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Deborah Turbeville –Unseen Versailles

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Dans le cadre du Mois de la Photo 2012, la galerie Serge Aboukrat, au coeur de Saint-Germain-des-Prés, présente la photographe américaine Deborah Turbeville, depuis trop longtemps absente de la scène artistique parisienne. Pour l’occasion, c’est un ensemble d’une soixantaine de clichés réunis sous forme d’installation et sous l’intitulé Unseen Versailles qui seront présentés.

Si Deborah Turbeville est une incontournable photographe de mode, elle l’est aussi dans son travail personnel, en développant une façon singulière d’insuffler et d’instiller à ses images une histoire propre, des auréoles de mystère, de mélancolie, de romantisme. Cette « Amoureuse du temps passé » eut comme précepte de ne « jamais chercher à ressembler aux autres ». Avec Unseen Versailles, né en 1980 d’une commande de Jacqueline Kennedy-Onassis avec pour consigne d’évoquer « le sentiment qu’il y a des fantômes et des souvenirs », elle livre une oeuvre pictorialiste remarquable où ses modèles alanguis dans une douce violence semblent ignorer l’espace de leur confinement.
Au travers de ce travail si personnel et singulier, certains se plaisent à reconnaître la trace de son pygmalion, Richard Avedon, … ou encore d’Edgar Degas, comme se plaît à le souligner avec admiration David Hamilton.
Deborah Turbeville retravaille ses clichés (tout comme un écrivain son manuscrit, un cinéaste son story-board) qui sont alors consciemment dégradés, artificiellement abîmés. Elle gratte, scotche, épingle… pour donner l’illusion de tirages anciens et par là même, générer encore plus de mystère. Ses compositions sont autant de manières de donner une vision littéraire de la mémoire. Personnages enfermés dans leur solitude, aux regards d’exilés qui, sans espoir, s’ignorent, réfutant le passé pour mieux appréhender le présent. En dégageant une atmosphère empreinte d’une forme d’érotisme, chaque photographie est une invitation à un voyage délicat. Une « tristesse qui part du passé et s’étend dans le futur ».

« C’est une étude de pièces sans fin, cachées et inhabitées et de formes passées et obscures qui les hantent encore. Des silhouettes inanimées s’entassent dans ces pièces sans plus d’importance que les autres objets et déchets décatis : des épingles à cheveux, des feuilles d’arbres, des lettres, des documents, des chaussures, des animaux, des perruques, des masques, des jupons, témoins fugitifs… si fragiles qu’une fenêtre ouverte pourrait les anéantir. On pourrait imaginer des voix (pareilles à certains oiseaux sauvages) inaudibles depuis si longtemps que l’ouï ne peut pas se référer à aucune tonalité humaine pour y reconnaître des mots.
Finalement ces chambres ont cessé de hiérarchiser entre la matière en déterminant qu’une narration traite les reliques du passé de la même façon.
Le spectateur en est conscient, par une esquisse au crayon doux, rehaussée occasionnellement par une gouache de couleur, là sur une bouche, là sur un fil de jupon, là dans la nuance subtile d’une perruque. Tous ces objets évoquent une époque révolue où la vie était présente. Mais le passé s’enfuit… Il demeure un instant…. Retournez-vous et regardez vite.
»
Deborah Turbeville

Deborah Turbeville est une photographe de mode américaine, née en 1938 à Boston, Massachusetts. A l ‘âge de 20 ans, elle part à New York où elle travaille avec la designer Claire McCardell. De rédactrice de mode, elle passe rapidement derrière l’objectif, place qu’elle occupera toute sa vie.
En travaillant pour les magazines comme Vogue dès les années 1970, elle a marqué la photographie de mode par ses mises en scènes étranges et hors du temps et le grain de ses images qui la rapprochent de la photographie d’art.
Son style est remarquable par ces ambiances vaporeuses qu’elle crée dans ses images, d’une couleur quasi-paradisiaque, où l’intemporel flotte. Ses clichés élégants et distingués ont introduit une esthétique étrange, hors du temps, rare et insoupçonnée dans le milieu de la publication. Ils tendent à faire passer les modèles pour des apparitions de souvenir où fiction, rêve, fantasme métamorphosent le désir de s’échapper de la réalité. Dans des lieux supposés abandonnés, poussiéreux, ruines et miroirs fêlés, propices aux mises en scène de Deborah Turbeville.
Première femme photographe à travailler pour Vogue, où grâce à Richard Avedon, la décrivant comme « un véritable événement dans le monde de la photographie », en fit sa protégée. Elle s’imposa comme photographe et artiste tant elle avait un style particulier, une vision originale. Son reportage sur les « Bikinis dans une cimenterie » Alexander Liberman, directeur de Condé Nast, le qualifie comme « le plus révolutionnaire du moment ». Mais c’est son reportage de mode « The Bathhouse » qui la rend célèbre.
Aujourd’hui, elle vit entre Mexico, New York, Paris et Saint-Pétersbourg où elle enseigne la photographie.

« Unseen Versailles » de Deborah Turbeville
Du 17 octobre 2012 au 31 janvier 2013
Galerie Serge Aboukrat
7 place Furstemberg
75006 Paris – France

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