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In Memoriam : Alain Desvergnes par Gabriel Bauret

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J’apprends dans les colonnes de L’Œil de la Photographie, sous la plume de François Hébel, la disparition d’Alain Desvergnes. Qu’il me soit permis d’évoquer ici deux épisodes personnels. Ma première intervention dans le cadre des Rencontres d’Arles, c’est à lui que je la dois ainsi qu’à Lucien Clergue évidemment, quand ils faisaient équipe tous les deux, de façon très complémentaire d’ailleurs : l’ANPPM (Association Nationale des Photographes de Publicité et de Mode) m’avait confié en 1980 une projection au Théâtre Antique sur l’histoire de la photographie de mode. Les deux directeurs des Rencontres avaient visionné mon travail la veille : je n’étais pas très expert en matière de technique, j’avais apporté des diapositives ainsi qu’un enregistrement d’un quatuor de Debussy et il fallait accompagner les séquences d’images d’un commentaire dit en cabine ; je me souviens que le soir de la projection, ayant des difficultés à gérer le retour de ma voix dans le théâtre, Alain m’avait immédiatement prêté main forte pour lire mon texte. Mais cet épisode permet surtout de rappeler l’intérêt qu’il portait alors à toutes les formes de photographie. Quelques années plus tard, au tout début de l’histoire de l’école d’Arles, il m’avait invité à deux reprises à diriger un stage d’une semaine sur la mise en page de la photographie et la conception d’un sujet dans un magazine. On ne disposait pas encore d’ordinateur : bricolage avec une photocopieuse et de la colle, mais plaisir de bâtir un projet ensemble. Avec mon ami Thierry Defert, nous inventions une formation qui n’était pas encore en usage dans cette jeune école. Là encore, Alain savait que l’on ne devait pas seulement former les élèves à la création photographique mais à toutes sortes de métiers qui l’accompagnent. Je garde toujours des liens avec certains anciens élèves comme Fred Boucher qui dirige, entre autres depuis déjà plusieurs années, les Photaumnales de Beauvais :  » Ce que je fais est complètement inspiré de ma formation. Et nous sommes beaucoup d’anciens étudiants désormais en responsabilité ». On le découvre sur cette photographie de groupe au milieu d’une classe heureuse : l’un des meilleurs hommages que l’on puisse rendre à Alain, c’est certainement de montrer l’épanouissement de ses élèves. Autre parole, celle Christian Milovanoff, l’un des deux piliers avec Arnaud Claass de l’enseignement piloté par Alain Desvergnes : « L’école c’est lui. Et il a dû la porter et la défendre pendant des années … Je sais qu’il était content quand il apprenait qu’untel ou unetelle exposait quelque part, publiait un livre ou était en charge de la photographie dans un musée, un centre d’art, un journal.  »

Sur une proposition de Jack Lang, je réfléchis aujourd’hui à un projet de livre historique sur la photographie en France dans les années 1980 et Alain Desvergnes était précisément l’un des protagonistes de cette riche histoire que je voulais interroger. Son témoignage me manquera si ce livre se fait un jour.

Gabriel Bauret

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