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Stéphanie Buret, Dolce Vita en Enfer

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Une avenue bordée de palmiers, des cinémas à l’ambiance rétro, des cafés- restaurants art déco aux odeurs de macchiato et de pizzas, des vespas et des vieilles fiats… Voici Asmara, capitale de l’Erythrée ! Comme une jolie carte postale jaunie, elle est restée fidèle aux années de l’époque coloniale italienne. Sur la côte, c’est un passé au charme ottoman qui émerge des vapeurs de la Mer Rouge.

Pourtant, malgré cette apparente dolce vita, se cache un pays en grande souffrance, une population opprimée et fuyante, à la recherche d’un avenir meilleur.
L’Erythrée est en effet un petit pays de la Corne de l’Afrique, où le président et dictateur M. Afewerki exerce un régime totalitaire, qui s’apparente à celui de la Corée du Nord, le culte de la personnalité de son président en moins. Proche du système communiste, il n’y a pas de place pour l’individualité.

Depuis sa sortie de la guerre d’indépendance en 1993, l’Erythrée n’a toujours pas résolu son différend frontalier avec l’Ethiopie. En conséquence, les habitants (hommes et femmes) sont forcés de suivre le service national qui peut finalement durer toute la vie. Il n’y a qu’un seul parti et les journalistes ne peuvent exercer leur travail. L’économie est à son point zéro et les gens tentent de fuir le pays par tous les moyens. Mais obtenir des papiers est l’apanage des personnes âgées ou handicapées. Malgré tout, la fuite clandestine augmente depuis 10 ans. Maintenant environ 10% de la population ferait partie de la diaspora. C’est d’ailleurs celle-là qui fait vivre le pays par des rentrées d’argent régulières!

Et c’est celle-là que je connais, ici, en Suisse, où je travaille avec ces familles érythréennes depuis des années. Je décide donc de réaliser ce reportage en Erythrée en ayant connaissance des relations qui lient les émigrés à leur pays d’origine. Sur place, je constate que les gens vivent dans la crainte. Critiquer le gouvernement et parler aux étrangers peut avoir de graves conséquences et les touristes ne sont pas les bienvenus. Ils sont des espions potentiels. Les régions libres d’accès sont très restreintes et sous réserve d’une autorisation. Il est difficile de prendre des images. La suspicion est constante et omniprésente.

Rien ne fonctionne réellement ici (eau, électricité, internet). L’Erythrée est un pays isolé et figé dans son espace-temps. La guerre a fait rage et la nation est née. Le peuple fier s’est soulevé. 30 ans d’une guerre de libération. Les anciens combattants revendiquent leurs années de sacrifice pour la nation. D’ailleurs, pour le rappeler, en lieu et place de panneaux publicitaires, des affiches de propagande nationaliste parsèment le paysage urbain.

Mais le combat des armes est terminé. Seul, reste, le combat pour la liberté individuelle !

Stéphanie Buret

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