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Rétrospective Stephen Shore au MoMA : lambiner au milieu des trésors

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Il y a des noms dans l’histoire de la photographie qui fonctionnent comme des balises tant ils ont fait école et Stephen Shore fait partie de ceux-là. On ne connait que trop bien son apport comme pionner de la photographie couleur et poète du banal. Souvent, quand il s’agit de grands photographes, les expositions monographiques confondent récit biographique et discours historiographique. C’est qu’il est difficile d’avoir un regard neuf sur une œuvre quand elle a été autant digérée, copiée, interprétée et moulinée par la critique et l’analyse. L’exposition Stephen Shore au Museum of Modern Art de New York semble avoir évité un tel écueil et son commissaire, Quentin Bajac, a joliment réussi à parasiter les poncifs sur l’œuvre de Stephen Shore alors qu’on la pensait presque déjà fossilisée.

L’exposition élargit son propos au-delà des incontournables American Surfaces et Uncommon Places des années 1970 et 1980 et puise jusqu’à ses premières photos de rue au début des années 1960 et à ses images de la Factory et d’Andy Warhol à la fin de la décennie. Elle s’intéresse aussi à ses productions plus récentes comme ses paysages, ses livres autoproduits et son compte Instagram et surtout elle amène une certaine fraicheur quand elle se donne l’air de digresser. Ainsi, les deux espaces dédiés aux travaux commissionnés ou à son travail d’enseignement précisent un peu plus le récit biographique. Le choix de présenter les images de American Surfaces dans leur accrochage originel, sans cadre, en petit format, simplement collées au mur, leur redonne une simplicité bienvenue. La partie dédiée à l’excellente exposition « All the meat you can eat » de 1971 semble être une lecture rétrospective un peu facile (on y décèlerait déjà le goût de Shore pour le banal et la photographie amateur) mais elle a le mérite de penser la transition entre sa période conceptuelle et sa production vernaculaire, loin du poncif de la « rupture ».

L’exposition réussit ce qu’elle voulait faire et d’ailleurs le catalogue le recapitule encore plus clairement : traverser l’œuvre de Stephen Shore différemment et montrer qu’elle est bien plus foisonnante voire même contradictoire qu’on ne le pense d’ordinaire. Certains choix scénographiques peuvent sembler un moins enchanteurs, comme ces livres pendus du plafond ou cette sélection par Stephen Shore lui-même de photographies d’autres artistes. Mais on doit le dire : même vues et revues, ces images restent très belles et en même temps si simples qu’on se plait bien à lambiner au milieu de ces petits trésors.

 

Hugo Fortin

Hugo Fortin est un auteur spécialisé en photographie basé à New York, aux Etats-Unis.

 

Stephen Shore
Jusqu’au 28 mai 2018
MoMA
11 W 53rd St
New York, NY 10019
Etats-Unis

https://www.moma.org/

Catalogue Stephen Shore
Quentin Bajac
$75

https://store.moma.org/books/moma-publications/stephen-shore/900048-900048.html

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