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Xavier Niel parle dans le nouveau numéro de Polka

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Entretien avec Xavier Niel, le patron de Free.

Quelle est votre ambition avec ce projet “1000 start-ups”1 et le rachat de la halle Freyssinet ?
Xavier Niel : En France et dans le monde entier, on assiste à une redistribution des richesses grâce au numérique. Avant, quand nos parents voulaient fonder une entreprise, ils avaient l’obligation de construire une usine et d’apporter énormément de capitaux. Le numérique permet de créer des sociétés de taille mondiale avec une bonne idée, beaucoup de travail et très peu de capital. La halle Freyssinet sera un lieu dans lequel on va faciliter toutes les questions administratives et assurer la gestion des locaux pour permettre à des jeunes de se concentrer sur une seule chose: leur produit et leur projet.

Vous voulez en faire le plus grand incubateur de start-up de France ?
X. N. : Du monde, même ! A la Silicon Valley, il y a une multitude de petits incubateurs mais ils ne sont jamais réunis dans un seul endroit. Ici, on veut développer la même chose sur un site, le plus grand du monde. On sait que l’on a besoin de superlatif pour sortir de nos frontières, pour faire parler de nous, pour attirer des gens, les convaincre de venir à Paris. Paris est une ville magique. On rêve d’y venir en vacances, d’y habiter. Il faut rêver d’y créer son entreprise. Ce site doit devenir un lieu étendard et voir éclore des jeunes sociétés dans le numérique.

Vous dites : « Créons étape par étape pour aller vers un monde parfait. » Qu’est-ce qu’un monde parfait ?
X. N.: C’est celui dans lequel un jeune qui naît dans une famille défavorisée peut créer chez lui un succès mondial et réussir financièrement. Il faut être capable de redistribuer les valeurs. Le système communiste consistait à mettre tout le monde sur un pied d’égalité. Une belle utopie, mais ça n’a pas marché. Le monde parfait dans un capitalisme qui ne l’est pas, c’est celui où ceux qui travaillent — et ce n’est pas du sarkozysme — peuvent s’en sortir et s’élever financièrement.

C’est l’ « american dream » ?
X. N. : Avec le numérique, l' »american dream » est partout. A la halle Freyssinet, on espère créer chaque année non pas un équivalent de Facebook, mais plusieurs.

Vous investissez dans de nombreux médias : après Le Monde, Le Nouvel Observateur… Etes-vous un Citizen Kane des temps modernes, un mécène, un investisseur?
X. N.: La presse rencontre des difficultés financières. Elle est en train de basculer d’un modèle à un autre. L’idée est d’investir dans toute forme de modèle pour aider les médias existants à se transformer en médias d’avenir, capables de résister aux difficultés apportées aujourd’hui par le Net.

Comment voyez-vous le journalisme de demain ?
X. N.: La question qu’il faut se poser est de savoir si le journalisme apporte une valeur ajoutée ou non. S’il n’en apporte pas, le média est gratuit et ses recettes seront publicitaires. En revanche, s’il est capable de générer de l’intelligence visuelle, rédactionnelle, sous forme d’analyse, de scoops, des gens seront prêts à payer, quel que soit, demain, le support – papier, numérique ou je ne sais quoi d’autre. Est­on capable de générer cette intelligence? La réponse est oui. Les sites Mediapart et LeMonde.fr en sont un bon exemple. La valeur ajoutée est plus importante que le média.

Le rachat du Washington Post par Jeff Bezos, le patron d’Amazon, est-il un signe précurseur de ce qui peut arriver ailleurs ?
X. N. : Jeff Bezos a plutôt copié ce que l’on a pu faire, nous, en France. C’est plutôt chouette d’être copié par les Américains, de voir des patrons de cette nouvelle économie arriver dans les médias. L’enjeu est de transformer ces vénérables métiers et de les aider à changer de support, de format, de commercialisation, d’entrer dans le XXIe siècle.

Entretien réalisé par Dimitri Beck paru dans Polka Magazine #25, Février 2014.

http://www.polkamagazine.com

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