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Rencontre avec Yves Brès, Président des Photographiques

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Au fil de ses 34 années d’existence, le festival a présenté au public manceau plus de 300 photographes, parmi lesquels de grands noms, tels que Sabine Weiss, Bernard Plossu ou encore Claude Dityvon, pour ne citer qu’eux… Sous le nom de Festival de l’image du Mans, la manifestation a vu le jour en 1978 pour mettre à l’honneur l’Image au sens large. C’est en 2006 que le festival change de nom pour les Photographiques, et assumera à cette occasion sa position à défendre la photographie. Yves Brès, président du festival, nous invite à découvrir cette aventure photographique.

Ericka Weidmann : Pouvez-vous nous raconter l’histoire du festival, qui fête aujourd’hui ses 34 ans ?
Yves Brès : Le Festival de l’image du Mans est né en 1978, à l’initiative de membres d’une commission culturelle extra municipale. Au tout début c’était une manifestation au spectre large, incluant la photographie avec expositions d’auteurs et concours d’amateurs, mais aussi le cinéma, la télévision puis la vidéo, voire les arts graphiques. Il s’agissait alors plus de juxtaposer les pratiques que de les croiser. Mais la photographie y a toujours tenu une place centrale.
La création du Festival du Mans participe à ce vaste mouvement, qui au cours des années 80 amènera de nombreuses initiatives comparables, notamment dans l’Ouest. À cette époque, l’enjeu est clairement, pour la photographie, de se faire une place dans le champ culturel. C’est l’époque des éditions Contre-jour, des Cahiers de la photographie… Le Festival de l’image se positionne alors résolument dans le champ de la « photographie d’auteur ». Le soutien de Jean-Claude Lemagny contribue à mettre en relation l’équipe du Festival, qui entre temps s’est constituée en association, avec un large éventail de photographes contemporains.
Au hasard des quelques 300 noms qui jalonnent les catalogues, on trouve aussi bien Gladys que Patrick Bailly-Maitre-Grand, Gilbert Fastenaekens, Sabine Weiss ou encore Claude Dityvon, René-Jacques, Keiichi Tahara et Bernard Plossu…
Depuis 2006, Les Photographiques prolongent cette aventure et en revendiquent totalement l’héritage. En changeant d’intitulé à un moment où beaucoup considèrent que la photographie a fait son temps et que le siècle nouveau sera celui de l’image, nous avons délibérément pris un parti de résistance.
La photographie – nous le constatons à chaque nouvelle édition – a encore des choses à dire , des réalités sans cesse renouvelées à explorer, des voies inédites à emprunter. Et elle a à se défendre de ceux qui la relèguent au rang de matière première alimentant les industries de la communication, tout comme elle a à se préserver des éthers dorés du marché de l’art contemporain.

EW : Plus d’une dizaine d’expositions sont organisées chaque année, comment s’opère la sélection de ces dernières ?
YB : L’organisation dans son ensemble repose sur un poignée de bénévoles passionnés, dans un esprit associatif militant. La sélection des expositions est effectuée dans ce cadre collectif. Une fois la thématique ou l’axe de recherche défini en commun, la recherche s’engage avec tous les moyens disponibles et l’ensemble du réseau qui s’est peu à peu tissé autour des Photographiques. La programmation définitive fait l’objet d’une discussion collective. Nous privilégions l’exigence artistique et l’engagement des auteurs, dans un souci constant de pluralisme et de diversité sévèrement encadrés dans les limites de nos moyens financiers…

EW : Quel public attirez-vous avec cette manifestation ? Les manceaux sont-ils concernés par la photographie ?
YB : Le public des Photographiques est essentiellement manceau. C’est une manifestation ancrée dans son territoire. Nos effort, ces dernières années, ont porté sur l’élargissement de la notoriété des Photographiques, d’abord dans l’espace régional spécifique du pays manceau, au carrefour des Pays de la Loire avec la Bretagne, la Normandie, la Touraine et l’ouest parisien.

EW : Comment situez-vous Les Photographiques parmi les nombreux festivals de photographie organisés sur tout le territoire français ?
YB : Notre festival n’a pas l’ambition de concurrencer les « grosses machines » qui disposent de moyens professionnels importants. Nous restons convaincus qu’il y a une place pour des initiatives purement associatives.
Ce double parti pris du territoire et de l’associatif conditionne notre positionnement par rapport aux autres festivals. Notre programmation s’oriente essentiellement vers la jeune photographie, en veillant à faire une place significative aux créateurs locaux.

EW : Après plus de 30 ans d’activité, quels sont vos soutiens financiers pour réaliser le festival ?
YB : Nos soutiens financiers sont constitués presque exclusivement de subventions publiques. Au premier plan des contributeurs figure la Ville du Mans, tant pour son apport financier que pour les moyens logistiques mis à disposition. La Région des Pays de la Loire et le Département de la Sarthe nous accompagnent aussi régulièrement. Les moyens réguliers sont figés depuis de nombreuses années, à l’exception de la subvention du département qui a baissé il y a trois ans. Cela constitue sur la durée, une érosion de fait que nous nous efforçons de compenser par des financements exceptionnels liés à des projets spécifiques.

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