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Thomas Demand : le nouvel Eldorado est Berlin

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A l’occasion de son dossier spécial Berlin, The Eyes va à la rencontre de l’œuvre expérimentale et singulière du photographe allemand Thomas Demand.

 

Quelle est la première image qui vous vient à l’esprit lorsque vous pensez à Berlin ?
Je pense à un chantier de rue, où de petites voitures vieillissantes attendent patiemment. 

Pourriez-vous expliquer les raisons qui vous ont amené à vous installer à Berlin, et quel est votre regard sur les évolutions dans la ville et de sa scène artistique ?
Au milieu des années 1990, j’habitais New York, et j’ai été surpris de ressentir une forme de mélancolie de l’Allemagne. Pas tant pour les gens, plutôt pour les débats et discussions que je percevais de loin et que j’avais de plus en plus de mal à comprendre. En 1993-1994, il y avait deux camps qui ne communiquaient pas, l’art de l’Est et l’art de l’Ouest, et quiconque arrivait en ville à cette époque n’avait rien à voir avec cette situation. Nous ne voulions pas profiter de la situation, être intégrés ; les nouveaux arrivants se suffisaient à eux-mêmes : plus longtemps on se sentait en invité, mieux c’était. La base économique existait grâce à l’extérieur, malgré des conditions de vie abordables ; il n’y avait pas de clients dignes de ce nom à Berlin. Dans ce contexte, les galeries n’avaient pas à se partager les parts du gâteau, il y avait très peu de hiérarchie, et cela ne faisait pas de sens pour les artistes de changer de galerie. Les positions de force, méritées, ne sont nées que pendant la deuxième décennie après la chute du mur.

Votre studio se trouvait près du Hamburger Bahnhof dans Mitte à Berlin-Est, et accueillait aussi des artistes comme Tacita Dean et Olafur Eliasson, même frieze d/e au début. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’histoire du bâtiment dans lequel vous avez si longtemps travaillé ?
L’immeuble a été démoli. Actuellement, on recouvre de béton ce paysage urbain, si libre et si ouvert à ses débuts, avec ces misérables boîtes d’investisseurs. C’est à pleurer, mais ça paie. On pourrait dire que Berlin ferme boutique. Nous avons emménagé peu de temps avant que le musée décide de se charger du chantier ; et je pense que les visionnaires de la capitale le prenaient en fin de compte comme un bouton au milieu de la figure. On trouvait cynique le fait qu’ils fassent leur publicité grâce aux artistes qu’ils étaient justement en train de chasser. J’ai toujours investi mon énergie dans une communauté d’artistes qui travaillent ensemble ou côte à côte. Je trouve que c’est particulièrement sain et productif.

 

Extrait de l’article d’Eva Eicker.

http://theeyes.eu

 

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