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Photo Poche : Saul Leiter

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Depuis 2022, année de ses quarante ans, Photo Poche fait peau neuve. Exit l’iconique couverture noire, chaque numéro se revêt désormais de lumière : un fond blanc bordé d’un liseré coloré. Cette nouvelle identité confiée aux graphistes Wijntje van Rooijen et Pierre Péronnet doit rendre la lecture de la collection plus agréable. Une transformation qui offre l’occasion de revisiter d’anciennes éditions. En témoigne le numéro 113, consacré à Saul Leiter. Revue et augmentée, cette réédition est sortie en juillet 2023, en marge de la superbe rétrospective que lui consacraient les Rencontres d’Arles.

En soixante-quatre clichés, l’ouvrage nous transmet l’essence du génie de Saul Leiter. Ce Midas de la photographie était capable de changer en or tout ce qu’il touchait, de la photographie de rue au portrait en passant par la mode, le nu et la nature morte. Le photographe américain s’approprie chaque registre dont il bouscule les codes, jouant comme un magicien avec le cadre et la composition, les lignes et les formes, les reflets et transparences. Les regards qu’il saisit nous forcent à l’arrêt tandis que ses couleurs sont une source intarissable de fascination. Il en est un pionnier et un maître indéniable.

D’où lui vient ce sens inné de la couleur ? De son premier amour pour la peinture ? À 20 ans, Saul Leiter quittait son Pittsburgh natal et des études de rabbinat pour une carrière de peintre à New York. Il découvre Willem de Kooning, Mark Rothko et les peintres de l’expressionnisme abstrait. Il se tourne pourtant vers la photographie. La grande exposition d’Henri Cartier-Bresson lui donne envie d’immortaliser la rue. Avec Louis Faurer, Sid Grossman ou Leon Levinstein, il contribue au fugitif mouvement de la street photography.

Saul Leiter n’oublie pas sa sensibilité pour le troisième art et c’est certainement sa passion pour le nabi Édouard Vuillard qui influence le plus son usage de la couleur. Véritables explosions de couleur, ses clichés font l’effet d’un tableau à la limite de l’abstraction. Il aborde la rue en peintre-poète plutôt qu’en photographe documentaire. Et lorsqu’il immortalise la ville en noir et blanc, c’est avec ce même élan poétique et un regard toujours tourné vers le détail.

Dans le texte introductif à ce numéro, l’historien de l’art américain Max Kozloff propose une subtile analyse de l’œuvre de Saul Leiter à travers plusieurs morceaux choisis. Il raconte notamment la discrétion notoire du photographe. Sa renommée tardive lui aura permis de rester dans cet anonymat qu’il affectionnait tant. Sans lui, jamais, peut-être, n’aurait-il pu s’approprier la rue et ses âmes avec une telle créativité.

 

Saul Leiter
Dans la collection Photo Poche, n°113
Editions Actes Sud, 2023
144 pages
ISBN : 978-2-330-17889-5
13,90 €
Disponible dans les bonnes librairies et en ligne

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