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Dans la préface du nouveau livre Photographier le monde avec un drone, Ayperi Karabuda Ecer, éditrice photo, décrit l’impact des avancées technologiques à la source du mouvement de photographie aérienne réalisée avec des drones.

Prenez le temps d’observer les photos de vos parents et grands-parents accrochées au mur ou posées sur le piano ou la cheminée. Les sujets fixent le photographe, le regard droit devant lui. Et maintenant, projetez-vous dans un avenir où les membres de la famille ne regarderont plus « vers le photographe », mais « vers le ciel », immortalisés par un drone avec un matériel de prise de vue embarqué et programmé pour voler juste au-dessus de leurs têtes.

Depuis l’invention de la photographie, on n’a cessé de vouloir saisir les paysages du haut des airs. Les premiers clichés aériens, qui montrent les toits du Petit-Bicêtre, furent réalisés en 1858 par Nadar (Félix Tournachon) à bord d’un ballon planant à 80 mètres de haut. Ce sont les précurseurs d’une collection de photographies prises depuis le ciel signées Nadar, dont les célèbres vues de l’arc de triomphe de l’Étoile datant de 1868.

Depuis ces images pionnières, la photographie aérienne a considérablement évolué, toujours dans l’idée de « rassembler les pièces du puzzle », de présenter des vues panoramiques des environnements que nous habitons avec un souci croissant du détail. Elle cherche constamment à fournir de nouvelles perspectives visuelles et à montrer l’immensité de nos habitats urbains et naturels, tout en nous faisant comprendre que nous sommes les seuls responsables de leur conservation.

Pendant longtemps, la photographie aérienne fut une discipline onéreuse et exclusive, nécessitant un matériel sophistiqué et coûteux ainsi que de vastes compétences pour dresser le portrait d’espaces inexplorés et exotiques. Aujourd’hui, grâce à la démocratisation des technologies de l’image, le ciel est devenu accessible à presque tout un chacun. Le développement de la photographie par drone, pratiquée par une communauté de professionnels et d’amateurs, qui voient et montrent le monde autrement, a changé la donne.

À la différence de la photographie aérienne traditionnelle, les drones ne donnent pas uniquement la possibilité de voir de « plus haut » et « en grand » ; ils peuvent aussi s’approcher du sujet pour mieux l’appréhender, le suivre et c’est ce qui les rend ambivalents. À l’instar d’Internet, ils offrent en effet des opportunités inégalées de découverte, d’accès et de liberté, mais aussi de puissants moyens de surveillance et de destruction.

Parallèlement à l’évolution fulgurante des drones de combat, l’utilisation à des fins stratégiques des images prises par drone par les armées et les gouvernements est en train de se généraliser, souvent dans l’intention de planifier ou de renseigner des campagnes de destruction. Récemment, une équipe russe a lancé un quadricoptère pour surveiller la ville antique de Palmyre, prise en 2015 puis démolie par l’organisation État islamique : sidérantes, les séquences filmées ressemblaient plus à une pub touristique qu’à un documentaire d’information.

Par ailleurs, de nouvelles pratiques professionnelles voient le jour dans de nombreux domaines – reportage télévisé, photographie sportive, immobilière, touristique, évènementielle et sous-marine, recherche écologique, interventions des ONG après une catastrophe naturelle, etc. Cette technologie aérienne exploite aussi nos penchants narcissiques en nous donnant la possibilité de faire des « dronies », l’équivalent aérien des « selfies », mais à une échelle radicalement différente. Dans ces images, l’échelle visuelle entre le photographe et le contexte, l’environnement, est mise à l’honneur.

Dronestagram est le premier réseau social à donner aux amateurs et aux professionnels l’opportunité de partager les photos et les vidéos réalisées avec leurs drones. Grâce aux membres provenant des quatre coins du monde, et qui postent quotidiennement de nouveaux clichés, le nombre d’images visibles est en constante augmentation.

Fondé en 2013, en partenariat avec Guillaume Jarret, par le Français Éric Dupin, un passionné de la première heure, avec l’objectif de procurer une banque d’images en ligne aux photographes de drones, Dronestagram est devenu le site de référence en matière de photographie aérienne par drone. Il organise à ce titre divers concours, dont le prestigieux Concours international de photographies par drone National Geographic/Dronestagram.

Photographier le monde avec un drone, réalisé en collaboration avec les photographes de Dronestagram, présente l’immense variété de leurs travaux, dont beaucoup sont encore inédits. Professionnels ou amateurs, tous ces pilotes de drones ont choisi le ciel pour célébrer et explorer leurs perspectives visuelles. Ce fut une véritable aventure d’opérer une sélection représentative de ce que recouvrent les termes « photographie par drone » dans ce corpus iconographique d’une infinie richesse.

Ayperi Karabuda Ecer

 
Ayperi Karabuda Ecer est éditrice en photographie documentaire et a été Vice Présidente du département images chez Reuters, rédactrice en chef chez Magnum Photos Paris, et présidente du jury de World Press Photos. Ce texte est extrait de Photographier le monde avec un drone, édité par Ayperi Karabuda Ecer.

 

Photographier le monde avec un drone
Publié par E/P/A
29,90 €
http://www.editionsduchene.fr/livre/photographier-le-monde-avec-un-drone-7344470.html

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