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Vichy : PORTRAIT(S) – Jean-Christian Bourcart

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La quatrième édition du festival PORTRAIT(S) de Vichy ouvre ses portes aujourd’hui. Jusqu’au 4 septembre, Vichy devient le temps d’une saison un avant poste de la photographie d’aujourd’hui et présente au public des expositions centrées exclusivement sur l’art du portrait. Cette nouvelle édition présente neuf artistes, dont les expositions se tiennent simultanément en centre-ville et à l’extérieur, à ciel ouvert. L’Oeil de la Photographie vous présente chaque jour le travail d’un photographe de la programmation. Aujourd’hui focus sur l’exposition « L’Aurore vint mais pas le jour » de Jean-Christian Bourcart.

Réalisées pendant la Grande Dépression aux États-Unis, les images de la Farm Security Administration (FSA) font partie du patrimoine américain. Les plus célèbres photographes – Dorothea Lange, Walker Evans, Gordon Parks, etc – ont parcouru de 1935 à 1943 les États-Unis, avec pour mission de rendre compte des effets dévastateurs de la crise économique. Des icônes sont nées de ce projet, et soixante-dix ans après, elles continuent de fasciner les photographes. Jean-Christian Bourcart est de ceux-là, mais à sa façon. Tournant le dos aux images cultes, il a choisi de s’emparer des clichés qui ont été refusés à l’époque par Roy Stryker, le directeur de la FSA. Ces clichés sont hautement reconnaissables : Mr Stryker faisait des trous dans les négatifs lorsqu’il ne les jugeait pas dignes d’être exploités. Sur quels critères poinçonnait-il une image plutôt qu’une autre ? Il est difficile de le savoir car bien des images refusées semblent tout aussi remarquables que celles agréées. Mais ce qui a frappé Jean-Christian Bourcart, c’est que les poinçons de Roy Stryker ne se portaient pas toujours au hasard ; il poinçonnait souvent les visages, la gorge, le coeur ou le sexe, laissant planer une violence sourde et inexpliquée sur les images. Comme si, à la détresse de ces hommes, ces femmes et ces enfants terrassés par la crise, il avait ajouté le sceau d’une indignité, la sanction d’un oeil assassin qui ampute et occulte.
Fasciné par ce corpus mutilé, Jean-Christian Bourcart, en collaboration avec le graphiste Ben Salesse, a prélevé certaines de ces photos et les a associées à des citations issues des Raisins de la colère de John Steinbeck. Les écrits et incantations de l’écrivain américain révèlent d’étranges coïncidences entre la crise de 1929, qui a suscité de tragiques migrations aux États-Unis, et les convulsions de notre période contemporaine. Les temps et les crises se font écho. Les interventions se chevauchent : les photographies originales sont poinçonnées par Stryker, taguées par Bourcart et Salesse, avec les mots de Steinbeck… Des pièces composites émergent ainsi, chargées en énergies différentes. Les images documentaires s’enrichissent de textes fictionnels, la dimension plastique du travail est prolongée par un propos ouvertement politique et engagé, l’archive redevient brûlante d’actualité et se déploie dans un mouvement dialectique entre effacement et invention.
Exposition réalisée avec le soutien du musée Nicéphore Niépce.

FESTIVAL
PORTRAIT(S)
Du 10 juin au 4 septembre 2016
L’Aurore vint mais pas le jour
Jean-Christian Bourcart
Centre Culturel Valery-Larbaud
03200 Vichy
France
https://www.ville-vichy.fr/agenda/festival-portraits-2016
http://www.jcbourcart.com

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