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The Selects Gallery : Le Rythme de Jacques Olivar

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Quel est le point commun entre une décharge, une station-service, un restaurant et un portrait en noir et blanc ? Ils sont chacun envisagés comme un trésor par Jacques Olivar. Le photographe a défini sa carrière en imprégnant ses images d’un rythme énergique et rare qui a longtemps été attribué exclusivement aux cinéastes et aux musiciens.

Né à Casablanca, Olivar a suivi une formation de pilote avant de débuter sérieusement sa carrière de photographe. Alors qu’il regardait le monde bouger sous lui depuis la cabine d’un  avion , il semble qu’il aspirait à faire bouger le monde dans ses images. Après avoir reçu le premier prix du Art Director’s Club et être passé à la photographie de mode en 1987 – ce qui l’amènera aux pages de Vogue et Marie-Claire à l’international, entre autres – Olivar continue d’inspirer le mouvement et le rythme dans ses images depuis des décennies.

Une partie de ce qui rend les images d’Olivar si palpables est son amour pour toutes les formes de médias et sa capacité à insuffler cet amour dans son travail. Amoureux autoproclamé des films d’Hitchcock, on peut facilement voir Janet Leigh, Grace Kelly et Tippi Hedren dans l’esprit de ses photographies, car beaucoup sont centrées sur un rôle féminin fort. Les modèles dans les œuvres d’Olivar semblent vous regarder comme si vous étiez un mystère hitchcockien qu’ils ont déjà résolu – vous suivez leur piste d’indices et trouvez une solution dans leur savoir.

Dans Another Day in Paradise, Olivar capture Alexandra Tomlinson alors qu’elle fixe la sangle de sa chaussure, légèrement appuyée contre une voiture dont le bleu vif contraste avec sa robe rouge et violette. On ne sait pas si elle vient de sortir ou est sur le point d’intervenir, créant un mouvement à la fois vers et loin du spectateur, ainsi que de l’incertitude et de la désorientation. Olivar a noté que la voix de Tomlinson rappelle « Janis Joplin, un chauffeur de camion, et Tom Waits », chacun un incontournable de l’Americana. Ces éléments combinés au rebondissement et au drame d’Hitchcock créent une image qui respire le rythme et le mouvement sous tous les angles.

Jacques Olivar, Another Day in Paradise, (2015)

Même une image comme Fanny and the Motel Room – une photo en noir et blanc centrée sur une jeune femme languissante et épuisée – est remplie de mouvement malgré son apparence d’immobilité. Cela implique une histoire : qui attend-elle ? Qu’a-t-elle fait? Qu’est-ce qu’elle fuit ? Selon Olivar, « l’amour s’envole parfois dans ces chambres de motel poussiéreuses ». Il semble que nous ayons saisi le sujet à un moment où elle regarde l’amour s’écouler hors de la pièce, tout comme Olivar a judicieusement vidé la couleur de l’image. Le mouvement est suspendu, mais nous, en tant que spectateurs, nous nous sentons suspendus avec lui. Comme Hitchcock, Olivar devient un maître du suspense. Tout comme nous retenons notre souffle avant l’action principale d’un film, nous nous délectons de ce moment d’immobilité, attendant ce qui va arriver.

Jacques Olivar, Fanny and the Motel Room, Los Angeles, (2003)

Même après sa publication, Olivar continue d’appliquer son amour du rythme et du mouvement à ses photographies. Prenez, par exemple, son site Web, où la musique joue lorsque vous faites défiler ses images. Avant longtemps, vous oubliez que vous avez allumé le son ; il semble que les photos produisent naturellement elles-mêmes le son. « Bye, Bye, Blackbird » joue doucement et cascade à travers chaque image, unissant une femme éloignée mais honnête dans un restaurant délabré à un modèle allongé dans une Cadillac bleue glamour. Les deux images sont chargées de symbolisme et font leur propre musique, des plaines désertiques poussiéreuses du Nevada au bord de mer saturé des îles Baléares. Olivar est un musicien à part entière, maîtrisant la guitare et plusieurs autres instruments. Sans aucun doute, son amour de la musique n’est pas relégué à ses instruments, car son rythme imprègne ses images.

Comme un réalisateur dévoué d’un film, Olivar s’efforce de reconnaître chaque individu impliqué dans son processus photographique, créant des génériques qui soulignent chaque image plutôt que de défiler fugitivement sur grand écran.

Les images de Jacques Olivar captivent, ravissent en fournissant leur propre bande-son, trame de fond et dialogue. Alors qu’il continue à capturer l’esprit de fugacité et de mouvement dans son travail, on ne peut s’empêcher de se balancer à son rythme.

Marie Audier D’Alessandris

 

Marie Audier D’Alessandris est la fondatrice de The Selects Gallery fondée en février 2018 à New York en tant que plateforme pour découvrir, apprendre et acquérir les photographies d’art des meilleurs photographes de mode au monde.

The Selects Gallery
www.theselectsgallery.com

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