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Gilles Peress : Whatever You Say, Say Nothing – Trahisons

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Text par Chris Klatell

Le plus long essai d’Annals of the North plonge dans l’histoire mystérieuse et cinématographique de Denis Donaldson, l’ami le plus proche de Gilles dans le Nord dans les années 1980.

Denis, un fidèle républicain, présent à la renaissance de l’IRA au début des années 1970, ami de Bobby Sands et de Gerry Adams, s’est révélé plus tard être à la solde des renseignements britanniques depuis le milieu des années 1980. Après vingt ans passés à devancer le père fouettard, ce sont ses propres agents des services de renseignement qui l’ont finalement démasqué, publiant avec méchanceté un avis sur sa porte d’entrée indiquant que son statut serait divulgué à la presse. Denis a cracher le morceau au Sinn Féin, puis a couru à Dublin et a avoué publiquement lors d’une conférence de presse télévisée surréaliste. Quatre mois plus tard, il mourut d’une mort brutale, solitaire et inévitable dans sa cabane dans le Donegal.

La figure de l’informateur, le rabatteur, plane sur l’Irlande. Dans le Nord, pendant les Troubles, n’importe qui, n’importe où, pouvait être un informateur – dans un taxi–, au téléphone, dans les clubs et les bars, aux matchs de football, chez soi avec des amis. N’importe qui, n’importe où. C’est pourquoi quoi que vous disiez, il vaut mieux ne rien dire.

Gilles était déjà enclin à douter de tout, même de la perception ; que quelqu’un avec qui il avait passé tant de temps, avec qui il avait tant parlé, qui l’avait introduit dans tant de situations, espionnait pour les Britanniques, ajoutait une couche d’instabilité supplémentaire à la mémoire et à l’histoire.

La photographie est aussi un informateur, un agent de trahison. Une photographie valable contredit toujours le sens qu’elle prétend transmettre, laissant échapper des vérités tout en forçant à remettre en question et à re-questionner sa compréhension de la réalité. Une photographie est Denis Donaldson. Et Denis Donaldson est une photographie.

On ne sait pas pourquoi Denis a trahis. Nous ne le saurons peut-être jamais. Ce n’était peut-être pas une chose. Mais nous soupçonnons qu’à un moment donné, il a décidé qu’il pouvait déjouer tout le monde, qu’il pouvait trahir, doubler, tromper et échapper en quelque sorte aux roues de l’histoire. En ce sens, il est l’anti-héros de notre histoire. Peut-être aussi l’anti-héros de notre temps.

Chris Klatell

 

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