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Wiesbaden : Les Photomodelées Play-Doh de Eleanor Macnair

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J’ai pour la photographie un amour simple et naïf, qui je l’espère, se reflète dans cette série. C’est là mon hommage étrange à cet art.

Photographs Rendered in Play-Doh (Photos reproduites en pâte à modeler) a débuté sur un coup de tête en août 2013, après un quiz photo organisé dans un pub par les artistes de MacDonaldStrand à Brighton. L’une des épreuves consistait à reproduire des photos célèbres en pâte à modeler. On dit qu’il suffit d’avoir une bonne idée dans sa vie. Je ne l’avais pas encore eue, alors, dans un esprit post-moderne de réappropriation, j’ai pris la leur.

J’ai des outils d’amateur. De la pâte à modeler, une planche à découper, un scalpel et une bouteille de vin vide en guise de rouleau. C’est un travail facile à faire, accessible et peu cher. Je vise un public large : l’ensemble de mon projet atteste de la démocratie du web. Même si je suis largement suivie par les photographes professionnels et les conservateurs, des milliers de gens visitent mon blog depuis le monde entier, qui ne sont pas en lien avec le monde de la photo et viennent de lieux aussi éloignés que le Congo, la Mongolie, la Bolivie, le Kazakhstan et l’Islande.

J’ai quelques  règles, dont les principales sont de ne pas montrer d’images pornographiques ou de personnes mortes – ce sont des thèmes qui ne se prêtent pas à la représentation en pâte à modeler. Je n’aime pas non plus reproduire des photos à la demande de leurs auteurs.

J’œuvre depuis dix ans à promouvoir l’art et la photographie, mais je promeus toujours les idées des autres – conservateurs, galeries, musées, éditeurs. Avec mon blog, je peux décider de ce que je montre aux gens, mettre en lumière les oeuvres peu connues de photographes négligés ou des projets contemporains que j’estime valoir la peine. C’est très libérateur, car je n’ai pas à justifier mes choix. Je me contente de les représenter en pâte à modeler, en lien avec l’image originale, rien d’autre.

Dans mon travail quotidien, j’ai souvent l’impression de m’éloigner de l’art, d’être dévorée par la pression des délais, des égos, des idéaux politiques. Je me demande régulièrement pourquoi j’ai voulu travailler dans ce milieu. Ce projet me ramène à une vision non polluée de la photographie. Nous voyons tous des centaines d’images par jour, sur nos téléphones, nos ordinateurs, les panneaux d’affichage et dans les journaux ; mais nous ne les regardons pas vraiment. Nous parcourons les informations contenues dans l’image, nous prenons ce dont nous avons besoin, et nous passons à autre chose. J’aimerais que ce projet encourage les spectateurs à ralentir, à se replonger dans des œuvres qu’ils connaissent bien et à découvrir celles qu’ils ne connaissent pas.

Je suis la première à reconnaître que les premières images de ce projet ne sont pas très bonnes. Je ne suis pas une artiste. J’ai cessé d’étudier l’art à l’école à l’âge de 14 ans. Il me faut environ deux heures pour chaque recréation de photo. Je regarde la photo originale, j’étudie la composition et l’éclairage, je décide quels détails je mettrai en lumière et quels détails je laisserai de côté. C’est une opportunité de ralentir, de regarder et d’observer vraiment l’image. En surface, les photos peuvent condenser des idées complexes, et les présenter avec un langage visuel simple et direct. Je pousse ces idées encore plus loin, pour les réduire à presque rien, simplement des formes et des couleurs. Une fois que j’ai terminé, je prends une photo et je défais immédiatement ce que j’ai fait. Je range la pâte à modeler par couleurs, pour la réutiliser ensuite. La robe verte de la photo de Nan Goldin est devenue la combinaison de celle d’Alec Soth, le feuillage de celle de Tom Hunter et la couverture de celle d’Henri Cartie-Bresson. Les œuvres n’existent plus, elles deviennent éphémères, et je suis souvent la seule à les avoir vues en trois dimensions.

J’aime l’idée d’un téléphone arabe au fil du temps : le sujet original de la photo, le tirage du photographe, un fichier numérique sur internet, une reproduction en pâte à modeler sur ma table de travail, le fichier numérique de ma photo sur internet, et maintenant les œuvres sur les murs d’une galerie. Qu’est-ce qui s’est perdu entre temps ? Qu’est-ce qui reste ? Je n’ai jamais dit que tout cela était sérieux. Mes créations sont ce qu’elles sont. Des photos reproduites en pâte à modeler.

EXPOSITION
Photographs Rendered in Play-Doh
Eleanor Macnair
Du 27 février au 22 avril 2016
Kleinschmidt Fine Photographs
Dr. Klaus Kleinschmidt
Steubenstraße 17
65189 Wiesbaden
Allemagne
http://www.klauskleinschmidt.de

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