Cette image est extraite du troisième livre de Michel Setboun et Marie Cousin sur les agences. Le livre est intitulé 40 ans de photojournalisme, génération agences. 80 photoreporters ont choisi et commentent une image emblématique de leur parcours. L’image que nous publions aujourd’hui est une photographie réalisée par Samuel Bollendorff.
Cette photo est prise en Chine, en 2006, lors d’un reportage sur les mines de charbon de la province du Shanxi, où les conditions de vie et de travail sont effroyablement dangereuses. Je veux montrer ces paysans qui migrent dans les bassins d’emploi pour vivre et gagner de quoi payer l’école de leurs enfants. Les oubliés du miracle économique chinois.
De cette série de photos, nous faisons un webdocumentaire, Voyage au bout du charbon. Pour la première fois, je réalise une série de photos sans l’aide de la presse, signe de sa crise profonde, mais avec l’aide du ministère de la Culture. Pour la première fois également, un journal de presse en ligne, lemonde.fr, décide de diffuser un webdocumentaire. C’est un tournant pour le photojournalisme, en pleine mutation. Dès la fin des années 1990, avec le collectif L’Œil public, nous déployons de nouvelles formes de narration sur le Web, différentes du papier. Nous sommes parmi les premiers à proposer nos contenus en ligne. Quand j’ai commencé le métier de photographe en 1998, je n’imaginais pas qu’il subirait de telles mutations. Au début, je me définissais comme “photoreporter”, puis “photojournaliste”. Aujourd’hui, je suis réalisateur et photographe documentaire. C’est l’un des moyens pour continuer à vivre et faire notre métier : mener de front plusieurs types de projets. Nouveaux formats audiovisuels, documentaires interactifs, travail pour les galeries… La crise de la presse nous contraint à rebondir en permanence et à faire évoluer nos usages et notre métier. »
Propos recueillis par Estelle Faure.
