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Lawrence Schiller Talks to Elizabeth Avedon

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La vie de Lawrence Schiller a été plus remplie que nombre d’autres. Photojournaliste couronné de réussite, Schiller s’est fait un nom grâce à ses photographies de Marilyn Monroe, réalisées pour la plupart sur le plateau de son dernier film resté inachevé, Something’s Got To Give (1962). Auteur à succès, producteur et réalisateur de films, il a collaboré avec Norman Mailer à The Executioner’s Song, ouvrage récompensé d’un prix Pullitzer. Il a gagné cinq Emmys, et un documentaire qu’il a réalisé a remporté un Oscar.

Pour l’anniversaire des 50 ans de sa tragique disparition, le festival de Cannes 2012 avait pris pour thème Marilyn Monroe – une occasion parfaite pour Taschen Books de lancer le Marilyn & Me : A Memoir in Words & Photographs (Marilyn et moi : Mémoire en mots et en photographie, coffret de 210 pages, 1000 dollars), à l’ouverture de l’exposition de Schiller à Cannes. Le 31 mai, cette dernière se déplacera à la galerie Steven Kasher à New York, pour son premier show solo aux États-Unis. Y sont présentées plus de cinquante images somptueuses de Marilyn Monroe par Schiller – certaines viennent juste d’être découvertes dans ses archives. Marilyn & Me, son onzième livre, sera publié simultanément, dans deux éditions, par Taschen et Nan Talese avec Doubleday. Des épreuves annotées de la main de Marilyn seront présentées pour la première fois.

J’ai pu parler avec Schiller juste avant qu’il ne parte pour Cannes. Un ami me l’avait décrit ainsi : pour une part Weegee (champion de l’auto-promotion) ; pour une autre, un homme d’affaires redoutable ; et pour la plus grosse part, Hunter S. Thompson (Las Vegas Parano).

EA: Quel effet ça faisait d’être en présence de Marilyn ?
LS: Au premier abord, j’étais terrifié. J’avais 23 ans, je sortais tout juste de la fac. Je l’avais vue en couverture de Time Magazine pendant mes études. J’avais déjà photographié des célébrités comme James Stewart, Lee Remick et Julie Newmar pour Life, mais je n’avais jamais été confronté à quelqu’un qui avait été photographié par tous les photographes du monde.

Je compris vite que Marilyn en savait plus sur la photographie que moi. Elle avait déjà connu tant de choses dans sa vie. Le photographe hongrois Andre de Dienes avait vécu avec elle en permanence pendant 5 ans. Il lui avait tout appris.

Vous la mettiez devant un appareil, et elle savait exactement ce qu’elle devait faire. Quand Dick Avedon l’avait photographiée, il avait fait ces portraits intimes d’elle, et elle avait rendu toutes les autres femmes du monde transparentes ; elle savait comment poser. Je pense qu’elle savait être différente pour chaque photographe. Elle se réinventait selon qui lui faisait face. Elle était très vivante, en permanence. Elle pouvait se fabriquer l’apparence qu’elle désirait.

EA: Comment le livre Taschen a-t-il vu le jour ?
LS: J’ai décidé de faire ce livre en juillet dernier et j’ai commencé à sortir les images des archives. J’ai écrit 30000 mots, Benedikt Taschen a lu mon texte et a accepté de le publier. Je lui ai dit : « Un livre à 1000 dollars ne va pas être un best-seller, je veux prendre le texte et le publier à part sous la forme d’un mémoire. » Cela n’avait jamais été fait : le même texte, le même titre, deux livres publiés le même jour ; l’un à mille dollars, l’autre à 20. Il m’a répondu : « Si tu arrives à convaincre un éditeur de faire ça, parfait. » Alors j’ai envoyé le texte à Nan Talese et elle a dit : « Nous voulons publier ce livre ». Le livre pour Nan Talese (Nan A. Talese / Doubleday / Random House) comprend juste douze photos grandes comme des timbres-postes, mais c’est principalement du texte. Le livre TASCHEN mélange texte et photos.

EA: Existe-t-il des images de Marilyn qui n’ont pas encore été imprimées ou développées ?
LS: Je pense qu’il existe probablement des photos inédites d’elle quelque part. Par exemple, pour le nouveau livre, il y a au moins trente images qui viennent de la séance pour Look Magazine. Je n’exagère pas, jusqu’à l’année dernière, je n’avais jamais vu ces photos depuis le jour où le film avait été envoyé au magazine, et que Marilyn avait approuvé les épreuves. Maintenant, je les découvre et je vois cette image, la première que j’ai jamais faite d’elle. Cette image n’a jamais été publiée ; elle est en couverture du livre de Talese. Elle vient d’une planche contact où elle a rayé toutes les images exceptée celle-ci. Pendant que je la photographiais, elle m’a dit : « Tu n’auras jamais une bonne image depuis cette angle. Mets-toi là-bas où la lumière est meilleure et je te montrerai ce qu’est une belle image. » Ensuite elle s’est tournée, et voilà.

EA: Aviez-vous une quelconque idée de l’importance qu’allaient prendre ces images ?
LS: En ce temps-là, si vous vendiez une photo qui faisait une couverture pour mille dollars, c’était beaucoup d’argent ; un tirage dans Life pour six ou sept mille dollars, c’était énorme. Alors quand j’ai fait quelque chose comme 80000 dollars de ventes pour une séance d’une journée, c’était probablement l’un des plus gros cachets de tous les temps. Si vous avez l’exclusivité, vous contrôlez le marché. À l’époque, je considérais les photos comme un produit, pas comme de l’art. Je n’ai jamais vu les images de Marilyn comme quelque chose d’artistique.
J’ai fait une photo de Marines s’entraînant pour le Vietnam, à Coronado. Ils sont dans la boue et la boue est figée autour d’eux, ils ressemblent à des statues. Elle a plu à de nombreux musées qui m’ont demandé des impressions. Je les leur ai tout simplement données ; je ne savais pas que je pouvais les vendre.
J’étais tellement éclectique ; j’étais partout à la fois. Si vous faîtes tout le temps la même chose, alors vous vous construisez une image de marque ; que vous soyez Mapplethorpe, Neil Leifer, ou n’importe qui, vous vous bâtissez une réputation. Je faisais de tout ; je n’ai jamais construit mon image. J’avais trois Dieux en photographie :Yousuf Karsh, W. Eugene Smith et Dick Avedon.

Parfois je faisais tellement de clichés que les films étaient envoyés non développés aux magazines. Maintenant que je commence à regarder en arrière, je dirais que je n’ai pas vu 80 à 90 pour cent de ce que j’ai photographié. Pour moi, la question était : « Qu’est-ce qui est impossible à faire, et comment est-ce que je vais le rendre possible ? »

J’ai été critiqué pour mes méthodes. Prenez l’affaire O.J. Simpson, dans laquelle je me suis impliqué. J’ai accepté d’écrire le livre de Simpson, qui a aidé à payer sa défense. Je savais que ça allait assombrir mon image, mais je savais aussi que j’allais obtenir quelque chose que personne d’autre ne pourrait avoir. Bien sûr, j’ai suivi le procès de l’intérieur, je suis devenu un membre non officiel de la défense. Et quand le verdict a été rendu, j’ai écrit le livre American Tragedy qui est devenu un énorme best-seller. Le New York Times et d’autres ont dit que c’était le meilleur livre consacré au procès. Je l’avais suivi du dedans, je pouvais écrire à son sujet avec une grande confiance.

Je pensais que j’étais un très bon technicien. Techniquement, je pouvais réussir n’importe quoi, peut-être que Mark Kauffman était plus fort que moi, et Ralph Morse était un génie chez Life, mais j’étais quasiment imbattable. Mais on ne m’a jamais donné l’occasion de faire de longs reportages.

Dans beaucoup de cas, tout tournait autour de l’exclusivité. J’ai réussi à monter dans un avion pour Rome avec Madame Nhu [Première dame du Sud Vietnam de 1955 à 1963] après que son mari soit mort assassiné et j’ai acheté les droits pour 50000 dollars. Je n’ai pas demandé la permission du Saturday Evening Post. Je savais juste que c’était une histoire que personne d’autre n’aurait, et que ça valait cette somme.

Quand Bob Jackson a réalisé la fameuse image de Jack Ruby tirant sur Lee Harvey Oswald, je suis allé au siège du journal, et j’ai vu l’impression sortir de la chambre noire. J’ai demandé « Qui détient les droits magazine pour le monde ? » « Personne » m’a-t-on répondu. Immédiatement, j’ai dit « Les droits presse – c’est différent des droits magazine. Qu’est-ce que vous diriez de 10000 dollars ? » Et c’est comme ça que j’ai récupéré les droits magazine de cette photo. C’est une combinaison entre le Schiller photographe, et le Schiller homme d’affaires.

Elizabeth Avedon

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