L’espace vacant est là, comme un immense terrain de jeu où il est encore possible de flâner, de se perdre à l’abri des regards et des lumières de la ville. Il est possible de s’y raconter des histoires, de laisser place à la rêverie et à l’utopie, il est possible d’y imaginer la ville autrement et d’y laisser fleurir mille projets et envies. Disponible, il offre à chacun la liberté de pouvoir s’en accaparer les recoins et les pierres, ou de ne rien en faire.
Au milieu d’une vaste friche se dresse un immeuble de briques. Il n’est pas tombé. Lui qui se tenait droit, seul au milieu de ce vide, lui, l’invulnérable qui retenait l’attention des promeneurs égarés et dont on se souvenait la couleur, il sera bientôt englouti dans un nouveau quartier aux façades lisses et miroitantes. Il deviendra une antiquité.
Berlin incarne l’histoire d’un territoire en mouvement dont le visage, le tracé et les rues n’ont cessé de d’évoluer au cours des dernières décennies. Pourtant la ville change de plus en plus vite, son coeur semble battre au rythme des coups de pelleteuses et les métamorphoses sont souvent douloureuses.
Dans ce paysage de chantier apparaît soudain une grande silhouette à la géométrie découpée, rappelant comme un signal que les rêves émergent ici des ruines.
Une douce mélancolie flotte dans l’atmosphère et chacun semble emprunt de la nostalgie d’un passé qui s’éloigne peu à peu, et de celle d’un territoire dont il ne connaissait parfois même pas les contours.
Dans une promenade méditative où les pensées s’enchaînent, cette série explore la ville de Berlin et ses lieux en transitions, afin de figer ce qui n’aura duré qu’un instant et tenter de laisser percevoir ces espaces où rêve et liberté côtoient les vestiges nostalgiques d’une époque révolue.
