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Prix de photojournalisme 2013

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C’est la quatrième édition de ce prix de photojournalisme unique au Portugal. Il est le seul dans son domaine et on pourrait douter qu’un autre concours, même s’il existait, puisse égaler en qualité celui ci. La qualité du jury (en témoigne la composition de celui de cette année : Elisabeth Biondi, présidente du jury, Jim Casper, Mauricio Lima, Paul Hanna), de l’exposition et de la prestation devrait avoir mené ce concours à un niveau international. Seulement les conditions de participation restreignent son impact tout en légitimant son propos, puisqu’il y a deux manières de postuler : soit être ressortissant d’un pays lusophone ou de Galice, soit travailler dans ces régions. Le prix se découpe selon les catégories « classiques » d’un prix de photoreportage : actualité, vie quotidienne, art et spectacles, environnement, série de portrait, sport.

Quant au lieux choisi pour la présentation des nominés à Lisbonne, il est plein d’emphase : c’est une ancienne manufacture du XVIIIe siècle, comportant au rez-de -)chaussée trois salles immenses en enfilade, au plafond vouté et aux arcades pesantes. Malheureusement il est excentré et peu facile d’accès. Malgré sa proximité avec Belem, sa situation n’est pas un lieu de passage et l’espace reste connu des seuls connaisseurs.

L’exposition a un souci exhaustivité puisqu’elle présente chacun des nominés, avec quatre photographies chacun (d’autres images sont visibles sur le site internet d’Estaçao Imagem). Les reportages primés portent sur des thèmes variés, parmi lesquels la crise revient souvent : à travers son impact en Grèce pour le travail de Bruno Simoes ayant reçu le premier prix toutes catégories, qui présente une série sombre où le noir et blanc ajoute à l’angoisse ambiante, ainsi que ses conséquences au Portugal, dans les travaux de Pedro Nunes, Antonio Pedro Santos, Patricia De Melo ou encore Daniel Rocha.

Les traitements sont différents, mais la préoccupation demeure. A travers les images de Pedro Nunes, le noir et blanc n’est plus une empathie supplémentaire mais durcit la solitude qui accompagne les figures présentes. Le titre de cette série, Une crise honteuse (2e prix de la catégorie actualité), marque bien la différence avec la révolte et la violence qui ressortent des images de la Grèce. Ici, au Portugal, la douleur est plus sourde car la honte se dissimule. Mais avec le retour du soleil, la crise se dissout dans l’air. Pour Antonio Pedro Santos, c’est l’omniprésence des écrans de télévision dans les intérieurs portugais qui nous rappelle la situation. Cette série, La crise est le plus grand « reality show » du monde (3e prix de la catégorie Actualité), nous montre avec ironie combien les postes de télévision, censés amener le divertissement au quotidien, réintroduisent la crise au cœur des foyers portugais. Ces intérieurs paisibles et humains deviennent alors le décor des tragiques, mais sensationnelles, nouvelles économiques du monde. On retient aussi l’étonnant travail de portrait double de Mario Macilau, dont ce dégage une grande douceur et beaucoup de solitude (2e prix dans la catégorie Portrait). D’autres travaux seraient à mentionner (voir site), car la sélection est riche de réflexions variées autant sur le fond que sur la forme.

En parallèle du prix, Estaçao Imagem décerne aussi une bourse, suivant les mêmes conditions que le prix mais dans un but précis. Cette bourse doit permettre la réalisation d’un travail documentant la région de l’Alentejo (cente du Portugal). Ce choix rappelle les liens originels existant entre le groupe Estaçao Imagem et la ville de Mora, dans l’Alentejo. Après un projet d’implantation du siège du groupe dans cette ville, les relations se sont distendues au fil des changements politiques, mais cette bourse rappelle que des liens existent encore (le travail récompensé par la bourse de 2013 sera présenté dans un autre article)

Par ailleurs, Estaçao Imagem a beaucoup d’autres projets et ses regards sont tournés vers Lisbonne. A commencer par juin 2014, date à laquelle leur galerie devrait s’ouvrir en plein centre de la capitale, dans le nouveau quartier dynamique et florissant de Cais do Sodré. C’est presque les pieds dans le Tage que les prochaines éditions seront présentées, dans un espace certes moins imposant mais plus intime et mieux situé.

Puis 2015, année faste, où devrait voir le jour un festival de Street Photography qui battra son plein au cœur de Lisbonne et redonnera ses lettres de noblesse photographiques à cette ville. Entre des expositions, un concours, des affichages instantanés d’images aux points cardinaux de la ville — c’est tout Lisbonne qui verra sa géométrie se changer au fil de la photographie. Cet évènement cherche à atteindre un but ambitieux en impliquant tous les publics de Lisbonne (les locaux, les touristes, les passionés de photographies), mais aussi à faire de Lisbonne un point de rencontre des communautés de Street Photography. Autant de bonnes raisons de garder un œil sur cette ville !

 

Estaçao Imagem
Prix de Photojournalisme 2013
Jusqu’au 30 Mars
Galerie Torreao Nascente da Codoaria Nacional,
Av da India
Lisbonne

Du mardi au vendredi de 10 h à 19 h
Les samedi et dimanche de 14 h à 19 h
fermé le lundi et les jours fériés

http://www.estacao-imagem.com/ 

 

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