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Atelier EXB : Philippe Séclier : Atlas Tadao Ando

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Philippe Séclier a documenté pendant neuf ans les constructions architecturales à la fois publiques et privées de Tadao Ando au Japon et à travers le monde. Cet ouvrage nous invite à suivre la quête du photographe et réunit sous la forme d’un atlas 2 300 photographies en N&B d’une sélection de plus de 120 édifices. Suivant un protocole sériel rigoureux, la lecture des planches permet de structurer les différentes formes géométriques de l’architecte japonais mais aussi leurs récurrences et de percevoir les jeux d’échos et résonances spatiales entre chaque édifice.

La parution de Atlas Tadao Ando accompagne l’ouverture de la Bourse de Commerce, à Paris, dont les images constituent l’aboutissement de ce projet.

 

Atlas Tadao Ando : une quête photographique et architecturale

L’œuvre architecturale de Tadao Ando est reconnue à travers le monde et a fait l’objet de nombreux ouvrages. Dans une démarche sans précédent, Philippe Séclier, passionné d’architecture, a entrepris de relever une grande partie de ses constructions. Ce projet s’inscrit dans la veine de ses précédentes explorations artistiques où il s’empare d’une œuvre pour nous la faire redécouvrir lorsqu’il part sur les traces de Pier Paolo Pasolini dans La longue route de sable (Editions Xavier Barral, 2005) ou lorsqu’il réalise son film-documentaire sur Les américains de Robert Frank (Silex Films, 2009). Ce projet sur Tadao Ando s’inscrit dans un temps plus long où la persistance de Philippe Séclier s’apparente à la résilience des japonais post-Fukushima, pour dresser une cartographie mondiale des bâtiments de l’architecte comprenant les plus iconiques mais aussi les plus confidentiels et difficiles d’accès : maisons, églises, temples, musées, fondations, universités, bibliothèques, complexes multi-culturels, théâtres, boutiques, galeries marchandes, hôtels, restaurants, centres communautaires, maisons de thé, stations de métro ou de chemin de fer…

Suivant un protocole rigoureux, chaque édifice présente à la fois des vues d’ensemble dans leur environnement et des détails géométriques. Ils sont présentés dans l’ouvrage sous forme de séries en planches « comme les pièces d’un vaste puzzle à reconstituer et recontextualiser », souligne Yann Nussaume, professeur d’architecture et spécialiste de Tadao Ando, dans son texte d’introduction.

La lecture des planches de cet atlas permet de percevoir, par-delà les enveloppes de béton et de verre, le caractère éminemment contemplatif et la force artistique de l’œuvre du célèbre architecte. Ce dialogue avec la lumière et la matière a permis au photographe de décomposer son geste créatif offrant ainsi un moyen original d’aborder l’architecture de Tadao Ando. Comme le résume Yann Nussaume : « Ce que Philippe Séclier cherche avant tout, c’est à se déployer dans l’espace, traduire ses volumes, ses intervalles, ses interstices, ses espacements, ses luminescences et ses transparences afin de susciter à son tour des émotions. »

Philippe Séclier nous fait également revivre par le texte ses pérégrinations, tandis qu’un essai de Yann Nussaume vient éclairer les différentes facettes de cette approche à la fois esthétique et méthodique. L’ouvrage présente également une bibliographie complète illustrée de l’œuvre de Tadao Ando.

 

Q & R – Philippe Séclier

Comment est né ce projet et quel lien avez-vous avec l’architecture ?

Le métier d’architecte m’a toujours passionné. Mais je rêvais d’être journaliste et je le suis devenu à l’âge de 20 ans. Le film-documentaire consacré à Louis I. Kahn, My Architect, realisé par son fils, Nathaniel, a été un premier déclic au milieu des années 2000. Le second, concernant précisément ce livre, c’est le tremblement de terre et le tsunami survenus sur la côte nord-est du Japon, le 11 mars 2011. Il se trouve que, quatre mois après cette tragédie, j’ai fait un reportage pour le compte d’un magazine de sport automobile, en me rendant notamment sur le circuit de Sugo, à une cinquantaine de kilomètres de Fukushima. J’ai été bouleversé par la résilience et la force d’âme des Japonais et j’ai tenu à y retourner un an plus tard, à titre personnel cette fois. J’avais prévu de visiter plusieurs bâtiments de Tadao Ando et j’ai commencé par l’église de la lumière, à Ibaraki. Cette architecture rédemptrice fut un premier choc visuel. Je me suis alors mis à me documenter sur l’œuvre de Tadao Ando et, à partir de là, je n’ai cessé de repartir. C’est devenu une quête.

Qu’avez-vous découvert à l’occasion de ces multiples voyages au Japon ?

D’abord une approche corporelle dans l’expérience du déplacement. J’ai beaucoup pris le train, beaucoup marché, et comme je ne parle pas le japonais, il y avait un cheminement à trouver pour atteindre chaque site. Ensuite, sur place, j’ai fait l’expérience de la déambulation pour m’approprier chaque espace, avec le vide et le plein, la lumière, la matière et toutes leurs abstractions qui rentraient subitement dans mon cadre. Plus je découvrais des bâtiments, plus j’avais envie de me confronter à ces sensations à la fois physiques et visuelles, et plus ça devenait une obsession.

Dès le départ, vous avez tenu à prendre le contrepied de tout ce qui se fait en matière de photographies d’architecture…

N’ayant jamais pratiqué le grand format, qui implique un long temps de préparation, et sachant qu’au début je prenais ces photos uniquement par plaisir, je me suis servi de mon smartphone et d’une application japonaise. Comme n’importe quel visiteur. A partir de 2017, j’ai décidé de montrer mon travail à Xavier Barral. Je lui ai expliqué ma démarche, je lui ai dit que cette approche sérielle me donnait l’idée d’en faire un atlas. Très rapidement, il s’est mis à travailler sur la maquette avec une ou plusieurs planches par édifice pour créer cette mosaïque d’images qui met en corrélation les édifices de Tadao Ando.

Comment êtes-vous entré en contact avec Tadao Ando ?

Grâce à Xavier, j’ai pu rencontrer en septembre 2017 François Pinault et Jean-Jacques Aillagon, son conseiller artistique. Le soir même, ils prévenaient Tadao Ando de mon projet et, deux mois plus tard, j’avais rendez-vous à son studio d’architecture, à Osaka. À l’époque, j’avais déjà photographié environ quatre-vingt bâtiments. Grâce à Tadao Ando, j’ai eu accès à quelques nouveaux sites. J’ai poursuivi de mon côté mes recherches, en ayant parfois beaucoup de chance. Par exemple, lors de mon dernier séjour au Japon, en novembre 2019 où j’ai eu – enfin – accès à plusieurs résidences privées, dont les maisons Azuma et Glass Block, qui figurent parmi ses réalisations les plus célèbres. La Bourse de Commerce, à Paris, est le dernier bâtiment que j’ai photographié et j’ai pu ainsi terminer ce livre, après neuf années de pérégrinations.

 

Philippe Séclier : Atlas Tadao Ando

Textes : Naoko Kawachi Yann Nussaume Philippe Séclier

Atelier EXB

Relié

21 x 28,5 cm

296 pages

Environ 2300 photographies N&B d’une sélection de plus de 120 édifices

Prix : 49 € TTC

ISBN : 978-2-36511-174-4

https://exb.fr/

 

 

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