Rechercher un article

Toulon : Emile Savitry, un photographe de Montparnasse

Preview

C’est à Toulon que tout a commencé dans le souvenir d’Émile Savitry, un jour de 1930. 

Sa rencontre avec Django Reinhardt dans un café du port, alors qu’il revient d’un long voyage en Polynésie, coïncide avec son début de carrière de photographe. Jusqu’alors, Émile Savitry était un peintre, proche des surréalistes Robert Desnos et Georges Malkine, et remarqué par Louis Aragon qui rédige le texte de présentation de son exposition à la Galerie Zborowski à Paris en 1929. Grand amateur de jazz, il est aussi musicien à ses heures. De son périple dans les îles du Pacifique, il vient de rapporter des disques méconnus de Duke Ellington et Louis Armstrong. Cette musique venue d’Amérique qu’il fait découvrir, en ce soir de 1930, à Django Reinhardt dans sa chambre du café des Lions, scellera définitivement l’amitié entre les deux hommes.
« Ach moune ! », s’exclame le guitariste manouche, bouleversé par les sons de la trompette d’Armstrong qu’il entend pour la première fois. Dès lors, Django et son frère Joseph prendront possession de la chambre toulonnaise que Savitry leur prête pour quelques jours et rejoindront à Paris, celui qui deviendra bientôt le photographe des « heures chaudes de Montparnasse ».

Cette exposition ravive le souvenir du Paris des années 1930 à 1950, terrain d’élection de Savitry qui y côtoyait alors les artistes et intellectuels du carrefour Vavin comme le petit peuple de Pigalle.

Elle est l’occasion de mettre en lumière l’œuvre foisonnante, aux accents surréalistes et parfois mélancoliques, de ce peintre devenu photographe, ami de Brassaï, Jacques Prévert et Robert Doisneau.

Elle nous invite à le suivre pas à pas, nous laissant happer par les nuits de Pigalle, des cafés de Montparnasse, des boîtes enfumées de Saint-Germain-des-Prés, portés par le swing des premières notes de jazz.

Elle nous propose de nous glisser dans les ateliers d’artistes que Savitry saisit dans leur intimité comme Alberto Giacometti, Victor Brauner, Anton Prinner au visage de masque en clair-obscur; d’y voir s’épanouir parfois des modèles nus aux galbes harmonieux. Le « nu » fut de tout temps un sujet de prédilection du peintre comme du photographe.

Elle nous imprègne de la poésie des rues et du cinéma en noir et blanc de Marcel Carné et Jean Grémillon et l’on s’envole comme Charlie Chaplin sous le regard d’illusionnistes étranges avec les colombes des marionnettes d’Yves Joly au son de la guitare de Django… sur des paroles de Prévert.

La déambulation s’achève sur la silhouette d’Émile Savitry enveloppée dans un long imperméable, apparition discrète de ce passe-muraille qui fut toute sa vie « trop vivant pour se vouloir artiste », comme l’écrivait Claude Roy.


Sophie Malexis
, commissaire de l’exposition.

EXPOSITION
Emile Savitry, un photographe de Montparnasse
Du 5 juillet au 28 septembre 2014
Maison de la Photographie – Toulon
Rue Nicolas Laugier
Place du Globe
Toulon
France

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android