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Peter Hujar, Speed of Life : un livre de sentiments

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En complément de la magnifique exposition Peter Hujar : Speed of Life à la fondation de MAPFRE de Barcelone, Aperture publie le livre éponyme rassemblant l’œuvre du photographe américain, icône de l’underground new-yorkais des années 1970-1980 et d’une génération perdue d’artistes décédés du Sida. A l’époque, le bas de Manhattan – que l’on appelle downtown – est une pépinière de talents. Peter Hujar, connu pour ces portraits d’intellectuels et d’artistes tels que Susan Sontag, Andy Warhol ou le sous-estimé David Wojnarowicz, est un photographe de son quotidien et de son quartier. « Rencontrer Peter Hujar n’était pas difficile », écrit dans l’introduction du livre Joel Smith, commissaire d’exposition à la Morgan Library & Museum de New York. « Tout le monde dans l’East Village, semble-t-il, le connaissait de vue ou s’était assis à un moment donné à la table bleue de la cuisine dans son loft de la douzième rue. Il était un lien entre divers cercles artistiques, dans tout New York, qui ne se rencontraient pas autrement. Mais Hujar était difficile à connaître de près, à convaincre ou à dissuader. Difficile à sauver de la solitude, des euphories, de l’autopunition, du fatalisme, de la rage ».

Trituré et introverti, Peter Hujar, mort en 1987, vient aujourd’hui sur le devant de la scène mais a longtemps été oublié. Du grand public, il n’était du reste pas plus célèbre de son vivant, refusant l’autopromotion. Mais il demeurait une légende urbaine. Sa personnalité se ressent ainsi sensiblement dans ses photographies, à la fois douces, suggestives, expérimentales, mélancoliques. L’ouvrage en contient 160 et c’est bien plus que ce que l’on connaît communément de lui. S’y mêlent portraits d’hommes et de femmes, d’animaux, de bébés, vues architecturales, scènes de rues, paysages reposants, détails perturbants, mises en scènes loufoque, ou photos de voyages, dans une atmosphère à rendre ces pages délicates. De nombreux portraits y suggèrent la tendresse que Peter Hujar avait pour ses sujets et les choses en général. D’autres images nous interpellent fortement. Si bien que l’on y traverse divers et profonds sentiments. On est assurément dans une photographie de l’intimité et dans le courant qui regroupe Larry Clark, Nan Goldin et bien d’autres. L’extrême sensibilité de Peter Hujar semble être à l’origine de la comparaison qui est faite entre sa photographie et celle de Robert Mapplethorpe. Tous deux sont homosexuels, new-yorkais et morts du HIV. Ce livre apporte néanmoins une nuance à cette confrontation aisée : il renferme un certain nombre d’images qui prouvent que Peter Hujar, lui aussi, savait manier l’esthétisme. Même si cette étiquette d’artiste maudit lui collera probablement toujours à la peau, cet ensemble d’images apporte un regard neuf sur un personnage à la fois complexe et attachant.

Jonas Cuénin

 

Peter Hujar, Speed of Life 
Publié par Aperture
50 $

http://aperture.org/

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