Rechercher un article

Thaïlande –Maitree Siriboon

Preview

Maitree Siriboon est né en 1983 à Ubon Ratchathani, dans la province de l’Isarn, au nord-est de la Thaïlande. Il a déménagé à Bangkok à 15 ans pour étudier à l’École des beaux-arts puis est sorti diplômé de l’université Silpakorn. Ses photos ont été plusieurs fois primées en Thaïlande et publiées dans le monde entier, notamment dans Esquire, Elle et Wallpaper.

Du fait de la domination exercée par l’ancien royaume de Siam, le peuple isarn, qui représente les deux tiers des Thaïlandais, est souvent réduit à un stéréotype : des gens portant de drôles de noms, vivant de petits boulots et faisant une cuisine malodorante. Paradoxalement, la majeure partie de la population étant laotienne, la province de l’Isarn est aussi perçue par les citadins comme le dernier bastion de la « vraie » culture thaïe. D’où l’ambivalence des rapports de Maitree Siriboon avec sa région natale. S’il ne trouvait pas sa place à son arrivée à Bangkok, il y est devenu artiste et sûr de lui – attitude, à l’en croire, guère répandue chez les Isarn.

Sa première série, Isarn Boy Dream, invitait des étrangers à visiter sa maison et à poser dans un village traditionnel. Isarn Boy Soi 4 examine, de façon idéalisée, l’expérience de jeunes paysans transplantés dans une ville cosmopolite, suggérant la prostitution masculine des garçons qui monnayent leurs charmes dans Silom Soi 4, la rue gay de Bangkok. Siriboon s’y sent désormais chez lui. Il s’y représente nu et affublé d’ailes d’ange : allusion au souvenir d’avoir été perçu comme une bête de foire à son arrivée à Bangkok et mise en garde contre tout jugement hâtif à l’égard des money boys. « Si je n’étais pas devenu artiste, j’aurais fini là », fait-il observer. Dans cette œuvre, il pose entouré de sugar daddies, les « papas gâteaux » occidentaux, nus eux aussi. L’aspect théâtral de cette série, au drapé rouge en toile de fond, souligne la nécessité de se mettre en scène pour survivre dans la factice et réelle Bangkok.

Gilles Massot, Wubin Zhuang, commissaires

Texte extrait du livre-catalogue « Photoquai » coédition Musée du Quai Branly- Actes-Sud

Merci de vous connecter ou de créer un compte pour lire la suite et accéder aux autres photos.

Installer notre WebApp sur iPhone
Installer notre WebApp sur Android