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Jean-Christophe Béchet – Frenchtown, La ville s’endormait et j’en oublie le nom

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« La ville s’endormait
Et j’en oublie le nom
Sur le fleuve en amont
Un coin de ciel brûlait
 »

Cette chanson de Jacques Brel m’a hanté pendant mon séjour à Corbeil-Essonnes. Dans son ultime disque, elle se trouve au côté du morceau « Orly », étrange coïncidence, non ? C’est peut-être à cause d’Orly et de Brel, que j’ai tout de suite vu Corbeil-Essonnes comme une ville mystérieuse et romanesque où règne une douce et inquiétante étrangeté. Son nom semble familier mais sa géographie reste une énigme. Corbeil-Essonnes est un peu nulle part, la ville flotte dans un entre-deux indéfini, ni vraiment pauvre, ni vraiment résidentielle, ni enclavée, ni désenclavée, ni industrielle, ni désindustrialisée…

 

Au fil de mon séjour et des multiples errances (j’ai parcouru à pied l’intégralité de la commune), Corbeil-Essonnes m’est apparue comme une ville typiquement et fondamentalement française. Une France contemporaine en miniature, autant sur le plan architectural qu’humain. À chaque visite, je me sentais en voyage, j’avais l’impression d’être un touriste étranger, un anglo-saxon qui avait face à lui une french town d’aujourd’hui. Pourquoi ce sentiment ? Je ne saurai l’expliquer de façon rationnelle ou scientifique, c’est un ressenti visuel avant tout. À Corbeil-Essonnes, avec mon appareil photo, j’avais l’impression d’être dans un film de Claude Chabrol, là où l’on sent vibrer au quotidien une réalité française. J’ai aimé les rives de la Seine, l’élégance des cygnes sur le fleuve et le ballet incessant des camions sur l’Apport Paris. J’ai aimé la mélancolie de façades somptueusement abandonnées et les vestiges du passé industriel. J’ai aimé l’atmosphère du marché et les bars, autour, qui animent régulièrement le centre-ville. J’ai aimé les différents climats qui se sont succédé, la neige, la crue de la Seine, les brouillards matinaux, les dimanches ensoleillés et les fins de journée depuis le pont de l’Armée-Patton. J’ai aimé parler avec ceux qui se promenaient dans les nombreux parcs, qui promenaient leur chien ou venaient nourrir, chaque soir, les canards. Mes photos sont la chronique d’une année d’observation, elles témoignent de ce qui fait vraiment, je crois, l’identité d’un territoire. À Corbeil-Essonnes, j’ai travaillé comme un écrivain, un écrivain visuel… Loin des faits divers et des soubresauts de l’actualité, dans ce temps long qui, seul, permet de saisir les petites traces fugaces du quotidien et d’en faire un récit authentique. Sans oublier que la photographie ne montre jamais la réalité, ou la vérité, mais une idée du réel. Et c’est déjà beaucoup…

 

 

Jean-Christophe Béchet – Frenchtown, La ville s’endormait et j’en oublie le nom
Festival Photographique l’Œil Urbain
5 avril – 19 mai
Commanderie Saint-Jean
Corbeil-Essonnes

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