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Go d’Abidjan –Eliane de Latour

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Eliane de Latour a photographié pendant plus de deux ans les prostituées des ghettos d’Abidjan. Elle raconte dans un livre sa rencontre avec les filles et leurs « maris », les proxénètes en nouchi (français de rue d’Abidjan). Sa première photographie, elle l’a prise en croisant le regard de Nafissa : « Je te trouve jolie, est-ce que je peux te prendre en photo ? Je te la donnerai après. ». Quand elle revient le lendemain, Eliane de Latour raconte « un groupe de go se précipite pour s’arracher les images. Elles me demandent toutes de poser. Ma place est trouvée. Photographe. Moi qui ne sort jamais un appareil sans projet précis !». Eliane de Latour se bat aujourd’hui pour récolter des fonds qui serviront à scolariser et médicaliser 40 des filles rencontrées.

Sophie Hedtmann: Vous êtes avant tout cinéaste, parlez nous de votre expérience avec la photographie?

Eliane de Latour : La caméra a des contraintes de temps, il y a une pression sur le tournage, une construction qui amène à faire entrer les personnages filmés dans ce temps-là. La photographie, sauf si c’est aussi une commande, n’a pas pour moi les mêmes contraintes. Je ne suis pas photojournaliste. La photographie me laisse énormément de temps et il y a un retour immédiat. Je peux montrer l’image et cette même image sera vue ensuite dans une exposition ou un livre. Pour les go, j’ai commencé par les portraits, j’ai cherché la beauté de chaque fille, une beauté à laquelle elles ne croient plus; j’ai recontextualisé ces portraits. Ces photos ont un impact sur la représentation d’elles-mêmes. Ces filles ont un orgueil et une force intérieure. Les séances de pose étaient empruntes de douceur.

Sophie Hedtmann: Qu’est ce qui vous a amené à Abidjan ?

Eliane de Latour : La première fois, c’était pour faire un film sur les enfants de rue. Je travaillais depuis très longtemps sur les personnes qui sont derrière une frontière, que l’on refoule. C’est une série de hasards qui m’a amené à Abidjan et une fascination pour la langue de la rue, le nouchi.

Sophie Hedtmann: Il vous a fallu beaucoup de force pour réaliser ce travail ?

Eliane de Latour : Je n’ai pas l’impression…Dès qu’on a le lien humain, la confiance, tout devient facile. Il faut réfléchir à quelle est sa position dans ce lieu-là pour pouvoir être reçu et donner. C’est un échange. Il faut être sensible et rusé pour trouver la bonne place. C’est la première photo qui m’a donné ma place pendant 2 ans.

Sophie Hedtmann: Vous racontez dans votre livre comment vous avez pu convaincre les filles d’exposer leurs photos.

Eliane de Latour : Il fallait convaincre les proxénètes que j’allais faire quelque chose pour les filles plus que pour eux. Ils ont accepté, ils rançonnent, mais pour eux ce sont des pauvres filles, ils sont dans la débrouille, elles sont dans la honte.

Eliane de Latour, Go de nuit
96 pages / Quadrichromie / 15 €
Format : 18,2 X 16,8
Commande par e-mail : [email protected]
Lalibrairie.com
ISBN 978-2-9540339-0-7

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