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Léo Caillard

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Né en 1985, Léo Caillard est un photographe digital native dans toute sa splendeur : techniques digitales, mise en doute du réel, prédominance du sens, importance du partage et de la diffusion… ses questionnements esthétiques nous proposent de regarder le monde et sa contemporanéité.

D’où vient ta photographie ?
L. Caillard : Je suis un photographe de la génération  » numérique », j’ai connu et apprécié l’argentique mais mon regard sur le monde s’est construit dans une société entièrement consacrée au digital. Le premier appareil que je me suis offert fut le Canon 300D, premier appareil reflex numérique « grand public”, il y a presque 10 ans. Ma photographie intègre donc le digital comme l’une des étapes créatives fondamentales de l’image. J’apprécie la retouche photo, du simple traitement des couleurs aux montages plus complexes, mais ce rapport au digital va plus loin et s’insère dans la réflexion même de ma photographie. Par ailleurs, j’aime le nouveau rapport au temps proposé par les outils numériques : internet, la rapidité et la multiplicité des contenus, la diffusion des images, leur renouvellement permanent… Je m’amuse à mélanger le passé et le présent dans mes images avec pour idée de donner du sens à notre époque actuelle. Photographier des paysages intemporels, ou bien des musées, est pour moi une grande source d’inspiration.

Quand a lieu l’instant décisif pour toi ?
L. C :
L’instant décisif a lieu quand il s’efface de lui même. Quand le temps disparaît. Lorsque la scène qui se présente à mes yeux impose sa vérité sur le monde. La Photographie est un travail de patience.

Qu’est-ce qui a inspiré ton travail ?
L. C : Bien qu’appréciant évoluer dans différents univers photographiques, le fil directeur de mes séries est une recherche autour de la notion du temps. Ma série des paysages a été construite en panoramique dans le but d’inciter le regard à avoir une lecture de gauche à droite, avec un « début » et une  » fin », à l’inverse du format carré. Ensuite, le choix des scènes photographiées à différents endroits du globe ainsi que la relative distance au sujet amène une perte de repère temporel. C’est une recherche sur la contemplation brute du monde, sans attache particulière à un évènement. Un simple regard sur différents espaces naturels et citadins. Pour revenir à l’origine de cette inspiration sur le temps, il faut remonter loin dans l’enfance, lorsque passionné par le ciel et les étoiles, je m’imaginais un jour devenir Astronaute… Un rêve qui m’aura finalement mené à la photographie : une recherche de « L’espace temps parfait ».

La publicité que tu aimerais faire ?
L. C :
Des images pour EDF – GDF m’inspirent car elles traitent souvent le paysage avec finesse et parle de l’empreinte humaine. Sur un autre registre une annonce pour Levi’s ou une marque de vêtements qui oserait sortir de l’imagerie classique. Je n’ai pas de limite précise sur le sujet car la publicité est un univers surprenant de créativité. C’est l’avantage de travailler en équipe avec des créatifs qui m’amènent souvent à aller plus loin dans l’image et c’est un challenge que j’ai toujours plaisir à relever.

Quelles sont les tendances photographiques actuelles selon toi ?
L. C : Un vrai retour à l’image naturelle s’opère. On appréciait « l’effet retouche extrême » dans les années 2000-2005, des retouches jouant du photo-montage où la photo s’approchait presque de l’illustration. De grands photographes se sont faits connaitre dans ce type d’esthétique au travers de campagnes qui ont marqué les esprits mais l’effet est un peu passé. Aujourd’hui, on apprécie toujours autant le montage mais on cherche à l’amener de manière réaliste, à y ajouter du sens. Avant tout une photo doit faire passer un message, elle ne peut se réduire à un effet de style. De plus, la vague Polaroid et les Instamatics de nos smartphone nous ramènent à une esthétique « brute » et « vintage » de l’image qui se retrouve un peu dans la tendance actuelle à un niveau bien entendu plus grand public. Du Photo-montage très bien géré qui ressemble à une « vraie » photo volée au SmartPhone ! C’est un peu l’idéal de ce qui pourrait se faire actuellement.

L’expérience du monde a incroyablement changé, sa représentation a évolué, le numérique devient-il selon vous essentiel à l’esthétique photographique contemporaine ?
L. C : L’expérience du monde a en effet incroyablement changé et ce sujet est au cœur de ma Photographie. Je pense qu’un artiste se doit d’utiliser toutes les techniques représentatives de son époque. Tout comme l’Huile a incroyablement transformé l’esthétique en peinture lors de son arrivée dans les ateliers, je pense que le numérique ouvre de nouveaux terrains d’expression qu’il serait dommage de ne pas explorer. Dans mon cas, étant donné que je traite de la question numérique, il me semblait essentiel d’utiliser l’ensemble de ces techniques.

Né en 1985, Léo Caillard se destine à des études scientifiques jusqu’à ce qu’il découvre la photographie à 16 ans. Le déclic est instantané, et tandis qu’il passait son temps à observer le ciel, son appareil photo ne le quitte alors plus pour capter le monde qui l’entoure. Diplômé de l’école des Gobelins en 2008, il commence par assister de grands noms de la photographie en France et à l’Etranger, puis s’installe une année à New York. Son esthétique, mêlant paysage épuré et retouche numérique créative, invite le spectateur à une réflexion entre la réalité et la fiction qui occupent ses images. Photographe de campagnes publicitaires pour différents annonceurs, ses travaux personnels sont aussi régulièrement diffusés sur internet et dans la presse. De plus en plus présent dans le milieu de l‘art, plusieurs expositions sont à venir en 2013, avec notamment sa présence nouvelle dans différentes foires internationales.

Propos recueillis par Séverine Morel

REPRESENTATION
LGA London Paris – http://www.lgalondon.com

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