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The Altered Landscapes

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Cet ouvrage, en parallèle avec une exposition au Nevada Museum of Art, renvoie l’Homme à ses responsabilités quant à son influence sur le système terrestre. 700 photographies informent sur le bouleversement critique de l’environnement.

La problématique d’une influence néfaste sur l’écosystème n’est pas nouvelle. Paul Crutzen, prix Nobel de Chimie en 1995, décrit l’activité de l’espèce humaine comme une véritable force géophysique agissant sur la planète et dominant les autres forces naturelles ou géologiques. Et ce, depuis l’avènement de la révolution industrielle, point de départ d’une ère géologique à caractère humain qui pourrait être officiellement reconnue comme telle par un congrès international en août 2012 à Brisbane.

Pour autant, The Altered Landscape n’est pas un ouvrage théorique. Une centaine de photographes contemporains livrent ici leur inquiétude à travers leur regard sur les paysages des Etats-Unis, connus pour mêler beauté, diversité, contrastes voire paradoxes. Leurs 150 images, prises entre les années 70 et aujourd’hui, dépeignent l’interaction de l’Homme avec la Terre. Comment il la marque, la construit et y vit. De grands noms tels que Robert Adams, Edward Burtynsky ou encore Michael Light se sont intéressés aux déchets, à l’utilisation de l’eau et des forêts, aux effets dévastateurs de certaines technologies comme la bombe ou les transports aériens et terrestres.

Martin Stupich montre des barrages, ancrés dans le paysage montagneux pour étrangler les eaux et contenir leur course. Burtynski des pneus amoncelés en une mer de caoutchouc dont les vagues peuvent rappeler celles, noires de pétrole, qu’un cargo peut laisser après son naufrage. David Light pose un regard en noir et blanc sur l’érosion forcée des roches après le passage de l’exploitation de mines d’or. En prélude de ses catastrophes humaines, Amy Stein apporte quant à elle un peu d’humour dans une composition esthétique mettant en scène un coyote aboyant contre un lampadaire dans un désert enneigé.

Le désert, zone stérile à la vie, est une façade américaine largement étudiée dans cette série de photographies. Et pour cause, par opposition aux paysages urbains plus complexes, l’empreinte de l’Homme s’y ressent d’avantage. Le voyage débute en Arizona où une usine électrique s’élève de la plaine sablonneuse pour affirmer la civilisation dans son désir de domination. Il fait une halte en Utah, où là le panoramique laisse place au gros plan sur la pate d’un animal pris au piège dans une clôture en barbelé. Puis, ce road trip imaginaire s’achève par un cliché de Lee Friedlander sorti de la série America by Car. Celui-ci, réalisé pour le coup lors d’un réel voyage du photographe, montre l’architecture presque surréaliste et artificielle de Las Vegas.

The Altered Landscape n’invite pas seulement au dialogue sur des préoccupations écologiques qui commencent à effleurer les consciences. Le livre clame aussi le besoin de se démarquer des visions idéalistes de beauté scénique et de nature immaculée qui pouvaient apparaître dans le travail de photographes au XXe siècle. Il n’est aujourd’hui plus question de seulement montrer la Terre comme un espace à observer mais également comme l’habitation décrépie d’une espèce insouciante.

Jonas Cuénin

The Altered Landscape
A paraître chez Rizzoli le 27 septembre 2011
288 pages – $65

Exposition au Nevada Museum of Art de Reno
Du 24 septembre 2011 au 19 février 2012
160 West Liberty Street
Reno
775.329.3333

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