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Davide Interrante

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Lumières et ombres de la Sicile

Ces photos ont été prises dans des contextes et des périodes différents, mais toujours en Sicile. À Palerme ou à quelques kilomètres de celle-ci.

Je ne suis pas un photographe qui travaille pour des projets et, par conséquent, j’apporte avec moi les limites et les avantages d’être un autodidacte et un éternel amateur. D’un côté, les limites de ne pas avoir une idée ou un thème spécifique à suivre et à développer, de l’autre, les avantages de la liberté. Mes prises de vue sont le fruit de l’instinct, de la suggestion, de la séduction de l’ombre et de la lumière, des appels conceptuels qu’offre l’observation critique du monde réel. Mes choix sont guidés par un regard nourri d’expériences culturelles, physiques et émotionnelles. Mon moyen d’expression, ce sont les pieds. Mon guide est le hasard. La caméra n’est que le registre.

Cependant, malgré le caractère aléatoire, chaque image finit inévitablement par trouver sa place dans une séquence ordonnée et cohérente d’autres plans, tous liés par une seule pensée unificatrice.

En fait, j’ai trouvé dans le matériel que j’ai collecté pendant une décennie la présence d’un fil conducteur qui lie toutes mes photographies par groupes formels et conceptuels.

Ce que j’expose aujourd’hui avec ce travail, ce sont treize images qui représentent ma vision d’un échantillon de la réalité sicilienne. Le regard d’un Sicilien sur la Sicile, avec lequel j’essaie de sublimer et de recodifier, à travers une recherche esthétique, une façon d’exister, de souffrir, de penser et de mourir qui est celle de tous ces peuples, comme le mien, capables d’embrasser le blanc, le noir et toutes les nuances de gris de la vie, sans jamais perdre leur identité.

Le blanc de la lumière, le noir de l’ombre, les gris d’un équilibre entre les deux. C’est ainsi qu’est le Sicilien, désespérément pris entre deux extrêmes, entre lesquels il oscille, sans jamais être pris par l’un ou l’autre. La Sicilienne a toujours fait de l’incohérence et de la contradiction une vertu. Une vertu qui lui a permis de s’adapter à toutes les circonstances, des plus tragiques aux plus heureuses, sans jamais rien prendre pour acquis, conscient de la précarité de tout état ou condition.

Cette façon d’être a historiquement permis au peuple sicilien d’accueillir l’étranger comme un frère, un membre de la famille, et de partager les lumières et les ombres de son humanité, dans un échange fluide et diurne de soi avec l’autre.

Un étranger qui arrive toujours de la mer, après des voyages désespérés. Des êtres humains souvent ramassés par d’humbles pêcheurs qui bravent les intempéries avec leurs filets, pour vivre de cette petite prise qui finit sur les étals des marchés, réassemblée désormais morte dans des boîtes. Ce poisson qui brille, sans vie, à la lumière du jour, presque comme une métaphore, tandis que les corps des hommes, des femmes et des enfants, sans plus d’espoir, gisent dans l’obscurité des profondeurs de la mer, où les poissons continuent à vivre librement sans conscience de l’existence, de la douleur et de l’espoir.

Davide Interrante

https://www.instagram.com/davide_interrante/

https://www.vogue.com/photovogue/photographers/39439

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