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Souhayl A, Gangsta Dating Story project

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Qu’avez-vous appris de votre expérience au cœur des gangs ? De leur comportement ? De leur façon de vivre ? Quelle est leur devise ?…

D’abord je tiens à souligner que le phénomène des « gangs » se développe en général à la périphérie des grandes villes ou dans des quartiers ou le taux de pauvreté est élevée et cela indépendamment de l’origine ethnique des gens ; il existe des gangs asiatiques, afro, latino…en général ils se structurent tous de la même façon. Dans les pays pauvres ils se contentent de gagner des territoires en usant de la force et on corrompant les autorités locales afin d’assoir une économie souterraine de subsistance par le trafic de drogue ou de la prostitution par exemple… comme c’est le cas des favelas au brésil ou les Marasalvatrchas au Salvador… où ces organisations mafieuses ont acquises des territoires importants, se substituant même au rôle d’un état déficient dont beaucoup de ses corps constituants sont gangrénés par la corruption notamment la justice et la police. Dans les pays riches et notamment aux USA, les gangs sont également des territoires de non droits bâtis par les mêmes méthodes mafieuses que l’état combat tant bien que mal, en apparence tout du moins, et dont il tolère en réalité l’existence, car ces dernières génèrent aussi une certaine économie qui fais vivre pas mal de gens… Dans une société d’apparence, hyper matérialiste comme c’est le cas de la société américaine, il n’est pas surprenant donc de voir le phénomène des gangs générer un marché de consommation, une sous-culture propre à eux, notamment par la musique Hip Hop ou le Rap…un style de vie qui s’est longtemps affranchi de toute morale et dont les codes de séduction se basent sur une attitude d’ostentation et de vantardise permanente ; « Get rich or Die », « Get the money, fuck the bitches »… On parle alors de « Gangsta Way of Life ». Autrement dit, ce que l’honnête citoyen tend à acquérir par une dure vie de labeur et d’efforts, le gango veut l’avoir ici et maintenant quel que soit les moyens employés pour y parvenir.

Pour moi les gang sont la face obscure de l’« American Way of Life », une dégénérescence produite par le recul de la morale (religieuse ou civique) et l’avènement de la société de consommation avec son mode de vie libéral-libertaire dont les principaux fondement sont le « Capital » et le « Marché ».

Comment avez-vous pu pénétrer ce milieu violent ? Comment avez-vous réussi à vous faire accepter au point d’arriver à photographier librement ? Quels objectifs vous-êtes-vous fixés ?

L’histoire a commencé en 2012 quand j’ai reçu chez moi à Paris via le réseau social couchsurfing.org une afro-américaine avec laquelle j’ai sympathisé et à qui j’ai fait visiter Paris durant une semaine. Apprenant qu’elle avait des cousins dans le South-Bronx et sur la côte Est Américaine et en voyant les photos Instagram qu’elle m’a montrée des profils de ces types… j’ai eu l’inconsciente idée de lui demander immédiatement si je pouvais venir les photographier. Commence alors, une période de six mois de négociation et de tâtonnement de terrain afin que je puisse finalement débarquer aux USA pour une première introduction qui durera quatre jours où j’ai en réalité très peu photographié mais cela m’a permis de dresser les contours du projet et d’apprivoiser et distinguer entre ce que je voulais photographier par la suite, de ce qui été en dehors de mes limites de compétences. S’en suivront deux autres voyages plus organisés qui ont permis de donner corps au travail que je présente actuellement.

La principale difficulté du projet était de réussir à surmonter ses peurs pour inspirer la confiance et se faire accepter ainsi dans le milieu. Pour réaliser cela il faut bien évidement avoir non seulement une stratégie mais également se fixer des limites à ne pas dépasser. Autrement dit, il faut aimer l’adrénaline, faire beaucoup de psychologie et faire appel en permanence à son propre sixième sens pour sentir le danger quand il arrive, afin de préserver son intégrité physique et ne pas risquer inutilement sa vie.

Exerçant un autre métier en dehors de la photographie je ne pouvais adopter une stratégie d’immersion comme le font parfois les photos-reporters, j’ai donc fais quatre voyages, d’une durée totale de trente-cinq jours. Dès le premier voyage il m’est apparu clairement que les rapports hommes/femmes dans le milieu « gangsta » été le sujet le plus photogénique et qu’il fallait orienter ma photographie dans ce sens et décortiquer les codes de séduction entre les hommes et les femmes dans ce milieu, afin de proposer une vision d’auteur en complément de ce qui pourrait être un travail sociologique sur le phénomène des gangs.

Une fois les images obtenues, commence alors une longue période de prise de distance et de tri pour ne garder que 10% des images les plus intéressantes. Cette phase d’ Editing et de post-production me prend en général des mois. C’est pour moi la phase la plus compliqué du projet dans la mesure où l’on est seul face à ses choix. Réussir a transposé un ressenti du terrain et le traduire dans une écriture photographique cohérente est un exercice exigeant qui me prend souvent beaucoup d’énergie.

http://souhayla.com/video-gangsta-dating-story.html

Souhayl A

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