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Le mois international de la photographie à Moscou PHOTOBIENNALE 2016

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La quête d’identité – tel est le thème principal qui lie les projets des photographes russes et étrangers présentés par le Musée des arts multimédia de Moscou dans le cadre du XIe mois international de la photographie à Moscou Photobiennale-2016.

Certains auteurs recherchent leur identité dans l’histoire de leur famille. Le projet La Soupe des renards du célèbre artiste et photographe Pascal Colrat est une minutieuse reconstitution des événements dramatiques survenus dans sa famille en 1935. Notons que la plupart des photos s’accompagnent de l’histoire de leur création  et de ce fait le projet de Colrat, c’est aussi l’histoire de ce que signifie « être photographe » et nous fait comprendre les aspects les plus importants de cet art, selon lui.

Jana Romanova se tourne également vers l’histoire de sa famille. Le titre de son projet, Chvilichvili, se traduit littéralement par «le fils du fils» et parle des liens de filiation comme source d’inspiration nouvelle dans la quête de sa propre identité. Plus largement, l’auteur s’interroge sur la valeur des photos de famille, sur la famille en tant qu’institution dans le monde d’aujourd’hui et sur la façon dont les liens de parenté sont préservés par les familles, séparées par des frontières entre pays ou par des événement familiaux tragiques.

D’autres photographes trouvent nécessaire de sortir du cadre de la famille pour retrouver leur identité. Ce phénomène est lié en grande partie au vide d’auto-identification survenu après la désintégration de l’URSS. Elizaveta Tchoulantseva dont le projet est présenté par l’Ecole de photographie et multimedia Rodchenko (atelier de Valerie Nistratova) utilise les règles « de la photo pour l’album de famille » pour nous faire découvrir l’histoire d’une rue de Russie, tandis que Lucia Ganieva nous offre un voyage nostalgique dans le temps de son enfance, représenté par le village de Kuvady. Egor Zaïka définit la notion de « Patrie » en nous montrant de nombreux objets-basculeurs, communs à tout une génération, qui nous transportent instantanément dans les années 80 – 90 du XXe siècle. Ils sont connus de tous ceux qui ont vécu à l’époque de pénurie totale dans les magasins soviétiques et rappellent des souvenirs qui constituent selon lui notre représentation collective de la Patrie.

Alexandre Verevkine essaie de comprendre ce qu’est la patrie de façon empirique. Se basant sur la carte de notre pays que tout le monde connaît, il va pédaler dans un champ avec son vélo pour retracer le plus fidèlement possible la forme de la Russie en suivant ses frontières tandis que la caméra fixée au guidon enregistre toutes les péripéties de ce voyage de deux heures.

Andrei Ivanov, archéologue de mégapole moderne, dirige son appareil photo sur les slogans anonymes situés à la périphérie du discours politique d’aujourd’hui. L’internationalisme officiel de l’époque soviétique ayant subi une défaite au moment de la désintégration de l’URSS, il est remplacé par des concepts monosyllabiques opposés, glorifiant l’identité nationale et faisant souvent appel à des idéologies archaïques qui ont depuis longtemps fait faillite.

Les projets Donbass, La forêt et Zelenograd sont des expéditions folkloriques, entreprises par l’étudiant de l’Ecole Rodchenko de Moscou Dmitri Staroussev dans le but de découvrir « le génie du lieu ».

Ekaterina Mamontova est aussi une étudiante de l’Ecole Rodchenko, élève d’Igor Moukhine. Elle étudie les divers escapismes accessibles à l’homme d’aujourd’hui dans sa tentative de surmonter l’isolement et la solitude. C’est à cela que sont consacrées ses séries  Folk summerFest  et  Mosh.

Le photographe français Thierry Bouët tente de découvrir l’individualité des personnes à travers les objets qui leur appartiennent. C’est ce que nous raconte sa série  Affaires privées où il rassemble les gens qui vendent par internet les objets les plus incongrus, tels un ancien chateau, des trophées remportés par des chiens, un cercueil jamais réclamé par le client ou un jeu incomplet de verres à pastis.

Dans son nouveau projet  On joue ?  Maria Ionovna Gribina superpose les portraits d’enfants avec leur arme-pour-jouer préférée ainsi que les pubs des magasins en ligne qui vendent ces jouets. Sans imposer son opinion, l’auteur permet au spectateur de décider de lui-même ce qu’il ressent lorsqu’il voit des enfants maniant ces armes accompagnées de pubs allécheantes du genre : « C’est à force de jouer à la guerre que les gamins deviennent des hommes véritables », ou « les mitraillettes à viseur à laser feront la joie de vos petits ».

Polina Muzyka dont le projet est présenté par l’Ecole de la photographie et des multimedia Rodchenko de Moscou (commissaire Serguei Bratkov) décrit les réactions perversives des gens en période de crise. L’une d’elle est le picacisme –la tendance à manger des substances non comestibles ou à ingérer avec plaisir des aliments trop épicés. Ce phénomène est une réaction au stress qui se développe non seulement chez l’enfant mais aussi chez l’adulte.

En réponse à la crise idéologique, Génia Mironov propose de se tourner vers la recherche d’une nouvelle visualité. Selon lui, pour provoquer le spectateur et changer sa façon de voir, il faut changer sa propre perception, se détacher de la manière « normative », unidimensionnelle de voir le monde autour de soi.

Arnold Veber, diplomé de l’Ecole Rodchenko (atelier d’Igor Moukhine) cherche au moyen de procédés purement techniques comment conserver l’identité de l’information visuelle même dans les plus mauvaises conditions. Il prouve dans son projet « 16 couleurs » que dans le milieu numérique nous dépendons moins de la perception de l’information qu’on a l’habitude de le croire. Souvent nous avons assez du seul titre ou de la preview pour saisir le principal. Le caractère tramé de l’image permet à Veber de manier la dimension en l’augmentant à son gré tandis que la faible résolution de ces images permet de garder et de transmettre le gène informationnel même si la liaison internet est mauvaise.

Tout au long de la semaine L’Oeil de la Photographie va vous présenter quelques unes des expositions issues de la manifestation proposant soit des artistes russes, soit des artistes internationaux.

Programme des expositions :

• Pascal Colrat – La Soupe des renards
Commissaire d’exposition : Anna Zaïtséva
Avec le soutien de l’ambassade de France en Russie et de l’Institut français en Russie

• Jana Romanova – Chvilichvili
Commissaire d’exposition : Anna Zaïtseva

• Genia Mironov – Coucher de soleil cru, Arts plastiques japonnais
Commissaire d’exposition : Anna Zaïtseva

• Elizaveta Tchoukhlantseva – L’Histoire du général Safiouline
Commissaire d’exposition : Nina Lévitina
Projet présenté par l’Ecole de la photographie et des multimédias Rodchenko de Moscou

• Egor Zaïka – la Patrie
Commissaire d’exposition : Nina Levitina
Avec le soutien de Master Card Villes Inestimables

• Alexandre Verevkine 2,31 metres à la seconde
Projet présenté par le Musée des arts multimedia de Moscou et la fondation PhotoDepartement de Saint Petersbourg

• Andrei Ivanov : Indice d’identité
Commissaire d’exposition : Anna Zaïtseva
Projet présenté par le Musée des arts multimedia de Moscou et la fondation PhotoDepartement de Saint Petersbourg

• Maria Ionova Gribina – On joue ?
Commissaire d’exposition : Anna Zaïtseva

• Lucia Ganieva – Kuvady
Commissaire d’exposition : Anna Zaïtseva
Projet présenté par le Musée des arts multimedia de Moscou et la galerie Schilt, Amsterdam

• Ekaterina Mamontova – Mosh, Folk Summer Fest
Commissaire d’exposition: Igor Moukhine
Projet présenté par l’Ecole de la photographie et des multimedia Rodchenko de Moscou

• Arnold Veber – 16 couleurs
Projet présenté par l’Ecole de la photographie et des multimedia Rodchenko de Moscou

• Dmitri Staroussev – Expédition folklorique. Partie I: La forêt. Partie 2: Zelenograd, Donbass
Commissaire d’exposition : Serguei Bratkov
Projet présenté par l’Ecole de la photographie et des multimedia Rodchenko de Moscou

• Thierry Bouët – Petites annonces
Commissaire d’exposition : Sam Stourdzé
Projet présenté par le Festival international Rencontres photographiques d’Arles

INFORMATIONS
http://www.mamm-mdf.ru/en/

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