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Pierre de Fenoÿl, Une géographie imaginaire aux éditions Xavier Barral

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De ses premiers voyages en Inde et en Égypte à son exploration des paysages du Sud-Ouest, dans le cadre de la mission de la DATAR, l’œuvre de Pierre de Fenoÿl est publiée dans un ouvrage aux éditions Xavier Barral. Les textes de cet ouvrage rétrospectif sont signés Virginie Chardin, Jacques Damez et Peter Galassi.

En 1982, Hachette publiait Chefs d’œuvre des photographes anonymes aux XIX siècle, un ouvrage avec une sélection de 166 photographies choisie par Pierre de Fenoÿl parmi la collection de Jean Henry. Un essai de Peter Galassi explore la contribution de l’ouvrage à la reconnaissance de la valeur esthétique vernaculaire (même si il ne s’agit pas toujours d’anonymes) de la photographie  considérant les livres liés à cette période, y compris John Szarkowski, The Photographer’s Eye (1966); Volker Kahmen, Photography as Art (1973); Sam Wagstaff, A Book of Photographs (1978); Bruce Bernard, Photodiscovery (1980); ou encore Larry Sultan and Mike Mandel, Evidence (1977). 
Voici un extrait de texte par Peter Galassi issu du livre Pierre de Fenoÿl. Une géographie imaginaire. (Éditions Xavier Barral, 2015):

Fenoÿl a écrit un essai sur Anonymes l’année suivant sa parution, dans lequel il salue Evidence et place le pouvoir esthétique de la photographie dans « [s]a capacité unique de saisir le hasard, de conduire l’invisible dans le domaine du visible. Toute photo est anonyme à mon sens tant que joue et peut jouer ce hasard qui fait qu’on ne peut réellement attribuer la paternité d’une image réussie à la seule action de l’auteur ». (Pierre de Fenoÿl).

L’essai paraît au printemps 1983 dans le premier numéro de Photographies, un mensuel lancé, comme le précise une note en première page, comme « un témoignage de la volonté du ministère de la Culture de développer une politique active en faveur de la conservation et de la mise en valeur du patrimoine photographique ». Dans un éditorial de présentation, le jeune rédacteur en chef, Jean-François Chevrier, explique que le débat sur la photographie anonyme présenté dans le premier numéro a été inspiré par Anonymes, « un album conçu en dehors de toute considération historique, et même contre un certain regard historique ». Il reconnaît que « le mépris de l’histoire est une preuve de santé, dans la mesure où il permet de regarder les images, les oeuvres au présent », mais note également qu’il peut mener « au ressassement obsessionnel d’une fascination ». Que la pique vise ou non le livre de Barthes récemment paru, elle reprend une dimension centrale de chacun des ouvrages examinés ici.

Wagstaff était un historien d’art accompli qui avait été conservateur « en haut lieu », là où la photographie était négligée, et il voulait sans aucun doute que sa passion esthétique déclenche « l’histoire révisionniste de la photographie » qui s’est effectivement développée au cours des trente dernières années. Mais il était également convaincu que la passion devait guider la plume de l’historien, plutôt qu’être étouffée par les conventions de l’histoire. Il pensait ainsi que si les photographies d’Atget sont intéressantes sur le plan esthétique, alors il faut les considérer pleinement comme des œuvres d’art même si celui qui les a prises n’avait pas le nom d’artiste. Certains, de nos jours, peinent encore à accepter ce paradoxe, bien que suffisamment de temps ait passé pour l’analyser et reconnaître son extraordinaire richesse sur le plan artistique. Voilà pourquoi il nous faut continuer à célébrer les passions incarnées par Anonymes  et ses cousins, alors même que nous tentons de les intégrer aux nouvelles tendances de l’histoire.

Bien qu’Evidence  et Anonymes  proviennent de corpus d’images très différents, et que le premier ait été conçu comme une oeuvre d’art et le second dans le cadre d’un projet curatorial, les deux ouvrages sont plus proches l’un de l’autre que de tous les livres examinés ici. Si, comme le dit Mandel, Evidence est un « poème sur l’amputation de la sensibilité humaine au service du progrès technologique », Anonymes  peut être interprété comme un poème sur une certaine dimension de la société française au tournant du vingtième siècle.

Peter Galassi

LIVRE
« Pierre de Fenoÿl. Une géographie imaginaire »
Textes de Virginie Chardin, Jacques Damez, Peter Galassi.
Éditions Jeu de Paume / Xavier Barral.
240 pages, format 24 x 28 cm à la française
144 photographies et illustrations
Prix : 50 euros.
ISBN : 9782365110730
http://exb.fr

EXPOSITION
Pierre de Fenoÿl (1945-1987). Une géographie imaginaire
du 20 juin au 31 octobre 2015
Jeu de Paume –
Château de Tours

25 avenue André Malraux
37000 Tours
France
Tél. : 02 47 21 61 95
Horaires : du mardi au dimanche
de 14h à 18h
Entrée gratuite
http://www.jeudepaume.org

A VENIR
Pierre de Fenoÿl Paysages conjugués
du 5 septembre au 31 décembre 2015
Galerie Le Réverbère

38 Rue Burdeau
69001 Lyon

France
Tél. : 04 72 00 06 72
http://www.galerielereverbere.com

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