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Terrains of the body, photographies du National Museum of Women in the Arts

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Dans l’une des salles de la Whitechapel Gallery de Londres, le corps féminin s’expose.

En partenariat avec le National Museum of Women in the Arts de Washington, premier musée international entièrement consacré à l’art créé par des femmes, cette institution de l’est londonien présente les travaux de dix-sept artistes pionnières.

Au sein de ce petit espace, de grandes histoires individuelles et collectives entrent en dialogue avec le médium photographique et explorent sa capacité à raconter, contester, (dé)voiler. Parcourant la période des années 90 à nos jours, ces travaux reflètent un moment clé ; celui où la photographie documentaire est contredite par une photographie conceptuelle élargissant et complexifiant sa vérité et sa lecture.

Les femmes sont à l’honneur. Le corps et la photographie se font ‘terrains’ d’exploration et de protestation. A la fois surface, frontière et mémoire, le corps féminin est ici réapproprié et exploré par des histoires alternatives traversant les cinq continents. En faisant voir les limites du corps, de son sujet et de sa capture, ces artistes entrevoient ses impasses et possibles dépassements.

Reflet de nombreuses associations, le corps racialisé et social chez Nikki S. Lee se fait politique chez Marina Abramović. Il questionne sa place d’objet/sujet du discours chez Kirsten Justesen. Il est poésie du quotidien et espace domestique chez Hellen van Meene, jeunesse perdue chez Rineke Dijkstra, document, histoire et archive chez Nan Goldin. Le corps est une réalité changeante et malléable.

Ces explorations se heurtent constamment, tout en les faisant voir, à l’autorité et aux normes établies par un patriarcat latent. A travers Terrains of the body, ces femmes artistes reprennent le contrôle de leur représentation. Créatrices et sujets de l’image, celles-ci questionnent finalement l’autoportrait d’un genre, dont le manque d’informations contextuelles de l’exposition tend à essentialiser.

Le film Erasers d’Anna Gaskell forme le point de départ et d’arrivée de l’exposition. Le récit de la mort de la mère de l’artiste est raconté par de jeunes adolescentes, brouillant les limites du témoignage individuel. Glissant d’une adolescente à l’autre, le film (et en miroir, l’exposition) est ici performance d’un discours des femmes par les femmes et crée, peut-être en la forçant, une même voix traversant les générations et les localités.

Pendant d’une exposition parallèle à la Whitechapel Gallery consacrée aux Guerrilla Girls, Terrains of the body est une prise de position au sein d’un climat politique brûlant. Conçue à l’origine en l’honneur de la première présidente des Etats-Unis, cette exposition reflète aujourd’hui un combat pour l’égalité et droit du corps en réminiscence, célébrant la solidarité et la réunion.

Julie Bonzon

Julie Bonzon est doctorante en histoire de l’art au University College London (UCL), à Londres.

 

Terrains of the body: Photography from the National Museum of Women in the Arts
Du 18 janvier au 16 avril 2017
Whitechapel Gallery
77-82 Whitechapel
High St.
Londres, E1 7QX
Angleterre

http://www.whitechapelgallery.org/

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