Expressions non verbales
Valentine Vermeil / Temps Machine
Ils n’ont pas ou peu l’usage de la parole. Leur gestuelle particulière est une expression de leur personnalité et semble issue d’univers imaginaires et poétiques. Ces « expressions non verbales » sont celles de corps qui s’immobilisent.
L’autisme est parfois défini comme un repli sur un monde intérieur qui refuse le contact avec le monde extérieur ; ce retrait peut être conçu comme l’effet d’un manque radical de la mise en place de l’image du corps.
Un homme photographié en train de sculpter s’arrête pour sortir de sa poche une petite ficelle qui ne le quitte pas. Il l’agite le temps de la photo, puis la remet ensuite dans sa poche. C’est tout un langage à décrypter que l’on peut imaginer être adressé à l’autre – ici, à la photographe.
Ces gestes saisis par l’objectif montrent ce qu’on peut interpréter comme étant des messages codés. Car il y a une demande qu’il faut entendre : être compris. « L’être humain est essentiellement un être parlant […]. Entendre fait partie de la parole […]. Comme le nom l’indique, les autistes [du grec autos : « soi-même »] s’entendent eux-mêmes. Ils entendent beaucoup de choses », explique Lacan dans une conférence sur le symptôme, en 1975.
Apprendre à déchiffrer pour entendre. Avec ce travail réalisé entre 2004 et 2006 à la Maison de l’orée de Ris-Orangis, Valentine Vermeil constitue un matériel intéressant pour un travail thérapeutique : se servir d’images pour suppléer aux défauts des représentations inconscientes.
Valentine Vermeil, photographe
Catherine Saladin-Grizivatz, psychanalyste