part.

Souffrant d’une maladie génétique rare, Mari Katayama a décidé à l’âge de neuf ans de se faire retirer ses deux jambes pour pouvoir se servir de prothèses plutôt que d’utiliser une chaise roulante.

Paillettes

 L’artiste se sert ainsi de ses membres amputées et de sa main en forme de pince de crabe pour poser en des autoportraits soigneusement composés. Sur certains, elle porte ses créations vestimentaires qui amplifient, magnifient et révèlent la particularité de sa stature, elle qui a été initiée très jeune à la couture par une de ses grand-mères et réalise des costumes étonnants, comme celui qui s’inspire des tentacules d’une pieuvre – animal marin hautement symbolique au Japon. Sur d’autres, elle semble volontairement adopter une pose suggestive, avec même un brin d’érotisme parfois et dont on ne sait pas s’il est sérieux ou doté d’une certaine ironie, mais qui dit en tout cas certainement combien cette jeune femme née en 1987 aspire à être désirée comme n’importe qui.

À la MEP, il y a aussi des photographies plus récentes exposées sur un même mur blanc et qu’elle a intitulées In the water. Ces grands tirages sans cadre et dont le papier photographique tombe comme des cascades sont des vues très rapprochées des jambes et des bras de l’artiste, recouverts de paillettes dorées, comme des paysages oniriques et fascinants qui peuvent susciter toute forme de rêverie.

Jean-Baptiste Gauvin

 

Mari Katayama : Home Again

3 Septembre 03 – 24 Octobre 24 2021

Maison Européenne de la Photographie

5/7 Rue de Fourcy, 75004 Paris

https://www.mep-fr.org/

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