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Arles 2012: Le triomphe de Josef Koudelka

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Il y a chez Josef Koudelka un mélange d’humanité et de mysticisme, d’étrangeté et de familiarité qui donne a chacune de ses images, particulièrement celles des Gitans, une dimension mémorielle qui reste et marque a la facon des Américains de Robert Frank. Son prisonnier se dirigeant vers son exécution, envahissant le premier plan de son air résigné, reflète l’individualisme grandissant de la société contemporaine. Dans le fond, la foule que l’immobilité ne rend que plus inapte a intervenir sur le cours des choses, balance l’obliquité du condamné a mort. Il y a dans les photographies de Josef Koudelka cette immersion totale et jamais intrusive parce que partagée, ce nomadisme qui le définit quand, de retour a Paris ou a Londres, il dort sous une table ou un canapé improvisé chez David Hurn ou au bureau de Magnum. Quand il capture sans pudeur un groupe ambulant de musiciens, ils semblent jouer pour lui, affichant leurs sourires asymétriques accentués par la proximité de l’appareil. La veillée aux morts codifiée exprime tout son symobilsme par une composition qui fait du photographe un membre de la famille de Cartier-Bresson. Son portrait de famille, ou les lignes de la tapisserie relie chaque génération, confirme la richesse esthétique et documentaire du photographe. Au-delà de son sens de la composition s’ajoute une approche anthropologique, inspirée a la fois des photographies de studio – ou les tenues traditionnelles, les poses hiérarchiques et les fonds ambiants permettent une appréhension cognitive du contexte -, et des premiers explorateurs, détaillant picturalement une hiérarchie méconnue. L’interaction, familiale ou sociale, y est inhérente, parfois jusque dans la relation animale – on a tous en mémoire cette image du cheval blanc a l’échine courbée qui semble écouter attentivement l’homme agenouillé a ses cotés. Une ligne qui guide ce reportage d’une dizaine d’années, commencé par fascination pour la société nomade du théâtre en 62, avant son reportage remarquable et inattendu sur la révolution de Prague en 68 qui lui a valu un prix anonyme. L’exposition d’Arles, réunissant a la fois le choix de Robert Delpire, qui a publié la première version de la série en 75 , et de l’artiste – parce qu’au sein de l’agence Magnum, Josef Koudelka a toujours été considéré comme « l’artiste » – offre de cette série mythique une vision inédite et révélée depuis peu par Aperture dans un ouvrage publié l’année dernière.

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