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Thierry Maindrault : Apprentissage

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«Apprentissage»

Chronique de Thierry

Depuis quelques années je m’interroge, de plus en plus souvent, après une conversation avec de jeunes photographes ou même avec quelques moins jeunes qui se sont rapprochés tardivement de la photographie. L’engouement pour ce nouvel outil d’expression (apparu il y a moins de deux siècles) est absolument indéniable dans notre monde moderne. Il n’en demeure pas moins que ledit outil, sous ses différentes options techniques, nécessite une maîtrise intellectuelle incontournable. Afin que mes idées soient vraiment très claires ne venez pas invoquer la «pseudo» intelligence artificielle installée sur différents matériels. Cet artifice binaire n’existe pas en l’état et il ne peut offrir qu’une courroie de transmission dans le rapport qui existe entre une intelligence humaine et le fonctionnement d’un outil.

Ce préalable posé, nous possédons d’un côté un outil qui s’appelle la photographie (ce paradoxe d’une représentation éphémère  fixée par la lumière laquelle n’est restituable qu’avec la lumière), cet outil est constitué d’un ensemble quasiment illimité de déclinaisons, pour aboutir à un résultat visible et d’un autre côté une démarche humaine soucieuse de trouver la, ou les, meilleures solutions pour l’obtention de l’image recherchée.

La maîtrise indispensable de la photographie dans son plus grand nombre d’aspects possibles s’impose pour l’acquisition des mémorisations et des manipulations incontournables pour satisfaire le photographe et pour voir les contemplateurs adhérer au travail réalisé.

A ce jour le nombre de méthodes proposées pour l’acquisition des connaissances nécessaires à la réalisation une vraie photographie n’ont pour limite que le rendement financier attendu par une  multitude de marchands du soi-disant savoir. Mais que sait-on vraiment comme le dit la chanson ! Les écoles, les cours par correspondance, les instituts publics ou privés, même les fabricants de matériels ou de logiciels, les webinaires, les séminaires, les photographes désargentés (je reviendrai ultérieurement sur ce sujet), les workshops et autres masterclass, …, j’en passe et des meilleurs, tous vous soutirent plus ou moins de monnaie, ils vous enseignent plus ou moins sérieusement, et surtout l’essentiel ils vous délivrent un diplôme plus ou moins prestigieux.

Lors d’un échange amical avec le porteur de deux maîtrises (masters c’est plus étincelant), d’une célèbre école de photographie notoirement connue, il me fit part de son ignorance sur l’utilité d’un diaphragme et de son désintérêt pour la focale d’une optique. Il m’est alors apparu évident que je devais essayer de replacer, dans de nombreux esprits et à sa juste valeur ce système de formation devenu totalement désuet, je veux vous faire partager ma réflexion sur l’apprentissage, le vrai !

Diantre pour faire de la photographie, pourquoi l’apprentissage ? L’apprentissage pour plusieurs raisons. Nous avons vu que la photographie est un outil complet et complexe qui amène ses utilisateurs d’un point de départ lié à une observation, voire à une création de l’esprit, pour aboutir à une représentation matérialisée. En sus, la photographie n’échappe pas à une double règle, tout comme la peinture, la musique, la sculpture, etc.. Premièrement, les technologies utilisées conduisent d’un point de départ jusqu’à une œuvre présentable à tous. Le second point, comme pour les autres techniques évoquées ci-avant, ces technologies interviennent à tous les niveaux hiérarchiques conceptuels depuis une photo d’identité, ou une illustration de catalogue, jusqu’aux œuvres d’art plasticiennes les plus sophistiquées.

Le vrai photographe est celui qui va maîtriser le plus large spectre possible des capacités technologiques potentielles et qui va assurer l’intégrité de son travail depuis le point de départ jusqu’à la préhension de la photographie définitive entre ses mains ou devant ses yeux.

L’ensemble complexe et interactif de ces connaissances ne peut s’acquérir qu’à travers le lien intime entre les technologies évolutives efficaces et une pratique permanente rigoureuse dans un environnement professionnel personnalisé. Sauf à être un autodidacte exceptionnel, l’apprentissage est essentiel pour l’obtention d’un savoir faire décisif.   

Dernière précision et non des moindres, en réalité je vous parle des apprentissages. Il n’y a pas un apprentissage universel car ils sont aussi différents que le nombre des maîtres d’apprentissage (j’évoque les vrais photographes bien entendu).

La connaissance et les subtilités du savoir faire passeront, plus ou moins bien, en fonction de la compétence du maître et de l’homogénéité intellectuelle de ses collaborateurs éventuels. Dans les bonnes conditions, toutes les précieuses « ficelles » techniques tomberont dans votre bagage photographique personnel. Mais, encore plus important, sans y prêter attention, l’apprenti s’imprègne des mille et une subtilités intellectuelles et comportementales de son Maître de l’Art (au sens technique cela va de soi). Il n’est pas question de devenir un clone, il s’agit juste de s’enrichir pour poursuivre le chemin. Ce chemin à explorer englobe également le pourquoi les véritables Maîtres vous laissent papillonner « sérieusement » dans leur espace de travail.

Je vous propose de mieux comprendre et d’apprécier à sa juste valeur la grande  différence qui existe entre recevoir un enseignement et apprendre.

28 avril 2020

 

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