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Neil Folberg : « Je veux que mon public pense par lui-même. »

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Neil Folberg est né à San Francisco en 1950, mais il a vécu la plus grande partie de son enfance dans le Midwest. Il s’est intéressé à la photographie vers 1966 et peu de temps après il est devenu l’élève du célèbre photographe Ansel Adams, à l’âge de dix-sept ans. Folberg a poursuivi son éducation photographique à l’université de Berkeley, et a aussi bénéficié d’un cursus individualisé avec le photographe de paysages William Garnett, ce qui l’a conduit à une licence en études photographiques. Il s’est marié en 1975 et l’année suivante s’est installé à Jérusalem, où il a entrepris de photographier en couleur les déserts d’Israël, d’Égypte et de Jordanie, ce qui a donné naissance au livre In a Desert Land en 1987.

Folberg a été commissionné par Aperture pour faire un documentaire photo sur les synagogues de la diaspora juive dans le monde entier, ce qui a abouti au livre And I Shall Dwell Among Them. Ensuite, Neil Folberg est repassé au noir et blanc pour une série de ciels nocturnes dans les ruines du Moyen-Orient, où des images de paysages et de ciel sont assemblées par montage informatique. Le fruit de ce travail est le livre Celestial Nights : Visions of an Ancient Land, qui a obtenu le premier prix de photographie du New York Book Show en 2002. Puis Travels with Van Gogh and the Impressionists a été publié en 2005, et son dernier ouvrage, Serpent’s Chronicle, signe une évolution de l’intérêt de Folberg pour les mises en scène photographiques. Le travail de Folberg a été exposé dans des galeries du monde entier, et ses photographies figurent dans les collections du Los Angeles County Museum of Art, du Yale University Art Museum, de la bibliothèque nationale de Paris et du Israel Museum, entre autres.

Votre carrière de photographe est vaste et couronnée de succès. Qu’est-ce qui vous a poussé vers cette voie ? Comment s’est passée votre première expérience avec Ansel Adams ?

Ma première rencontre avec la photographie a eu lieu lorsque mon père m’a offert un appareil photo et m’a inscrit dans un cours au People’s Art Center à Saint Louis (qui n’existe plus aujourd’hui). J’étais très attiré par la photographie de paysages, surtout après avoir admiré le travail d’Ansel Adams à la George Eastman House. En fait, j’ai cherché l’adresse d’Ansel et je suis allé lui demander de me prendre comme apprenti. Il a été un très bon professeur, c’était une personne formidable, un homme chaleureux, charismatique et très drôle. Je pense que sa personnalité a contribué à son succès en tant qu’artiste. C’était impossible de ne pas apprécier sa compagnie, et il invitait facilement les gens chez lui.

Israël est un sujet récurrent dans votre travail, c’est aussi là que vous avez rencontré Aliyah, à vingt-six ans. Qu’est-ce qui vous a poussé à quitter la Californie pour vous y installer ?

Je cherchais un changement dynamisant, je commençais à trouver la Californie trop immuable. Je voulais me trouver dans un endroit chargé d’une résonance historique plus profonde. Quand nous sommes partis, nous prévoyions de n’y rester qu’un an, mais dans la vie tout ne se passe pas toujours comme prévu.

Dans votre livre Celestial Nights : Visions of an Ancient Land, votre inspiration est communiquée de manière poétique, mais qu’en est-il de votre méthode ?

Eh bien c’était un vrai défi d’essayer d’obtenir ce que je voulais, c’est-à-dire reproduire l’expérience d’une personne qui lève les yeux vers le ciel étoilé. Je voulais donner ce sentiment d’émerveillement et d’inspiration que nous communiquent les étoiles depuis la nuit des temps. Le problème, c’est que lorsqu’on prend une photo du ciel nocturne avec une exposition longue, les étoiles apparaissent sous forme de traînées, car elles changent de position au rythme de la rotation terrestre. Donc, pour les saisir à un moment précis, j’ai utilisé un appareil qui tournait dans la direction opposée à la rotation terrestre, afin de compenser exactement leur mouvement. Ensuite, pour avoir une image lisible du paysage, je devais prendre une autre photo, puis assembler les deux à l’aide des deux négatifs numériques, et enfin imprimer le résultat sur papier argentique.

Après avoir eu la chance d’explorer les deux médiums, quel est à votre avis le pivot de la relation entre la peinture impressionniste et la photographie ?

La photographie avait déjà été inventée du temps des Impressionnistes. Degas par exemple a beaucoup utilisé ce médium. Ces artistes appréciaient la photographie parce qu’elle représentait la promesse de réaliser ce qu’ils essayaient d’atteindre par la peinture : capturer de manière instantanée des instants passagers. Néanmoins, la technologie de l’époque n’était pas assez avancée pour le faire aussi bien que la peinture. La relation entre les deux est donc particulièrement importante.

Vous n’êtes pas seulement artiste, vous dirigez aussi une galerie. Comment faites-vous pour concilier ces deux activités ?

À vrai dire, la galerie est un accident. Mon père a ouvert une galerie de photographie à San Francisco peu après le début de ma carrière, et j’en ai hérité à son décès. Tout compte fait, je n’ai pas eu le choix, mais au final, j’ai fini par apprécier cette aventure, malgré les difficultés que cela suppose. Parfois je n’arrive pas à mener de front le travail de la galerie et mes propres projets, et je dois procéder de manière cyclique. Pendant un an je me consacre à mon travail, puis durant les six mois suivants je dédie tous mes efforts à la galerie.

Si vous n’étiez ni artiste, ni propriétaire de galerie, à quelle carrière rêveriez-vous ?

J’aurais peut-être aimé devenir réalisateur. Mais je crois que j’aime quand même mieux l’image fixe.

Avez-vous des préférences parmi vos photos, ou des images qui sont particulièrement chargées de sens pour vous ?

Si je devais choisir un projet, ce serait Celestial Nights. Je trouve que c’est mon travail le plus original et le plus beau.

Est-ce que vous travaillez à un nouveau projet en ce moment ?

Le problème, lorsqu’on est un artiste, c’est qu’on doit non seulement créer de l’art, mais aussi en faire la promotion. Récemment, je me suis surtout donné du mal pour faire connaître ma dernière série, Serpent’s Chronicle. Je viens de publier un livre chez Abbeville Press, et j’ai l’inauguration d’une exposition au Rubin Museum de Tel-Aviv ce dimanche (21 juillet 2013). Un peu plus tard cette année, j’ai des expositions qui s’ouvrent à Toronto et Paris. Après tout ça, j’espère pouvoir produire de nouvelles images.

Quand les gens regardent vos images, qu’espérez-vous qu’ils apprécient ?

Je veux qu’ils entrent dans la photographie et laissent parler leur imaginaire, s’émerveillent, explorent avec curiosité. Je veux qu’ils apportent leurs propres expériences, leur propre imagination, et qu’ils pensent par eux-mêmes.

Cet entretien fait partie d’une série d’interviews organisées par la Holden Luntz Gallery, située à Palm Beach en Floride.

Propos recueillis par Sara Tasini.

 

Holden Luntz Gallery
332 Worth Ave
Palm Beach, FL 33480
USA

http://www.holdenluntz.com/

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