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Vichy : PORTRAIT(S) – Ruud van Empel

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La quatrième édition du festival PORTRAIT(S) de Vichy ouvre ses portes aujourd’hui. Jusqu’au 4 septembre, Vichy devient le temps d’une saison un avant poste de la photographie d’aujourd’hui et présente au public des expositions centrées exclusivement sur l’art du portrait. Cette nouvelle édition présente neuf artistes, dont les expositions se tiennent simultanément en centre-ville et à l’extérieur, à ciel ouvert. L’Oeil de la Photographie vous présente chaque jour le travail d’un photographe de la programmation. Aujourd’hui focus sur l’exposition « Il était une fois » de Ruud van Empel.

Il était une fois…
La forêt
Vers 2003 Ruud van Empel a atteint un niveau élevé de perfection dans sa technique très élaborée du photomontage. Même si le spectateur est bien conscient de l’impossibilité de réaliser en une seule prise une de ses images si particulières, les « raccords » y restent indiscernables. Les figures humaines qu’il représente – exclusivement
des enfants – dès lors, semblent avoir été littéralement extraites de la vie réelle. La première série dans laquelle il atteint ce point d’unité magique s’intitule Study in green, une série de paysages forestiers. […] Chaque détail y est représenté dans son aspect le plus favorable, mais bien que van Empel ne veuille insérer la moindre dissonance où que ce soit dans l’image, il ne s’agit pas ici d’une performance visant à la zone de confort artistique. À ce propos, Pieter van Leeuwen écrit: « Nous voyons rassemblées dans une seule et même image les meilleures expériences, pour ainsi dire, d’une longue promenade dans la forêt. Malgré cette approche euphorique et séduisante, les spectateurs émettent des sons tout à fait différents. Au lieu de beaux bois feuillus, ils voient des forêts primitives effrayantes où derrière chaque arbre se cache un péril.»
Au deuxième coup d’oeil, les ombres semblent en effet assez profondes… Dans la culture traditionnelle, la forêt sombre est regardée comme un lieu dangereux. Cette angoisse remonte au temps où les gens ont commencé à élaborer les pratiques agricoles : le champ ouvert cultivé était objet de connaissance et de confidence, tandis que la forêt alentour constituait un univers désorientant, plein de risques inconnus. Dans la forêt, vous étiez hors de la société humaine. Dans la psychologie des profondeurs, la forêt est vue comme symbole du subconscient qui abrite des forces sinistres que l’on préfère ne pas connaître. […] Dans les contes de fées, les bois représentent d’ordinaire un monde menaçant. […]
Après Study in green, Ruud van Empel réalise une nouvelle série, Untitled (Sans titre). Dans chacune des images de cette série se trouve toujours une fillette quelque part parmi les arbres. Bien que les bois y soient beaucoup plus clairs, les arbres bien plus graciles, on sent toujours de façon tangible dans la mise en scène un contraste aliénant. La pose des fillettes, leurs habits, nous rappellent les photos que peuvent faire les parents de leurs enfants le jour de leur première communion […], mais de telles photos sont en général prises dans un jardin, ou bien dans un parc bien disposé, mais jamais au fond d’une forêt dans laquelle ces habits neufs et coûteux pourraient si facilement se salir, s’endommager.
En 2007, l’historien d’art Jan Baptist Bedaux écrit à propos de l’utilisation par van Empel de modèles de couleur : « Le fait que beaucoup des enfants dans ses compositions soient de peau noire est un aspect qui ne peut rester sans commentaire. Bien qu’il soit grandement évident que la couleur de la peau d’un enfant n’a aucune importance, il n’en demeure pas moins que l’iconographie de l’enfant innocent est traditionnellement constituée d’enfants « blancs ». […] En s’écartant de l’iconographie conventionnelle, en donnant à ces enfants une peau noire, van Empel se revendique inconsciemment d’une position politique. Après tout, cet enfant reste un objet de discrimination et son innocence n’est pas reconnue comme évidente en soi par tout le monde. L’image de la série World (Monde) la plus riche en suggestions dans ce sens est sans aucun doute celle de la fille dont la peau noire contraste si fortement avec le blanc éblouissant de sa robe. »
[…] Ruud van Empel vit et travaille à Amsterdam, ville multi-ethnique. Il ne veut faire aucune distinction, ne cherche pas la controverse, mais cependant ne cherche pas forcément à séduire. Au-delà de toute la beauté et de toute la tendresse résidant dans son oeuvre, il reste toujours un petit élément quelque peu troublant : une signification ‘différente’ qui rôde furtivement sous la surface, une question qui reste sans réponse. […] Les deux garçons de la photo intitulée « World » #32 se donnent le bras comme s’ils étaient sur le point de se marier – ou sont-ils peut-être des jumeaux ? Certains de ces enfants s’attardent comme dans un rêve à côté d’un étang, mais la plupart d’entre eux prennent une pose guindée et hésitante dans des habits beaucoup trop propres et de bon goût pour jouer et faire des bêtises. Et d’autres nous dévisagent, en se tenant à côté d’une eau dans laquelle ils semblent à tout instant vouloir se retirer.
Extraits du texte de présentation de Ruud Schenk, conservateur d’Art Moderne, Musée de Groningen, Pays-Bas.

FESTIVAL
PORTRAIT(S)
Du 10 juin au 4 septembre 2016
Il était une fois
Ruud van Empel
Centre Culturel Valery-Larbaud
03200 Vichy
France
https://www.ville-vichy.fr/agenda/festival-portraits-2016
http://web.ruudvanempel.nl

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