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Paris : Luca Campigotto, les règles de la vision

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De quel animal ce photographe tient-il ? Il voit mieux la nuit ou entre chien et loup. A la limite, un ciel orageux peut lui convenir. Luca Campigotto semble se cacher pour prendre la photo de ces paysages qui le laisseraient pourtant sans doute faire. Il se place comme s’il dérobait une vérité, une histoire, à travers des images très évocatrices, sans pourtant qu’aucune légende ne vienne jamais confirmer la dramaturgie qui s’y joue. Il y a de la traque comme de l’analyse dans ces photographies que l’on aime contempler en détail.

Les paysages sont ouverts et rendus complexes par l’accumulation de transformations dues aux hommes, ou par une nature que d’autres verraient paisible mais qu’il rend bruyante d’une infinité d’éléments très lisibles, qu’ils soient naturels ou des traces de l’histoire.

Dans les photos portuaires les détails sont énormes. La proue d’un bateau occupe les deux tiers d’une image, le pont d’une grue segmente une photo en plusieurs parties, un amas de câbles suggère l’immensité d’un navire, les reflets des paquebots qui attendent leurs voyageurs ou encore la lueur d’un magasin laissent deviner l’activité.

L’horizon, très éloigné de ces premiers plans imposants, complète l’information sur le contexte de la photographie.

Pour le patrimoine construit, le travail est moins binaire, la lumière est gérée comme une scène de théâtre : forte sur les personnages principaux (ici les monuments les plus célèbres), progressive sur le contexte. Il y règne quelque chose de très électrique, comme si ces édifices étaient sculptés au laser, éclairés en même temps devant et derrière, comme un portrait de studio raffiné.

A partir de détails, c’est finalement une foule de sentiments et d’informations que Luca Campigotto réussit à nous transmettre avec des photographies fortes et originales tirées en grand format pour que l’on s’attache à les décrypter longuement. C’est la réussite paradoxale de ce travail si soigné du point de vue de la retouche : il fait plus appel à nos sens qu’à l’hyper-réalisme dont il est le fruit.

Ce regard sur l’Italie qui semble furtif, pris à distance, de nuit, sans aucun personnage, donne, du nord au sud, la profondeur du poids de l’histoire. Cet héritage d’un pays qui a souvent réinventé l’art est le défi que doivent relever les artistes des générations successives.

Luca Campigotto a trouvé sa réponse à la fois dans une utilisation méditée de la photographie, et dans ce corps à corps sans intermédiaire avec la minéralité de son pays. Cette approche féline donne à voir plus que notre regard ne le ferait. La vision est à la fois sélective et augmentée, agréable et brutale, calme et sourdement bruyante. Ces images indépendantes livrent toutes une première émotion, puis nous absorbent dans les muets récits qu’elles suscitent.

EXPOSITION
Les règles de la vision
Luca Campigotto
Du 5 janvier 2016 au 26 février 2016
Institut Culturel Italien de Paris
50, rue de Varenne
75007 Paris
France
Tel. +33 (0)1 44 39 49 39
http://www.iicparigi.esteri.it

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