Rechercher un article

Les histoires de Douglas Kirkland, assistant d’Irving Penn

Preview

À l’occasion de l’exposition Irving Penn : Centennial au Metropolitan Museum de New York, nous vous proposons une interview avec Douglas Kirkland, un éminent photographe, qui parle ici de son expérience en tant qu’assistant d’Irving Penn.

Comment êtes-vous arrivé à travailler pour Irving Penn et à quelle période ?

Lorsque je travaillais dans la photographie commerciale dans un petit studio photo à Richmond en Virginie, l’un de mes collaborateurs directeur artistique m’a fait connaître le travail d’Irving Penn et j’ai été tout de suite fasciné par ce que j’ai vu. C’était tout à fait différent de ce qui avait été exposé précédemment à Buffalo et à Richmond. Penn a travaillé dans tous les formats, du 8×10 à 35 mm au 8×10. Il a photographié des boissons et des aliments en mouvement à l’aide de puissantes lumières stroboscopiques. C’était pour moi une révélation complète et mon rêve était de travailler avec lui. Je lui ai envoyé une série de lettres et, finalement, à la troisième, il a répondu en disant qu’il n’avait pas de place libre, mais m’a invité, si je venais à New York, à l’appeler et à visiter le studio au 80 West 40th Street, dans le centre-ville de Manhattan en face de la Bibliothèque de New York. Un jour, dans le cadre de mes vacances, j’ai décidé d’aller à New York et de tenter de le rencontrer.

Il a été très gentil, a regardé mes photographies, et après m’avoir dit qu’il n’y avait pas de travail pour moi, il a réfléchi un instant et a dit : « Et bien, peut-être, nous pouvons avoir quelque chose pour vous, un de nos assistants doit aller à l’armée pour six mois, vous pourriez peut-être à ce moment-là ? » C’était en août 1957 et, en novembre, j’avais déménagé à Far Rockaway (plages de Brooklyn) avec ma femme et mon fils Mark. Je prenais le métro pendant une heure et demi le matin pour me rendre chez lui et le soir le dernier train pour rentrer à la maison. J’étais payé 50 $ par semaine et à l’époque, à New York, ce n’était déjà pas simple. Mais j’étais avec Penn et j’ai appris rapidement. L’une des raisons pour lesquelles Penn m’a embauché était que je pouvais imprimer de la couleur type C, technique que j’avais appris dans un studio à Buffalo et qui était nouveau à l’époque.

Quels genres de travaux a produit Penn lorsque vous étiez son assistant ?

J’ai été très chanceux parce que je l’ai vu s’atteler à de nombreux styles de photographies. Il travaillait avec n’importe quelle taille d’appareil. Les éditeurs de Vogue venaient avec les plus beaux modèles de l’époque. Je n’avais jamais vu de tels arbres de Noël décorés de roses fraîches. Même s’il avait été très sollicité auparavant, le travail était alors plus lent et même Penn s’inquiétait de ses dépenses, sentant « le loup qui était à la porte ».

Quelle était le travail préféré de Penn ? Pouvez-vous donner une brève description d’une séance particulièrement mémorable ?

Il y a eu un voyage mémorable en Floride pour les pages promotionnelles de Life Magazine. Je me suis proposé de conduire et j’ai emmené ma femme et mon fils Mark. Ma mère qui habite à Fort Erie au Canada est venue aussi. Penn a tout accepté, mais j’ai dû m’y rendre à mes frais. Nous sommes partis dans un cabriolet Ford rouge et beige de 1955 ! L’essence coutait en moyenne vingt-cinq cents le gallon (3,7 litres) à cette époque. Je me souviens de la femme de Penn, Lisa Fonssagrives, qui était moins que ravie de notre motel : « The Silver Sands » à Key Biscayne. Je pensais que c’était splendide.

Qu’avez-vous appris de Penn qui vous a aidé à réussir en photographie ?

Son influence est énorme. Je me suis amélioré grâce à lui. J’ai appris à me sentir à l’aise, me familiariser avec tous les formats photographiques, et j’ai appris à traiter avec les clients et les éditeurs. Je pense qu’avoir passé seulement six mois avec Penn a totalement changé le cours de ma carrière et je savais dès lors qu’il fallait revenir vivre à New York si je voulais être au sommet dans ce milieu.

Je veux vous raconter une histoire supplémentaire : Penn avait deux studios, un pour la lumière stroboscopique et un pour la lumière du jour. Il y a une « légende urbaine » qui entoure un assistant particulièrement zélé qui une fois a nettoyé les grandes fenêtres nord de lumière au studio de Penn quand Penn était en voyage, avec le sentiment qu’il avait fait scintiller le verre. Lorsque Penn est entré, sa réaction a été de dire : « Il a fallu des années pour les rendre suffisamment sales pour obtenir la bonne diffusion … » Eh bien, ce jeune assistant était Douglas Kirkland !

Propos recueillis par Patricia Lanza

Patricia Lanza est directrice du contenu à l’espace Annenberg pour la photographie à Los Angeles et ancienne éditrice et photographe chez National Geographic. Elle vit et travaille à Los Angeles, aux États-Unis.

 

Irving Penn: Centennial
Du 24 avril au 30 juillet 2017
The Met, Gallery 199
1000 5th Ave
New York, NY 10028
Etats-Unis

Http://www.metmuseum.org/

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android