Marilyn Monroe : The Last Sitting, 1962
Par Bert Stern
(…) C’est l’histoire de Marilyn Monroe et du photographe. Elle dit ‘’… Au revoir.’’ C’était la fin de sa carrière, et de sa vie, et en un sens c’était le début de la mienne.
C’est juste après mon plus grand succès en tant que photographe que tout a a commencé. Le gamin de Brooklyn qui se contentait d’un travail, d’une fille, d’une voiture et d’un appareil photo – le professionnel à succès de 1962, allait bientôt se métamorphoser en empereur frénétique dans un studio de sept étages où souvent la publicité et la mode devaient être organisés simultanément, où des publicités pour la télévision étaient produites, et où une petite usine de sérigraphie produisait quotidiennement des éditions limitées de mon travail.
Les années soixante devaient être la décennie la meilleure et la plus folle, non seulement de la vie américaine mais de la mienne. C’étaient les années du juke-box, et de la musique, et des gros sous, de la piscine, et des trois enfants, et de la maison de ville, et du majordome, de la bibliothèque noire avec le Picasso au-dessus de la porte, Dr. Feelgood, et la Stingray bleu cristal, les voyages en avion vers Fire Island, et la maison fantastique avec le puits aux souhaits, le jardin d’herbes aromatiques et les roses de huit pieds de haut qu’Allegra faisait pousser pendant que je photographiais des beautés américaines à New York.
En 1962, j’avais encore ces années de succès et d’excitations devant moi et je n’avais pas encore commis mes plus grandes erreurs. Dans un sens, la prise de photos de Marilyn n’était qu’un avertissement des choses à venir.
Je sais que d’une certaine manière son esprit m’entoure depuis lors. Ses photos ont traversées les nombreux obstacles sur mon chemin et elles m’ont sorties de quelques moments difficiles quand j’étais au fond.
Et au fil des années, j’ai remarqué que les photos que nous avions fait ensemble appartenaient à tout le monde. Ce que j’avais fait était plus grand que moi. D’une manière ou d’une autre, elles sont passés de mes mains aux rêves de tout le monde. Certains négatifs ont été perdus ou volés. Une enveloppe entière pleine de diapositives couleur ont été volées dans mon appartement, et elles ont réapparues sur un chantier de construction… où d’autre qu’à Brooklyn ? Marilyn jette un coup d’œil derrière un foulard dans la vitrine de presque tous les magasins d’affiches et de litho.
Les images sont donc partout. Marilyn est partout. Mais il n’y a pas de Marilyn. Elle est partie. Marilyn était, comme elle le disait elle-même, un sex-symbol. Elle est morte jeune et reste éternellement jeune, symbole préservé par la mort.
Il y a eu beaucoup de belles femmes depuis Marilyn Monroe. Mais qui est là avec sa magie totale?
Plus personne n’a cette vulnérabilité. Nous nous tournons vers des modèles enfants dans une recherche instinctive de cette innocence et de cette fraîcheur, mais ils n’ont pas la sexualité féminine profonde qui venait de Marilyn comme la lumière.
Marilyn Monroe est la première déesse américaine – notre déesse de l’amour. Nous l’avons créée autant qu’elle s’est créée elle-même. Elle est née en réponse à notre désir sexuel et à notre éveil spirituel. Elle est partie, mais elle est partout. Les étoiles meurent, mais la lumière reste éternelle.
Par la magie de la photographie, la lumière de Marilyn Monroe nous atteint toujours, nous attire toujours, comme des papillons vers une flamme.
Bert Stern
Extrait de Marilyn Monroe : The Last Sitting, 1962
Par Bert Stern
Publié par William Morrow and Company, 1982
Bert Stern : Marilyn Monroe, The Last Sitting 1962
27 janvier – 26 mars, 2022
Staley-Wise Gallery
100 Crosby Street
New York NY 10012
www.staleywise.com