Rechercher un article

James Welling, Chronology

Preview

La galerie Marian Goodman à Paris présente pour la première fois une exposition du photographe conceptuel James Welling.

Si depuis ses débuts, James Welling a expérimenté toutes sortes de procédés (Polaroids, tirage argentique, jet d’encre, photogramme, chimigramme, etc.) et des compositions abstraites, c’est à l’étude de la couleur qu’il s’attache depuis une dizaine d’années avec le même appétit pour l’expérimentation. Comme l’exposition le montre de manière éclatante. Avec la série New Flowers d’abord, des photogrammes montés à partir de négatifs multiples : une vision joyeuse et hallucinée qui introduit son rapport complexe à la variété chromatique. « À mesure que je suis devenu sensible aux couleurs non naturelles, j’ai pris conscience qu’elles n’étaient pas artificielles – c’est juste que je ne les avais pas remarquées. Le fait d’être en harmonie avec la couleur m’a mené à penser qu’en réalité nous voyons plus de couleurs que nous en percevons normalement. Je crois que d’une certaine manière j’essaie de libérer la couleur », précise-t-il. Des harmonies de couleurs fondues que l’on trouve dans la série Dégradés, et qui rappellent les toiles de Rothko. Ou l’abstraction poussée à son comble.

C’est au sous-sol, cependant, que l’éblouissement devient total. Les compositions psychédéliques de Choreograph sont centrées sur la danse, l’architecture et le paysage. Elles sont construites à partir de trois photographies noir et blanc superposées colorées ensuite en rouge, vert et bleu (RVB). On ne sait pas ce qui dynamise davantage l’image : le mouvement élégant et musical des corps, la structure énigmatique ou la surprise du résultat chromatique à la fois très travaillé et inattendu. Pour Meridian, il a pris des photographies dans une imprimerie à Rhode Island et altéré ensuite les couleurs du fichier numérique. Le résultat, captivant, est un mélange de teintes sourdes et vives qui accentuent et révèlent les machines, la mécanique de l’impression, et donc, son rapport à la photographie. Dans la crypte enfin, Seascape son dernier travail vidéo, est un montage de séquences filmées par son grand-père en 16 mn : un paysage marin, la nostalgie d’un souvenir familial, un moment suspendu… Et des pièces qui concilient du même coup la vie et l’œuvre de James Welling, dont le père travaillait dans une imprimerie, et qui a pratiqué la danse, la peinture, la sculpture, la vidéo – il étudie entre autres à Cal Arts, dans la classe de John Baldessari dont il est ensuite l’assistant de 1973 à 1974 et qui, de l’aveu de l’artiste, aura une grande influence sur sa pratique – et la performance avant de s’emparer de la photographie en autodidacte.

La galerie Marian Goodman ouvre au même moment une librairie pointue, de l’autre côté de la rue du Temple, dans l’espace d’exposition de laquelle sont montrés certains des premiers travaux de James Welling : des Polaroids fascinants des années 1970 dont la couleur est altérée, ou créée, par la chaleur ou le froid auxquels il les a soumis ; une Glass House lavande ; les petits bijoux que sont ses Los Angeles Architecture and Portraits, des capsules temporelles dans lesquelles on retrouve les amis californiens, Matt Mullican, David Salle, Ericka Beckman ou Laura Hawkins. Et Hands (1975/2016), de très beaux tirages négatifs de photogrammes de ses mains, inspirés du travail de Moholy-Nagy. « En photographie, je distingue les photogrammes des images prises avec un objectif. Le modèle pour les images obtenues avec un objectif se fonde sur une conception de l’image héritée de la Renaissance tandis que le photogramme est l’ombre d’un objet sur une surface photographique », dit-il. Ou la genèse des travaux récents. La boucle est bouclée : « J’ai aimé la notion de ventriloquie, l’idée que le vocabulaire de la photographie puisse exister indépendamment du sujet, que je puisse insuffler ma voix dans la photographie, ou bien qu’une photographie puisse parler d’elle-même. Toutes ces dimensions ont été très importantes », explique James Welling en conversation avec le critique d’art américain Hal Foster. En ce moment, en parallèle de l’exposition chez Marian Goodman, le Stedelijk Museum voor Actuele Kunst (S.M.A.K) de Gand lui consacre une grande rétrospective (James Welling. Metamorphosis, jusqu’au 16 avril).

Anne-Claire Meffre

Anne-Claire Meffre est une journaliste spécialisée en photographie qui vit et travaille à Paris, en France.

 

James Welling, Chronology
25 janvier au 2 mars 2017
Marian Goodman Gallery
79 Rue du Temple
75003 Paris
France

http://mariangoodman.com

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android