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Dinard revisitée par Kate Barry et Jean Rolin

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« Je suis venu au monde à Dinard, dans le cours de l’année 1953, pendant la projection d’un film d’actualités – celles-ci légèrement différées – illustrant le couronnement de la reine d’Angleterre. Par un phénomène extrêmement rare, et que je ne m’efforcerai pas d’éclaircir, je suis né de ma grand-mère (ma mère, qui vivait alors au Congo, étant dans l’impossibilité de me donner le jour à Dinard), et âgé déjà de plusieurs années : peut-être trois ou quatre, j’en ai perdu le compte, et d’ailleurs je n’attache personnellement aucune importance à ces détails. En revanche, il n’est pas indifférent de savoir que le couronnement d’Elizabeth II fut le premier spectacle qui s’offrit à moi, dans cet état de nouveau-né – je me souviens encore, aussi nettement que si j’avais été présent sur les lieux de la cérémonie, des merveilleuses robes à balconnet que portaient en cette circonstance sinon la reine elle-même, du moins ses demoiselles de compagnie –, ou qu’en première partie du même programme figurait un documentaire sur « La vie dans les grands étangs ». Car toute mon enfance, et dans une moindre mesure les étapes ultérieures de mon existence, devait être placée sous le double signe d’une anglophilie malaisée – tant il y a de la difficulté à éprouver une prédilection pour cette nation qui de son côté nous méprise – et d’un goût prononcé, bien que non exclusif, pour la faune aquatique : les oiseaux en particulier, mais aussi les poissons – au cours de mes premières années, j’ai pêché plus de perches et de brochets, à la cuiller ou au vif (mais surtout au vif) que la plupart des hommes pendant toute la durée de leur vie –, les batraciens, et tout ce qui s’ensuit. Il convient également de noter que du point de vue de ma grand-mère, et peut-être d’autres personnes de mon entourage, je fus envisagé dès ma naissance, au moins par intermittence, comme la possible réincarnation de celui de ses enfants (un officier de marine) qu’elle chérissait le plus, et qui venait de trouver la mort en Indochine. »
Jean Rolin

Diplômée de l’école de la Chambre Syndicale de la Haute Couture Parisienne à Paris, Kate Barry se lance à vingt-huit ans dans une carrière de photographe. Sa première exposition a lieu à la Bunkamura Gallery de Tokyo en 2000. Suivent une exposition intitulée Portraits-Paysages à la galerie Léo Scheer de Paris en 2005 puis, en 2006, dans la Basilique de Sant’Alessandra à Fiesole en Italie. Elle collabore à divers magazines et revues de mode, et a réalisé de nombreuses campagnes de publicité.

Né en 1949 à Boulogne-Billancourt, Jean Rolin a passé son enfance entre la Bretagne et le Sénégal. Son œuvre, qui se construit ici et ailleurs, fait alterner romans et récits. Il a publié une vingtaine d’ouvrages, dont L’Organisation (Gallimard, prix Médicis 1996), L’Explosion de la durite (2007) et Un chien mort après lui (2009), tous deux chez POL. Trois de ses textes ont été publiés en Petite Vermillon, en 2010 et 2011 : Journal de Gand aux Aléoutiennes, La Ligne de Front et Campagnes.

Dinard – Essai d’autobiographie immobilière
Jean Rolin et Kate Barry
Editions de la Table Ronde
ISBN : 2710368536
64 pages – 20 €

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