Rechercher un article

W.M. Hunt : « A cinquante ans, j’ai décidé que ma mission dans la vie serait de promouvoir le plaisir de la photographie. »

Preview

En l’honneur du prix qui couronne la carrière d’Elizabeth Avedon, remis par le Musée Griffin de la photographie à Winchester, L’Œil de la Photographie republie ses meilleurs entretiens parus dans nos pages. Celui-ci, dans lequel elle interroge le collectionneur W.M. Hunt, date du 30 septembre 2011.

La première exposition américaine de plus de cinq cents photos extraites de l’extraordinaire collection de W.M. Hunt ouvre à la George Eastman House du Musée International de la Photographie et du Film, le 1er octobre 2011. On compte parmi les œuvres choisies des photographies de Man Ray, Irving Penn, Robert Frank, Diane Arbus, Richard Avedon, Edward Steichen, Robert Maplethorpe, Berenice Abbott et Nadar, dans des formats divers, depuis le daguerréotype jusqu’au numérique. Thames & Hudson au Royaume Uni, Actes Sud en France et Aperture aux Etats-Unis publient simultanément son ouvrage, The Unsee Eye (L’œil invisible) : Photographs From the W.M. Hunt Collection, pour accompagner l’exposition.

W.M. Hunt a débuté sa collection il y a plus de quarante ans avec sa première acquisition, Femme voilée d’Imogen Cunningham. Commissaire et professeur, Hunt a été associé fondateur de la Hasted Hunt Gallery (désormais Hasted Kraeutler) et directeur de la section photographie de la galerie Ricco/Maresca. Il est actuellement membre du conseil d’administration de la bourse commémorative W. Eugene Smith. Sa collection s’organise autour d’un thème inédit, celui des yeux détournés, cachés, dissimulés, percés ou absents.

Je me suis récemment entretenue avec Bill dans son luxueux appartement de New York, tandis que la collection était empaquetée pour l’exposition à l’Eastman House :

Qu’est-ce qui est né en premier, l’exposition ou le livre ?

Le livre a été commandé en 2005, après mon exposition en Arles. L’éditeur de Thames & Hudson, Thomas Neurath, un garçon absolument adorable, m’a écrit une lettre très flatteuse dans laquelle il disait qu’il avait adoré. Il avait tout à fait compris, mais il pensait qu’il y avait un potentiel commercial. J’ai dit : « En êtes-vous certain ? » Il a dit oui et j’ai rencontré sa sœur, Constance Kane, leur directrice artistique de longue date que j’adore également. C’est une entreprise familiale. Je fais ce livre et les deux seules personnes que je connais sont de la famille. Le livre a été mis en mouvement assez lentement, puis il y a eu une exposition au musée de l’Elysée à Lausanne, en Suisse, avec Bill Ewing, et chez Foam avec Marloes Krinjen. Fabuleux. L’exposition a traîné un peu, il y avait environ 360 photos, et cela a pris plus de trois ans. On travaillait sur le livre, on s’arrêtait, on repartait.

Êtes-vous le propriétaire de toutes les photos du livre ?

Il y a deux ou trois photos qui ne m’appartiennent pas, mais j’ai une histoire avec elles. C’est pour cela qu’elles sont dans le livre. L’une d’entre elles est une photo de Weegee que j’ai utilisée dans un projet à mes débuts. Elle était donc signifiante, et en plus, on ne la voit jamais.

Parlez-nous des pièces d’Arbus.

Personne ne connaît le côté effronté d’Arbus, que l’on retrouve dans The Man From World War Zero (Diane Arbus, Man From World War Zero and His Wife the Alligator Skin Woman, 1968). Doon Arbus, sa fille, a refusé ma première demande, ce à quoi je m’attendais. J’étais en train d’écrire une lettre pour dire : « Oh, s’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît… », quand elle m’a écrit le matin suivant pour me dire qu’elle avait changé d’avis et que c’était d’accord. C’était formidable.

L’homme est-il en train de bouger, ou c’est son visage ?

C’est une très bonne question, que les gens ne posent pas habituellement. Je ne sais pas s’il a trois yeux ou un. On se rend compte que la photo est un portrait absolument banal, réalisé dans un décor très simple, toutes ces considérations formelles que l’on ferait. Quand on regarde, on se demande : « Qui sont ces gens ? »

Comment avez-vous acquis la photo de Richard Avedon représentant Sophia Loren (Richard Avedon, Sophia Loren, New York, octobre 1970). A quel moment est-ce arrivé pour vous ?  

J’ai vu celle de Sophia Loren à l’exposition Marlborough. Les deux autres d’Avedon, Nureyev (Richard Avedon, Rudolf Nureyev, New York, 29 mai 1967), et Capote ((Richard Avedon, Truman Capote, New York, 10 octobre 1955), je les ai achetées à la Fraenkel Gallery. Fraenkel a toujours été raisonnable avec moi.

Quel a été votre premier succès en tant que marchand ?

Larry Gianettino a été mon premier succès, quand personne ne le connaissait. Je l’ai exposé, je l’ai fait connaître aux gens, et nous avons fait un livre. Alors qu’Elisabeth Biondi n’était au New Yorker que depuis six semaines, elle a publié une photo de lui formidable. Nous avons vendu des photos grâce à celle qui était dans le New Yorker. Elle et moi avons été en accord de nombreuses fois depuis.

Parlez-moi du diptyque derrière vous.  

Gary Schneider donnait une conférence à l’ICP un soir. Il venait juste de débuter son travail sur la série Genetic Self Portaits, et il a montré un côté de ce diptyque (Retinas, extrait de la série Genetic Self-Portait, 1998) A la fin de la conférence, j’ai foncé droit sur lui. Je le voulais. On dirait une nuit au clair de lune dans une forêt hantée. Cela faisait penser à beaucoup de choses. Je la trouve très exaltante.

Y’a t-il dans votre collection une photo dont vous ne pourriez pas vous passer ?

Celle de Penn.

 

Entretien avec Elisabeth Avedon

Elizabeth Avedon est commissaire indépendante, conceptrice de livres et d’expositions, et auteur sur la photographie.

 The Unsee Eye : Photographs From the W.M. Hunt Collection, du 1er octobre 2011 au 19 février 2012, à la George Eastman House, à Rochester, dans l’état de New York.

 

 

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android