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Philippe Durand, œil totémique dans la grotte de Chauvet

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Dans un parcours photographique hautement hallucinogène, l’artiste explore l’antre mythique de la Préhistoire en France, la grotte de Chauvet-Pont d’Arc, et révèle un peu de son écorce surnaturelle. 

Quand cette cavité ornée de peintures pariétales extraordinaires a été découverte en 1994, les trois chercheurs, dont M. Chauvet, ont tout de suite compris qu’elle ne pourrait jamais être ouverte telle quelle au public. La leçon de ce qu’il s’est passé à Lascaux était dans toutes les mémoires. Si une réplique a vu le jour à côté et accueille aujourd’hui des centaines de milliers de personnes par an, la grotte authentique n’est accessible qu’à une poignée d’élus : chercheurs, artistes, écrivains. Ainsi, ils sont les seuls à pouvoir humer l’air si singulier de la grotte de Chauvet-Pont d’Arc, lieu où tant d’humains sont passés à l’aube de l’humanité, voisinant auprès des grands troupeaux qu’ils chassaient.

L’Association pour le rayonnement de la grotte, le Ministère de la Culture et la région, dans une volonté d’ouvrir les lieux à des artistes et cette fois pour un travail placé sous le « signe de la jeunesse », ont choisi le photographe Philippe Durand. Réalisée entre février et avril 2018, sa série vient de paraître dans un livre aux éditions RVB (L’aventure intérieure) et d’être exposée à la galerie Laurent Godin (septembre 2021). En tout quatre séances de deux heures, temps maximal autorisé dans la grotte pour ne pas l’abimer, afin d’en capter une impression d’humain du XXIe siècle confronté à ce territoire lointain et obscur, dont nous ne savons presque rien.

Vertige

Ainsi Philippe Durand a eu l’idée de suivre la piste du chamanisme, si souvent évoquée à propos des habitants de la Préhistoire en nous apercevant que ces derniers semblaient pratiquer de puissants rituels dans lesquels la peinture pariétale pouvait agir comme révélateur magique et avec, à Chauvet, cet étrange espace couvert de crânes d’ours.

Doté d’un fort flash et de six filtres de couleur (rouge, vert, bleu, jaune, violet, orange), le photographe offre une déambulation visuelle aux effets acidulés dans la pure veine de l’iconographie psychédélique des années 1970.

Ces fragments par couleur livrent cependant davantage que la seule promenade illuminée de l’auteur. Ils permettent de cerner ici ou là un dessin, une forme ou une profondeur dans la cavité qui déclenche alors une sensation de vertige tout autant qu’une fascination totale devant l’œuvre de semblables si lointains.

Mystères que ces ronds à l’ocre rouge comme du sang séché, cette silhouette de bouquetin tracée à la suie, cette croix de crucifié qui surgit soudain et ressemble tant à celle du Golgotha.

Loin de divulguer tout les dessous du charme qu’opèrent ces traits des profondeurs, le travail de Philippe Durand permet de les sentir tout près.

Jean-Baptiste Gauvin

 

L’aventure intérieure – Philippe Durand Éditions RVB

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