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Entretien avec Audrey Turpin

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Audrey Turpin est la coordinatrice générale du festival Circulation(s) et membre co-fondatrice de l’association Fetart. Aujourd’hui, Audrey répond à nos questions sur l’ouverture de la 4e édition, son tout récent déménagement du parc de Bagatelle au 104, et sur les enjeux et les problématiques économiques d’un événement qui œuvre pour la jeune photographie européenne.

Fetart inaugure aujourd’hui la 4e édition du festival Circulation(s). Quel regard portes-tu sur l’évolution du festival ?
Le festival suit l’évolution des jeunes artistes. Nous sommes un miroir de la jeune photo européenne, nous ne nous interdisons rien, des sujets les plus difficiles aux plus anecdotiques. Nous sommes de plus en plus rodées, mais nous avons toujours la même fraîcheur de regard et une vraie liberté de ton.

L’un des changements majeurs de cette nouvelle édition est votre déménagement du parc de Bagatelle au 104. Qu’espères-tu de ce nouvel lieu d’accueil pour l’événement ?
Nous sommes particulièrement heureuses d’être invitées à exposer dans cet endroit qui nous ressemble, d’être à l’est de Paris, qui est notre quartier, et surtout d’être intégrées dans la programmation de ce lieu de culture populaire au sens noble du terme. C’est un espace vivant et plein d’énergie, comme nous ! L’accès est facile en métro, c’est ouvert et surtout, il y a énormément de jeunes qui vont pouvoir venir au festival et voir ces images.

Peux-tu nous parler de l’édition 2014 ? Quel est l’axe artistique et éditorial que vous recherchez dans le choix des sujets sélectionnés ?
Comme chaque année, nous avons lancé un appel à candidatures européen et reçu plus de 1 000 dossiers. Au total, entre la sélection du jury, la Carte blanche de notre parrain Xavier Canonne, l’école et la galerie invitées, 44 photographes investissent le 104 avec des expositions, des projections et des installations. Qu’ils se placent du côté de la fiction ou de l’intime, de la fable ou de l’humour, leurs visions s’entrecroisent pour nous raconter notre monde avec ses blessures et ses absurdités. À travers les sémillantes pom-pom girls de Todd Antony, les objets détournés du collectif danois Put Put, le quotidien des Afghans racontés par Sandra Calligaro ou le difficile sujet de l’inceste traité par Virginie Plauchut, nous cherchons à montrer l’éclectisme et la diversité de la jeune photographie européenne.

Cette année, vous avez fait financer votre catalogue grâce à une plateforme de crowdfunding (qui a été une vraie réussite en passant). Mais cela veut-il aussi dire que même après 3 ans d’existence, il reste difficile de faire financer un événement culturel photo à Paris ?
C’est malheureusement le cas. Nous sommes portées par notre énergie, par notre action bénévole, mais nous souffrons de ne pas avoir un mécène pérenne. Nous avons perdu nos trois plus gros partenaires privés cette année et manquons de soutien des ministères et de l’Europe. Nous sommes très fragiles et nous avons un budget dérisoire par rapport aux autres manifestations dédiées à la photographie en France. Notre objectif est de parvenir à financer un ou deux emplois à l’année et d’assurer la pérennité de l’évènement. L’arrivée au 104 est une opportunité magnifique pour nous, mais elle induit également de nouveaux coûts, notamment au niveau des installations scénographiques.

Quels sont vos principaux partenaires financiers ?  
La région Ile-de-France nous assure un soutien financier depuis le début de la manifestation. La Mairie de Paris nous accompagne également. Nous n’avons pas d’autres subventions publiques. Concernant les partenaires privés, Leica nous a rejoint dans l’aventure et nous espérons qu’ils resteront à nos côtés pour plusieurs années.

L’Europe au cœur de vos motivations : arrivez-vous à briser les frontières et à développer un réseau européen à travers les 28 pays qui la constitue ? Ou est-ce encore difficile ?
Développer un réseau européen est long, mais pas difficile. Nous y travaillons depuis le début du festival et nous constatons une vraie volonté de partage et d’échanges lorsque l’on noue des contacts. Notre objectif est de créer des passerelles avec des structures dédiées à l’image en Europe (école galerie, festival, institutions…). Nous invitons chaque année des festivals européens à être partenaires, et ils sont 7 à ce jour  : Lódz Fotofestiwal (Pologne) / Encontros da Imagem de Braga (Portugal) / Fotografia Europea de Reggio Emilia (Italie) / In Focus, Vilnius (Lituanie) / Biennale internationale de la photographie et des arts visuels de Liège (Belgique)/ Belfast Foto Festival (Irlande) / Format Festival (Royaume-Uni). Ces manifestations assurent la diffusion de notre appel à candidatures dans leur pays et sont membres du jury. Ils présentent également chaque année au sein de leur programmation une projection de l’édition de Circulation(s). Nous invitons aussi à chaque édition une école et une galerie à nous proposer deux artistes.  Cette année, ce sont la Belfast School of Art, University of Ulster (Irlande), et la Galerija Fotografija à Ljubljana (Slovénie). Enfin nous essayons — autant que nos finances nous le permettent — de nous déplacer dans des festivals européens. Rien ne remplace une rencontre.

Quels sont les moments à ne pas rater ?
Le vernissage bien sûr, qui a lieu demain de 15 h à 20 h ! Mais aussi la projection-débat organisée le samedi 22 février à 16 h avec la Maison du Geste et de I’Image, les « traditionnelles » lectures de portfolio les samedi 8 et dimanche 9 mars de 11 h à 19 h, les Fetart Academy le samedi 15 mars, que nous lançons à l’occasion de Circulation(s) et qui ont pour vocation d’aider les photographes à mieux connaître le milieu pro de la photo et, enfin, le finissage avec  une projection et une présentation du magazine The Eyes.
Et bien sûr Circulation(s) dans le métro puisque cette année, grâce à la RATP, nous avons la chance d’exposer les photographes du festival dans 16 stations !

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