Créées au cours des deux dernières années, les New Normal Pictures s’inscrivent dans la continuité des explorations de notre monde moderne vu depuis la rue par Gilbert & George.
« Nous posons la question ‘’Qu’est-ce que la vie humaine ?’’ et nous la transposons en images », expliquent les artistes. Bien que la série soit antérieure à la pandémie, elle entre en résonance avec l’expérience universelle d’une « nouvelle normalité » auquel le monde a dû s’adapter au cours de l’année écoulée face à un changement fondamental de notre réalité quotidienne. Toutefois, cette expression a une signification plus large pour les artistes, qui la considèrent comme un substitut au terme « existentiel», faisant référence à un sentiment de normalité constamment ajusté et renouvelé.
Ceci se reflète dans l’étrangeté urbaine de leurs tableaux avec l’introduction d’éléments radicalement nouveaux contribuant à leur donner une intensité surréelle. « Pour nous, l’art évolue constamment. Nous le considérons comme un voyage à travers la vie depuis le tout début, et nous nous impliquons à chaque fois dans quelque chose de différent ». Imprégnées d’un halo intensément coloré, les contrastes de tonalités et les distorsions d’échelle et de perspective de ces nouveaux tableaux se combinent pour créer une vision du monde moderne, subtilement décalée, pas tout à fait normale. Les ballons géants utilisés pour l’inhalation de gaz hilarant ainsi que les sacs de drogue monochromes, se détachant d’un coucher de soleil au rayonnement nucléaire, contribuent à l’impression d’un état altéré. Des lieux tels que Moss Close ou le cimetière de l’église de Spitalfields, des objets de notre environnement quotidien comme des arrêts de bus et des bancs publics, et même les silhouettes familières des artistes eux- mêmes, sont représentées de façon étrange, voire même « dérangeante » selon leurs propres termes.
Dans le texte publié dans le catalogue d’exposition, l’écrivain Michael Bracewell développe :
« Lorsque Gilbert & George prennent place dans leur art, les artistes apparaissent impassibles, spectraux, respectables, craintifs et possédés, des individus jetés dans une réalité qu’ils n’ont pas choisie, effroyablement libres de lui donner un sens du mieux qu’ils peuvent. (…) S’il existe un “tempérament” unificateur dans leur art, il découle de cette vision morale, selon laquelle la condition humaine moderne est perçue comme chaotique et poétique – une question d’indifférence à l’égard de l’univers ou du destin ; sans signification, sauf celle que l’individu crée pour lui-même et dont il est seul responsable. (…) Dans cette mesure, leur art est existentiel, transmettant l’intensité d’une normalité constamment renouvelée, comme un engagement actif avec l’essence de la liberté et du choix ; avec la volatilité, l’aliénation et l’imprévisibilité de la vie moderne telle qu’elle est liée par la technologie, les limitations et les croyances. »
Un catalogue illustré incluant un nouvel essai de l’écrivain et romancier Michael Bracewell accompagne l’exposition
Gilbert & George : New Normal Pictures
1 juin – 31 juillet 2021
Thaddaeus Ropac
69 avenue du Général Leclerc
93500 Pantin
