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Souvenirs de Charles Harbutt

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Souvenirs d’Arles

Ma première nuit au festival d’Arles était magique : la Place du Forum était pleine de guitaristes qui jouaient des chansons flamenco ou gitanes. C’est sur cette place que tout se passait, les gens se rencontraient autour des tables pour boire du vin ou du pastis, pour partager des racontars, des blagues, ou pour se montrer.
Mon meilleur souvenir arriva un an plus tard quand Eugene Smith gagna le prix pour son livre Minamata. Un jour je reçus un message m’invitant moi, ma femme, la photographe Joan Liftin et Eugene à déjeuner avec Henri Cartier-Bresson et Martine Franck dans leur maison près d’Arles. Eugene et Henri s’étaient rencontrés chez LIFE Magazine. Joan et moi les avions rencontrés chez Magnum.
Après le déjeuner, Henri nous reconduisit à Arles. En route, Eugene se mit à le taquiner sur la rétrospective qu’il venait de publier. Smith aimait appeler Henri « Hank Carter ». Il commença par dire : « Hank, ça fait combien de temps que tu fais des images ? »
Je soupçonne Cartier-Bresson de savoir ce qui allait suivre. Il répondit, laconique : « Trente ans à peu près.
— Et combien d’images y a-t-il dans le livre? demanda Eugene.
— Quatre cent cinquante.
— Wow ! fit Eugene. Penses-tu réellement créer quinze chefs-d’œuvre par an, chaque année ? Même Picasso n’était pas aussi productif. Allons, c’est quoi ta moyenne véritable ? »

En arrivant en ville, Eugene avait réussi à faire admettre à Henri que la moyenne se situait plutôt à neuf.

Archives de l’Œil de la Photographie – Charles Harbutt, 2011

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